Il est l'auteur comblé de deux romans parus chez Pocket jeunesse dans la série « La Saga de Darren Shan » : La Parade des monstres et L'Assistant du vampire.
L'histoire :
Darren Shan est un garçon heureux avec ses parents et sa petite sœur Annie, « plutôt cool ». Il a de bons copains, dont Steve, le garçon le plus turbulent de l'école ; il aime jouer au foot et il est fasciné par les araignées. Un jour, il assiste avec son ami Steve à une représentation du Cirque des Horreurs, de passage dans sa ville. Cela change sa vie à jamais. Il lui semble reconnaître un vampire parmi les monstres qui défilent. Après le spectacle, Steve supplie monsieur Krapula de le prendre comme assistant. Mais ce dernier refuse en lui disant qu'il a l'instinct d'un tueur et que son sang a le goût du mal.
Quelques jours plus tard, Darren se rend au cirque un matin de bonne heure, vole l'araignée savante de monsieur Krapula et apprend à la dresser et à la contrôler. Lorsque Steve vient lui rend visite, l'araignée pique le garçon qui tombe dans le coma et est hospitalisé. Pour sauver son ami, Darren accepte de devenir l'assistant du vampire si celui-ci guérit Steve. Enfin, Darren Shan et monsieur Krapula simulent la mort de Darren de façon à ce que celui-ci puisse quitter sa famille. Steve, qui a compris la mise en scène, dépité et se sentant trahi, promet de se venger ...
Le début :
Le premier volume, La Parade des monstres, commence ainsi : « Un dernier détail : je ne m'appelle pas vraiment Darren Shan. Tout est authentique dans ce livre, sauf les noms. J'ai dû les changer, parce que ... oh, en arrivant à la fin, vous comprendrez. Je n'ai pas utilisé un seul vrai nom ; ni le mien, ni celui de ma sœur, ni ceux de mes amis ou de mes professeurs. Personne. Je ne vous révèle même pas le nom de ma ville. Je n'ose pas. »
L'interview :
Un matin de novembre 2001, je me dirigeai vers l'un des « agitateurs culturels ! » bien connu sur la place de Paris, où j'avais rendez-vous avec un certain Darren Shan ( site personnel), écrivain irlandais, à présent très apprécié des lecteurs français pour ses deux romans déjà publiés en France. Bien qu'il fût à peu près midi, le ciel était bas et sombre. Ceci a son importance et renforçait le sentiment d'inquiétude qui m'habitait car — c'est écrit dans ses livres, donc ça doit être vrai ! — Darren Shan est un demi-vampire !
J'avais emporté avec moi, outre le stylo pour l'interview, une fiole d'eau bénite, le crucifix de ma grand-mère, le chapelet de gousses d'ail de mon grand-oncle, un pieu en bois taillé en pointe... bref, l'attirail complet de la reporter-chasseuse de vampires organisée et prudente ! En arrivant sur le stand, je trouvai en fait, trônant au milieu d'une pile de livres et d'araignées impressionnantes (mais en plastique à y bien regarder !) un sémillant jeune homme de vingt-neuf ans, au teint frais, au sourire engageant, vêtu d'une chemise à carreaux digne d'un solide bûcheron canadien. Rassurée, je lui tendis une main ferme, « I am very happy to meet you today ! » Mais pratiquant un anglais un peu ancien, je m'en remis tout de même aux bons soins de l'interprète.
- CG : Vous dites, Darren, à la page 9 du premier roman, que tout ce que vous allez raconter est vrai. Est-ce pour renforcer le côté noir de l'histoire ou parce que vous êtes vraiment un vampire ?
- Darren Shan : (esquissant un demi-sourire) : Il y a deux réponses à cela. La première, évidente, est que bien sûr, je ne suis ni un vampire ni un demi-vampire. Je ne m'attends pas à ce que les lecteurs croient que j'ai survécu à tous les tourments que le Darren de mes livres a dû endurer, ou que le Cirque des Horreurs est réel, ou enfin que les vampires existent. Mes livres sont bien sûr de la fiction, et l'utilisation de la première personne dans le récit est un choix réfléchi pour renforcer le côté fort et dramatique de l'histoire et l'implication du lecteur. Cependant, il y a une logique interne dans les livres qui deviendra évidente à la fin de la série. Patience ... Mais si vous pouvez mettre de côté votre rationalité et croire aