Une étude du contenu
épistémologique de la science-fiction face à la science et aux techniques n'a pas à
remonter plus loin que la Révolution industrielle. Certes, la méthode scientifique est
plus vieille que la Révolution industrielle et l'astronomie inspira plusieurs écrivains
des Lumières, tels Voltaire ou Swedenborg, mais la puissance de la technique enrôlée
par la science n'apparaît vraiment dans la littérature qu'au début du dix-neuvième
siècle. (Que l'on songe aux ouvrages de Jonathan Swift, où les savants inspirent plutôt
le ridicule que le respect.) À l'inquiétude manifestée dans le Frankenstein or The
Modern Prometheus (1818) de Mary W. Shelley succède un triomphalisme scientiste dont
le jeune Jules Verne est un des premiers chantres (poussé dans le dos par son éditeur,
il est vrai). Il faut attendre les grandes guerres du vingtième siècle pour
qu'apparaissent les premiers symptômes d'un pessimisme durable engendré et renforcé par
les chocs successifs de la boucherie des tranchées et des gaz létaux, de la Dépression
et de Hiroshima. La méfiance suscitée par la science et les techniques mûrit durant les
années soixante et soixante-dix avec la "New Wave" et la science-fiction
française contestataire. Aujourd'hui, le désabusement est de mise dans les romans "cyberpunk",
consommant le divorce entre progrès scientifique et espoir d'un monde meilleur. Ainsi,
retracer de 1817 à 1986 les réactions des écrivains de science-fiction confrontés au
progrès technoscientifique permet de retrouver des échos de la transformation du rapport
populaire à la science et à la technique.
Par définition, un écrivain de science-fiction ne critiquera presque
jamais la science en tant que recherche de la vérité et investigation de la nature.
(Elle peut trahir ces nobles buts, mais ceux-ci sont rarement remis en question.) Depuis
les débuts, la critique a préféré viser l'usage des techniques, la façon de procéder
à des travaux scientifiques, l'emploi des découvertes scientifiques ou le choix de
certaines recherches.
Cependant, la science-fiction a prôné à l'occasion l'existence de limites au domaine
d'investigation de la science. Quelquefois, la limite est le fait de Dieu; quelquefois,
elle est dans la nature humaine.
Mary Wollstonecraft Shelley, fille d'une féministe célèbre, fut la
première à formuler un avertissement de ce type dans son histoire de Victor Frankenstein
et du monstre sans nom auquel il donna vie. Shelley, fille de philosophes réputés, ne
montre pas simplement la création se retournant contre son créateur, comme Isaac Asimov
et bien d'autres l'ont interprété. En fait, elle semble plutôt soutenir que le
créateur scientifique, à l'opposé de l'artiste, est responsable de sa création et de
ses effets, car ceux-ci sont inscrits dans les créations technoscientifiques alors que ce
n'est pas les cas des uvres artistiques. Là où l'artiste crée dans le monde des
idées, le savant crée dans le monde réel et porte une bien plus lourde responsabilité,
une responsabilité d'essence démiurgique qu'un humain n'est pas nécessairement en
mesure d'assumer pleinement. L'humain est borné par sa nature, qu'il ne peut pas
transcender.
Au sujet des chimistes contemporains, Shelley écrit ces mots qui montrent
sa conception de la spécificité des scientifiques, qui sont avant tout efficaces,
au sens propre, ou plutôt efficients:
The ancient teachers of this science, said he,
promised impossibilities, and performed nothing. The modern masters promise very
little; they know that metals cannot be transmuted, and that the elixir of life is a
chimera. But these philosophers, whose hands seem only made to dabble in dirt, and their
eyes to pore over the microscope or crucible, have indeed performed miracles. They
penetrate into the recesses of nature, and show how she works in her hiding places. They
ascend into the heavens: they have discovered how the blood circulates, and the nature of
the air we breathe. They have acquired new and almost unlimited powers; they can command
the thunders of heavens, mimic the earth quake, and even mock the invisible world with its
own shadows .
Cependant, Frankenstein, une fois qu'il a créé son monstre, se détourne de lui et
l'abandonne. Il ne lui enseigne rien, ne s'occupe pas de son éducation et, plus tard,
refuse de lui créer une compagne, la seule chose qu'il demande:
Do your duty towards me, and I will do mine towards you and the
rest of mankind.
I am thy creature, and I will be even mild and docile to my
natural lord and king, if thou wilt also perform thy part, the which thou owest me.
À la fin, Frankenstein se laisse émouvoir: [...] did I not, as
his maker, owe him all the portion of happiness that it was in my power to bestow?
Cependant, il s'en repentit et meurt en essayant de tuer sa créature . Il finira par dire au capitaine qui l'a recueilli: You seek for
knowledge and wisdom, as I once did; and I ardently hope that the gratification of your
wishes may not be a serpent to sting you, as mine had been.
Shelley décrit avant beaucoup d'autres le drame de l'irresponsabilité
scientifique. Le savant démiurge peut-il remplir tous les devoirs du créateur? En
créant quelque chose de tout à fait nouveau, il doit assumer certaines responsabilités
face à sa création pour éviter un choc en retour fatal.
Shelley voit loin et ne reflète pas nécessairement la pensée de son
époque. Certes, son cercle d'amis avait discuté du mythe de Prométhée. Son idée,
c'est d'avoir fait de Prométhée un créateur scientifique, à la croisée des fabricants d'homoncules ou
golems et des futurs bricoleurs d'automates ou de gènes. De cette façon, elle s'attaque
au cur même de l'idéologie scientifique dans un ouvrage de SF. Ici, c'est le but
même de l'expérience créer la vie qui apparaît trop lourd pour
l'expérimentateur dépassé . Ni la technique ni son usage ne sont mis en cause, c'est uniquement
l'impératif de savoir qui est questionné.
Après Shelley, l'idéal victorien du progrès et de la technique
triomphante infiltra la SF. Ce progrès est compris comme social par les libéraux, mais
il est parfois restreint à la constatation de la multiplication de la puissance humaine
par la science.
Ces deux facettes du progrès se retrouvent à des degrés divers chez
Jules Verne. Dans le diptyque De la Terre à la Lune / Autour de la Lune
(1864-1865), il livre un des premiers romans d'anticipation scientifique et il témoigne
d'une prescience troublante. Les seuls drames y découlent non d'une insuffisance de la
science mais d'une insuffisance de science. Les problèmes sont imputés, explicitement ou
non, à un défaut de réflexion scientifique. Ce n'est pas la procédure en soi qui est
critiquée, mais bien l'inaptitude des personnages à l'appliquer correctement. La science
apparaît comme un instrument puissant manié par des mains faillibles.
En fait, Verne ne fournit aucune explication systématique des erreurs et
oublis qui compliquent l'intrigue (mais facilitent la mise en place de passages de
vulgarisation scientifique). D'abord, les héros s'aperçoivent que les experts ont
calculé une vitesse initiale trop basse pour leur boulet. "La vitesse initiale
avait été, très heureusement, supérieure à la vitesse indiquée par l'Observatoire de
Cambridge, mais l'Observatoire de Cambridge ne s'en était pas moins trompée. " Cette erreur pourtant grave est escamotée sans autre forme
d'explication. Que ces astronomes aient négligé la friction atmosphérique doit être le
signe d'une faiblesse humaine d'une suffisance humaine et non d'une insuffisance
scientifique. De même, lorsque les deux passagers du boulet qui sont balisticiens ne
prévoient pas que leur trajectoire les ramène sur Terre, l'auteur ne justifie aucunement
cette étrange lacune . Enfin, Verne se montre tout aussi désinvolte lorsque ses personnages ne
se rendent pas compte que le boulet devait flotter: "Et c'était la vérité!
Tous, oui! tous ces savants avaient oublié cette loi fondamentale: c'est que par suite de
sa légèreté spécifique, le projectile, après avoir été entraîné par sa chute
jusqu'aux plus grandes profondeurs de l'Océan, avait dû naturellement revenir à la
surface! "
Si Verne ne remet pas la science en question, son attitude face à la
technologie proprement dite est franchement admiratrice, comme l'atteste ce passage
décrivant la fonte du canon:
"Non! l'homme seul avait créé ces vapeurs rougeâtres, ces
flammes gigantesques dignes d'un volcan, ces trépidations bruyantes semblables aux
secousses d'un tremblement de terre, ces mugissements rivaux des ouragans et des
tempêtes, et c'était sa main qui précipitait, dans un abîme creusé par elle, tout un
Niagara de métal en fusion. "
La popularité de ces deux ouvrages qui participèrent au lancement
de la carrière de l'auteur... en coup de canon prouve bien leur résonance
profonde avec l'esprit du temps.
Verne n'était pas un écrivain social. À la lutte des classes, en bon
libéral de 1848, il préférait la lutte des nationalités, surtout celles opprimées par
l'Empire britannique . Il détache donc des inventions comme le projectile lunaire et le
sous-marin de tout contexte social, même s'il souligne l'ampleur de l'effort financier
requis par la construction du canon lunaire et les effets socio-économiques sur la
contrée environnantes des dépenses de l'entreprise floridienne . Un de ses contes les
plus hardis montre bien son dédain des conséquences sociales d'inventions scientifiques.
Dans "Au XXIXe siècle La journée d'un journaliste américain en 2889",
un texte auquel Michel Verne aurait mis la main, on retrouve à peu de choses près la
société américaine de 1889. Aux progrès de la science et de la technique, Verne fait
correspondre un meilleur urbanisme , une extension de la longévité moyenne, portée de 37 à 68 (!) ans en
un millénaire et un remplacement des domestiques par des machines . Malgré tout cela, la société bourgeoise du XIXe siècle est
transplantée au XXIXe siècle sans un accroc. En cette année de l'Exposition universelle
de Paris, celle de la Tour Eiffel, Verne déborde d'optimisme: "Ils ont donné à
l'homme une puissance à peu près infinie, " écrit-il en parlant de deux inventions du futur. Ses autres
extrapolations relèvent du merveilleux pur en 1889, même prévues pour 2889; la plupart
ont été réalisées ou dépassées en 1989. Ce petit conte reflète parfaitement la
conviction du XIXe siècle que le progrès améliorerait naturellement la vie des classes
nanties sans l'affecter, ainsi que l'aveuglement des mêmes optimistes face à toute
conséquence néfaste .
Jules Verne est en fait plus réservé, voire plus nuancé, face au
progrès technique. Sa fascination pour la technique s'accompagne dès le début d'une
inquiétude certaine pour ce que les hommes en font. Cependant, tant le public d'alors que
la postérité ont préféré ses ouvrages plus optimistes. Dans la réalité, les
catastrophes annoncées par la fiction n'ont jamais le même impact, car l'habitude
atténue les désagréments du progrès le déclin du latin et du grec, prévu par
Verne, n'est aujourd'hui lamenté que par une infime minorité de classicistes. L'éditeur
de Verne, Hetzel, refusera donc Paris au XXe siècle en 1864 tandis que des romans
critiquant les scientifiques, comme Sans dessus dessous (1889), obtiendront très
peu de succès (un tirage de 8000 exemplaires du vivant de Jules Verne, contre 50000 pour Vingt
mille lieues sous les mers ou 37000 pour De la Terre à la Lune). Au
crépuscule de sa vie, l'auteur exprime ses vues les plus sombres dans des romans comme Maître
du monde (1904), où la technique est un instrument de domination, et une nouvelle
comme "L'Éternel Adam" (1905). Lorsque les personnages de ce dernier texte
célèbrent le génie humain: "On s'accorda sur ce point que l'humanité avait
atteint un niveau intellectuel inconnu avant notre époque et qui autorisait à croire à
sa victoire définitive sur la nature," c'est pour être magistralement contredits par un cataclysme global qui
enfonce tous les continents sous les mers et exhausse l'ancienne Atlantide. La
civilisation du troisième millénaire est anéantie en dépit de ses progrès
scientifiques.
Au tournant du siècle, un autre écrivain, plus jeune, H. G. Wells avait
d'ailleurs malmené l'association du progrès scientifique et du progrès social dans The
Time Machine (1895), tandis que toute la science des humains était impuissante contre
les envahisseurs martiens dans The War of the Worlds (1898). En fin de compte,
l'humanité était sauvée par ses microbes... De même, The Island of Dr. Moreau
(1896) remettait carrément en question la science et la légitimité d'un domaine
d'investigation sans limite: un homme avait-il le droit de façonner des bêtes pour en
faire des humanoïdes grâce à des techniques chirurgicales du dernier cri?
Faut-il associer ce recul instinctif et ces doutes au malaise qui régnait
dans la science d'alors, aux prises avec la "catastrophe ultraviolette", les
paradoxes de l'éther et la question des atomes? Faut-il y voir le contrecoup de la
dépression économique qui affecte le Canada, les États-Unis et d'autres pays
occidentaux durant les années 1890? Est-ce un effet d'une situation politique moins
riante, de l'expansionnisme allemand à l'affaire Dreyfus, de la Guerre des Boers à la
défaite de l'Espagne par les États-Unis et à celle de la Russe par le Japon? Ou est-ce
que la science a trop bien rempli ses promesses de puissance, menant même les plus obtus
à s'effrayer tout d'un coup de la puissance mise ainsi entre les mains de l'humanité?
À la fin incertaine du dix-neuvième siècle correspond un vingtième
siècle dont les premières années sont marquéess par une fantastique révolution
scientifique. Einstein se retrouve au centre du processus de remplacement de quatre
paradigmes. La relativité des mesures, la nature de la lumière, la nature de la gravité
et le déterminisme atomique sont à jamais changés par ses travaux et constituent à
terme les bases de deux visions du monde contradictoires mais complémentaires: la vision
du monde de la mécanique des quanta et celle de la relativité générale. Le temps
devient une dimension indissociable de l'espace, qquoique différente des dimensions
spatiales, et la matière peut maintenant être convertie en énergie et
vice-versa. Le hasard fait désormais partie de la physique et le vieil univers mécaniste
n'est plus.
L'explosion d'une bombe atomique à Los Alamogordos en 1945 marque sur le
plan symbolique le point culminant de ces révolutions, dorénavant irréfutables. En
même temps, l'astronomie a multiplié la taille de l'Univers tandis que le cinéma,
l'auto, l'avion et la radio ont été successivement inventés et diffusés avec une
rapidité effarante.
Les conséquences sont multiples. De tels progrès ne peuvent qu'enflammer
les espoirs des uns et renforcer l'optimisme foncier hérité du dix-neuvième siècle.
Mais la Dépression et les deux guerres mondiales marquées par l'emploi d'armes scientifiques
(les gaz, les fusées, la bombe atomique) stimulent le pessimisme des autres.
Les États-Unis, relativement épargnés par les calamités de la
Première Guerre mondiale, se rangent du côté de l'optimisme technologique. Pendant ce
temps, dans la science-fiction européenne, un mouvement dont Wells est la figure de proue
continuera à chercher des voies de sortie permettant de préserver une société digne de
ce nom dans le contexte d'une technique déréglée.
Aux États-Unis, même si des histoires de fin du monde commencent à
paraître, c'est l'enthousiasme incarné par l'Exposition universelle de 1939 à New York
qui prédomine. Un amateur de SF de l'époque commentera rétrospectivement:
"L'énergie atomique... combien de fois des histoires avaient-elles
montré quel monde merveilleux et prospère serait celui où l'on pourrait extraire de
l'atome sa puissance infinie! L'électricité serait virtuellement gratuite et
inépuisable. On pourrait reconstruire le monde et, avec cette énergie, éliminer la
pauvreté, faire du monde une Utopie, et enfin grimper jusqu'aux étoiles."
Après Hiroshima, le ton change. Après les Nazis, comment faire confiance
à des humains tentés par l'omnipotence nucléaire? Les histoires de guerre nucléaire
prolifèrent . C'est l'emploi de la science qui est désormais critiqué, mais l'accent
est mis quand même sur la responsabilité du technicien. Ainsi, dans un space-opéra de
bon niveau paru en 1947, l'inventeur d'une arme terrible laisse l'avertissement suivant à
ses héritiers:
"N'utilisez jamais le disrupteur dans un but de conquête ou de
rivalités mesquines, mais seulement si la liberté de la Galaxie est menacée.
Le pouvoir que je laisse entre vos mains peut la détruire tout entière."
On ne saurait être plus clair: il n'y a qu'à remplacer
"disrupteur" par "bombe atomique" et "Galaxie" par
"Terre" pour comprendre. Ainsi, la SF des années 40 et 50 n'hésitera pas à
s'en prendre à l'usage des techniques et à l'emploi des découvertes scientifiques. Un
ouvrage typique de cette période, même si on a tendance à le mettre à part, est le
célèbre 1984 de George Orwell. En 1984, il y a eu des progrès techniques: les
super-cuirassés, les télécrans, l'aéronautique... Mais le vrai futur, c'est la guerre
et la misère.
Le savant reprend les traits de Victor Frankenstein, le savant imprudent,
voire égaré, par excellence.
Donald A. Wollheim décrit ainsi la génération de l'après-guerre:
"C'est aussi une génération qui a grandi dans le monde de
science-fiction d'aujourd'hui. Elle a été accoutumée à un décor de guerre atomique.
Il y a des tas de nouvelles et des tas de romans sur le monde post-atomique. Il y a eu de
même des tas d'histoires sur la guerre atomique elle-même."
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que ce soit vers cette époque que
Marcuse et Habermas commencent à écrire. Mais c'est de 1957 que date le vol de Spoutnik
dans l'espace, qui aura, dans l'Occident abreuvé de science-fiction, un retentissement
que n'attendaient nullement les dirigeants russes. Lorsque la génération du Baby Boom
atteindra l'âge adulte, aux États-Unis comme en France, la science-fiction connaîtra
son propre boom, favorisée par l'essor des techniques, et verra s'amplifier ses tendances
divergentes.
D'une part, on trouve chez James Blish des observations lucides sur la
méthode scientifique:
Remember, Bliss, that scientific method is not a natural law. It
doesn't exist in nature, but only in our heads; in short, it's a way of thinking about
thingsa way of sifting evidence. It was bound to become obsolescent sooner or later,
just as sorites and paradigms and syllogisms became obsolete before it. Scientific method
works fine while there are thousands of obvious facts lying about for the
takingfacts as obvious and measurable as how fast a stone falls, or what the order
of the colors is in a rainbow. But the more subtle the facts to be discovered
becomethe more they retreat into the realms of the invisible, the intangible, the
unweighable, the submicroscopic, the abstractthe more expensive and time-consuming
it is to investigate them by scientific method.
Blish en tire d'ailleurs une conséquence: à mesure que le gouvernement
deviendra seul capable d'assumer les coûts de la recherche, la recherche scientifique
courra le risque de la stérilisation par surcroît de bureaucratie . Même si le roman ainsi amorcé dans le doute a pour conclusion la
découverte du voyage interstellaire par l'humanité, la tétralogie de Cities in
Flight (1952-1958) se termine sur la mort du temps, un cataclysme réellement
universel que toutes les connaissances humaines sont impuissantes à retarder d'une
femtoseconde.
La science, chez Blish, paraît bien éphémère et les humains plutôt
insignifiants. Il remet en question la valeur de la science d'abord en la replaçant dans
un cadre historique afin d'en montrer les limites. Mais l'épitaphe de l'humanité, "We
did not have the time to learn everything that we wanted to know", est
plus positive au sens propre. Au-delà de la mort de l'Univers, Blish entérine les buts
de la science.
L'optimisme et le volontarisme sont véritablement inextinguibles chez des
auteurs comme Robert Heinlein. Dans Le Vagabond de l'espace (1958), la Terre est
menacée d'une translation dans un hyperespace sans soleils. Le jeune héros s'écrie:
"Allez-y... Arrachez-nous notre étoile! Vous êtes capables de le faire si vous en
avez les moyenset je suis persuadé que vous les avez. Ne vous gênez pas! Nous en
créerons une autre! " Mais en ces bouillonnantes années 60, Heinlein était un écrivain
vieillissant. Les sciences dures étaient assiégées de tout côté et la SF était prise
d'assaut par des auteurs comme Michael Moorcock, qui décrit en 1968 des parties de catch
où les spectateurs se masturbent en public, et Samuel R. Delany, qui dépeint dans Dhalgren
(1974) une cité en décomposition, au-delà des lois de la nature.
Une partie de la SF évacue donc la science comme facteur déterminant de
l'évolution socio-historique tandis qu'une partie de la SF évacue en grande partie les
problèmes sociaux. À la SF de la New Wave qui s'en prend à la pollution et
cherche les failles de l'armure de la science répond une SF pure et dure. Les auteurs
emblématiques de cette dernière soutiennent que la science peut résoudre les problèmes
causés par la science, à condition de ne jamais oublier que la science n'est pas une
connaissance totale mais un processus d'apprentissage, mais ces auteurs s'intéressent
avant tout à la spéculation technoscientifique. Larry Niven est de ceux-là. Son roman Ringworld
(1970) est en partie un discours sur la surpopulation. Malgré une panoplie de merveilles
scientifiques, la Terre du futur a dû imposer un strict contrôle des naissances pour
maintenir la population à dix-huit milliards de personnes. Néanmoins, le ciel est bleu,
l'herbe est verte et le bonheur semble régner. Par contre, une race extra-terrestre dont
la population atteint le billion d'individus a dû coloniser plusieurs planètes avant de
les éloigner de leur soleil pour les refroidir. Une autre race inconnue a construit un
monde artificiel doté d'une superficie égale à celle de trois millions de planètes
semblables à la Terre . Le message est clair: il n'y a pas de problème si grave que la science
ne peut contribuer à le résoudre.
En France, durant ces mêmes années, c'est l'apogée de la contestation
des systèmes, comme dans Naissez, nous ferons le reste. Mais le discours sur la technoscience occupe en fin de compte une place
extrêmement réduite; la technique et la science sont entièrement asservies aux forces
sociales. Il faut donc retourner en Amérique du Nord pour trouver une tentative sérieuse
de traiter de la science et de ses liens avec la société. Dans Les Dépossédés
(1974), Ursula K. LeGuin signe l'histoire d'un savant qui est aussi un socialiste, au sens
large du mot. Face à la science terrestre, il a cette réaction révélatrice:
"Même Ainsetain [Einstein], l'auteur de cette théorie, s'était
senti obligé de prévenir que sa physique ne renfermait d'autre mode que le mode physique
et ne devait pas être considéré comme impliquant une métaphysique, une philosophie ou
une éthique. Ce qui, bien sûr, était superficiellement vrai; et pourtant il avait
utilisé, le nombre, ce pont entre le rationnel et ce qu'on perçoit, entre psyché
et matière, "Nombre l'Indiscutable", comme l'avaient appelé les anciens
fondateurs de la Science Noble. Employer les mathématiques dans ce sens, c'était
employer le mode qui précédait et conduisait à tous les autres modes. Ainsetain avait
su cela; il avait admis avec une prudence touchante qu'il croyait que sa physique
décrivait vraiment la réalité."
LeGuin critique donc la séparation de la science et du social, blâmant
l'excès d'objectivité, examinant le problème par le bout opposé de la lorgnette. Au
lieu de poser que la science est nécessairement néfaste pour la stabilité d'une
société, elle propose qu'elle pourrait lui être bénéfique si elle était
convenablement intégrée. Par contre, une société qui ne retiendrait que les aspects
techniques d'un savoir tout en ignorant l'idéologie sous-jacente devrait s'attendre à de
mauvaises surprises. Si elle attaque ailleurs dans le roman le mauvais emploi des
découvertes technoscientifiques , elle plaide en fait pour une adaptation mutuelle de la science et de la
société. Face aux progrès de la connaissance, le choix n'est pas d'exploiter ses fruits
ou de les ignorer, mais bien d'intégrer les enseignements de la science ou se condamner
à mal appréhender (au propre comme au figuré) le monde qui nous entoure.
Hors du champ spécialisé de la science-fiction, l'anticipation a
également permis à une auteure comme Doris Lessing d'articuler un discours critique des
procédures scientifiques. Dans la série de Canopus in Argo, Lessing rappelle
comment, durant la Seconde Guerre mondiale, les Nazis avaient soumis des prisonniers dans
les camps de concentration à des expériences de l'endurance au froid ou aux basses
pressions, les testant jusqu'à ce que mort s'ensuive. Pourtant, le but même de ces
expériences était parfaitement défendable puisqu'elles avaient pour but d'épargner à
terme des vies humaines. Des recherches se poursuivent toujours dans ce domaine,
d'ailleurs, sans bien sûr sacrifier de vies humaines pour explorer jusqu'au bout les
capacités du corps humain. Les expériences nazies violaient une condition tacitement
admise de l'investigation scientifique: la science doit procéder sans coûter sciemment
la vie à quiconque contre son gré.
Or, si on suit la logique articulée par le Vulcain Spock dans les scènes
finales de Star Trek: The Wrath of Khan, qu'importe une seule vie si elle permet
d'en sauver plusieurs? C'est cette logique inhumaine autant que les expériences
scientifiques des Nazis (qui tenaient surtout les vies de "sous-hommes" juifs,
polonais ou russes incarcérés dans les camps pour quantités négligeables) que critique
Doris Lessing et, par extension, toute l'idéologie utilitariste des certains
scientifiques trop enclins à croire qu'une vie librement consentie n'est pas trop cher
payer pour faire avancer la science. Les "martyrs de la science", de Galilée à
Marie Curie, ne conservent-ils pas un rayonnement indiscutable? Sans rejeter la science en
bloc, la critique de Lessing était donc particulièrement radicale.
Cependant, les années 60 et 70 ont vu s'épanouir un phénomène de rejet
de la rationalité qui n'était pas loin du refus en bloc de toute science. En fait, la
vogue de l'astrologie, des religions orientales et des maîtres à penser de sciences
éminemment malléables était sans doute plus proche de l'état d'esprit de la majorité
de la population que les uvres de SF les plus caustiques et les plus à la page.
Dans le champ littéraire, ceci s'est traduit par l'enthousiasme sans cesse grandissant
pour la fantasy, le fantastique épique ou héroïque, à mi-chemin entre Conan et
le conte de fées, entre Kafka et J. R. R. Tolkien. Ces dernières années, les ouvrages
de fantasy sont devenus aussi nombreux que les ouvrages de science-fiction sur les
étagères et, aux États-Unis, ils ont essentiellement supplanté la science-fiction
d'origine non-médiatique dans les palmarès des meilleures ventes.
Même s'il faut bien la distinguer de la science-fiction proprement dite,
la fantasy partage avec la SF le même lectorat et le même goût pour les décors
exotiques. Dans bien des cas, elle peut apparaître comme la forme que prendrait la SF en
l'absence de tout contenu scientifique.
La contestation strictement socio-politique s'est essoufflée dès la fin
des années 70. En France, la nouvelle frontière de la SF a été défrichée par des
passionnés du style, de l'écriture, du raffinement littéraire, de l'art pour l'art...
tandis que perduraient en face des romans d'action bête et méchante, gonflée aux
stéroïdes anabolisants. Aux États-Unis, les années 80 ont confirmé le divorce
définitif du progrès et de l'avancement des connaissances. Le progrès scientifique a
cessé d'avoir pour phénomène concomitant le progrès des conditions de vie.
La notion que la science en marche s'accompagnerait naturellement d'une
amélioration générale de la vie pour tous est désormais foncièrement étrangère à
la nouvelle génération d'auteurs. Il n'y a plus de lien communément admis entre la
sophistication des techniques et la moralité d'une société. Si l'intelligentsia
occidentale avait réussi à présenter le cas de l'Allemagne nazie comme une aberration,
la mise à nu des maux (racisme, impérialisme, pauvreté) des pays les plus avancés
techniquement a fini par produire son effet. Cela se constate dans des romans comme Count
Zero (1986) où la technique, sinon la science, a progressé dans toutes les
directions sans que la société avance d'un pas vers l'utopie.
Le premier roman de William Gibson présentait d'ailleurs la même
combinaison d'une technologie de pointe et d'un monde peu accueillant:
"Now he slept in the cheapest coffins, the ones nearest the port,
beneath the quartz-halogen floods that lit the docks all night like vast stages, where you
couldn't see the lights of Tokyo for the glare of the television sky, not even the
towering holograms of the Fuji Electric Company, and Tokyo Bay was a black expanse where
gulls wheeled above drifting shoals of white styrofoam. Behind the port lay the city,
factory domes dominated by the vast cubes of corporate arcologies. Fort and city were
divided by a narrow borderland of older streets, an area with no official name. Night
City, with Ninsei its heart. By day, the bars down Ninsei were shuttered and featureless,
the neon dead, the holograms inert, waiting, under the poisoned silver sky."
Là où un Jules Verne s'intéressait avant tout à la technique en
prenant pour acquis qu'une société future jouirait de plus de conforts, de transports
plus rapides et de communications plus efficaces, les auteurs de SF des années 60 et 70
avaient insisté sur des conséquences indésirables du progrès, comme la pollution et la
surpopulation. Afin d'échapper aux dichotomies trop tranchées dans un monde visiblement
façonné par la technoscience, les auteurs modernes ont opté pour une attitude plus
nuancée: les découvertes de la science peuvent bel et bien bouleverser une société,
mais le progrès des connaissances nous en dit plus sur le monde in esse que sur ce
que nous ferons de ces connaissances. La culture détermine si les applications des
nouveaux savoirs seront bénéfiques ou maléfiques. Si la science peut être au service
de criminels, son emploi ne fait qu'illuminer les profondeurs de la nature humaine. Elle
est un instrument et la méthode scientifique elle-même n'est plus considérée comme
transcendant son champ d'application.
Si la SF n'a pas toujours épousé avec une parfaite fidélité les
changements d'attitude face à la science et aux techniques, la SF a reflété toutes les
époques successivement, ne fût-ce que dans des livres isolés. Il faut d'ailleurs se
garder de chercher à tout prix une cohérence dans les opinions exprimées par les
écrivains: leurs carrières peuvent être longues et leurs livres se contredire à
l'occasion. Si un Heinlein ne renonce jamais à une forme de volontarisme, un Verne ou un
Blish percevra les frontières de la toute-puissance scientifique. Néanmoins, la SF a
suivi en gros l'évolution des idées. À l'époque de Shelley, toutes les peurs ainsi que tous les espoirs étaient permis, même si on n'imagine pas à
quel point la technique peut changer le monde. Quand Mary Shelley imagine en 1826 le XXIXe
siècle, elle parle de chemins de fer et de dirigeables...
Certains des rêves les plus fous des visionnaires du XVIIIe siècle se
réalisent durant la vie de Jules Verne qui, impatient, tentera de soulever le rideau de
l'avenir sans chercher les chausse-trappes. Au temps de Wells, qui vit au cur du
capitalisme mondial, les théories marxistes ont fait leur chemin et le soupçon naît que
la science-fiction n'est peut-être pas intrinsèquement bénéfique. Le vingtième
siècle, une fois la Première Guerre mondiale, est salué par une explosion d'optimisme
aux États-Unis. Des écrivains comme Edmond Hamilton conserveront longtemps leur foi en
l'avenir interstellaire de l'humanité . Mais la science est souillée au contact des champs de batailles et
autres holocaustes des grandes guerres. Si certains gardent la foi, nombreux sont ceux qui
s'interrogent sur l'avenir de l'homo faber. Un nombre croissant de lecteurs se
détournent de la SF, lui préférant le para-rationnel de la fantasy. Au Québec,
un produit de cette ère du doute systématique, l'auteur Louis-Philippe Hébert mettra en
scène dans La Manufacture de machines (1976) une "cage" libératrice qui peut servir de métaphore pour la science envahissante des années 60,
dans le contexte des idées de Marcuse et Habermas, en remontant aux conceptions
heideggériennes.
De nos jours, Tchernobyl n'a pu qu'encourager les amateurs de fantasy
à chercher des rappels d'un monde moins dompté par la technique, mais la SF pure garde
des adeptes. Lorsque Gibson publie Neuromancer, il suggère que tant que
subsisteront la malice et la stupidité, les humains abuseront des techniques. Bref, le
cheminement littéraire de la science-fiction suit de près les transformations
épistémologiques du rapport à la science et aux techniques des sociétés occidentales.
Ayant fait l'éloge de la science comme un mode de connaissance révolutionnaire de par
son efficacité, la SF du dix-neuvième siècle, de Shelley à Wells, lui a fixé comme
limites celles qui séparent l'acte licite du sacrilège, du blasphème. La
toute-puissance de la science appliquée est alors apparue comme son trait le plus
frappant et elle a inspiré une SF dont les héros étaient des ingénieurs, de Verne à
Heinlein. On a ensuite découvert que cette puissance même, appliquée à des fins
indignes, était aussi effrayante que ses prodiges étaient miraculeux, obligeant
l'humanité à envisager pour la première fois une fin du monde laïque, résultant de
l'emploi des inventions du génie humain. Les effets secondaires de cette puissance même
de la science ont enfin accaparé l'attention d'une génération entière d'auteurs
soucieux d'écologie. Le rejet de la science sous toutes ses formes a culminé avec la
négation totale de la connaissance rationnelle dans le cadre de la fantasy, où
tout est objet de désir et non fruit du raisonnement...
Cependant, une nouvelle génération de pragmatistes a constaté que
l'application de la science à des fins destructrices est le fait d'esprits destructeurs
et que la science peut résoudre les problèmes qu'elle cause par inadvertance si des
esprits de bonne volonté se mettent au travail. Le résultat a été un haussement
d'épaules qui reléguait tacitement la technoscience au rang d'intermédiaire entre les
pulsions humaines et le monde, assignant la priorité explicative aux choix individuels
dans un contexte social donné. En un mot, pour le meilleur ou pour le pire, la science
dans la science-fiction a été instrumentalisée.
(Ottawa, mai 1989; Montréal, juillet 1999)
L'abréviation SF sera utilisée pour
éviter la répétition lassante de "science-fiction".
Mary W. Shelley, Frankenstein or The Modern Prometheus
(London: Oxford University Press, 1969), pp. 47-48. Elle fait allusion aux travaux de
savants tels Van Leeuwenhoek, Vésale, Harvey, Lavoisier, Cavendish, Davy, Montgolfier
(frères), Franklin et plusieurs autres.
Ibid., p. 99.
Ibid., p. 100.
Ibid., p. 146.
Ibid., p. 196.
Ibid., p. 30.
Ibid., pp. xiv-xv. Les trois (Percy Shelley, Mary Shelley, Lord
Byron) auraient peut-être discuté du livre The Moralists (1709), de Shaftesbury,
où on retrouve un paragraphe fort intéressant: "We have a strange Fancy to be
Creators, a violent Desire at least to know the Knack or Secret by which Nature does all.
The rest of our Philosophers only aim at that in Speculation, which our Alchymists aspire
to in Practice. For with some of these it has been actually under deliberation how to make
Man, by other Mediums than Nature has hitherto provided." (Ibid., pp.
228-229.)
En 1816, lorsque Mary Shelley commence à composer Frankenstein,
elle a déjà eu une fille mort-née et un fils. Avec son mari, elle mène une vie agitée
et sa conduite paraît scandaleuse à certains en Angleterre. Le livre pourrait devoir
quelque chose à ses interrogations quant aux devoirs d'une mère.
Jules Verne, De la Terre à la Lune / Autour de la Lune (Paris:
Hachette, 1978), pp. 269-270.
Ibid., pp. 414-415.
Ibid., p. 438.
Ibid., p. 118.
Voir Mathias Sandorf, par exemple. Il écrit aussi sur l'Irlande et
le Québec occupés.
Ibid., pp. 107-109, 122-15.
Jules Verne, "Au XXIXe siècle La journée d'un journaliste
américain en 2889", in Hier et Demain (Paris: Librairie Hachette, 1967), p.
188.
Ibid., p. 192.
Ibid., pp. 194, 204.
Ibid., p. 189.
Pourtant, la pollution dûe à l'emploi du charbon est déjà une
conséquence observable de l'industrialisation à l'époque de Verne.
Jules Verne, "L'Éternel Adam", in Hier et Demain (Paris:
Librairie Hachette, 1967), p. 234.
Donald A. Wollheim, Les faiseurs d'univers (Paris: Éditions Robert
Laffont, 1974), p. 14. Notons que Wollheim est le représentant d'une gauche américaine
éclairée et ouverte au monde, qui a participé à la mise sur pied du New Deal.
On se souviendra, en traduction française, du roman Le lendemain de la
machine de Francis G. Rayer, un échantillon de cette littérature post-apocalyptique,
publié en 1951.
Edmond Hamilton, Les rois des étoiles (Paris: Éditions J'ai Lu,
1972), p. 249.
Wollheim, p. 104.
James Blish, Cities in Flight (New York: Avon, 1970), p. 15.
Ibid., p. 16.
Ibid., p. 596.
Robert Anson Heinlein, Le Vagabond de l'espace (Paris: Presses
Pocket, 1983), p. 231.
Voir: Michael Moorcock, Jerry Cornelius: Le programme final (Paris:
Jean-Claude Lattès, 1980), p. 147. Voir aussi: Samuel R. Delany, Dhalgren (New
York: Bantam Books, 1979). Il s'agit d'éditions tardives.
Larry Niven, Ringworld (New York: Holt, Rhinehart and Winston,
1977), pp. 27-29, 67-72, 80-81.
Patrice Duvic, Naissez, nous ferons le reste (Paris: Presses Pocket,
1979). L'auteur y critique la société de consommation.
Ursula K. LeGuin, Les Dépossédés (Paris: Presses Pocket, 1983),
pp. 253-254.
Ibid., pp. 132-135.
William Gibson, Neuromancer (New York: Ace, 1984), pp. 6-7.
Si Mary Shelley a imaginé la création de la vie en laboratoire, elle a
aussi signé le récit de la disparition de l'humanité causée par une peste galopante.
Voir: Mary Shelley, The Last Man (London: The Hogarth Press, 1985).
Voir: Edmond Hamilton, Le Retour aux étoiles (Paris: Éditions J'ai
Lu, 1973). Ce space-opéra tardif a été écrit quelques années avant la mort de
l'auteur.
Louis-Philippe Hébert, La Manufacture de machines (Montréal: Les
Éditions Quinze, 1976), p. 137.
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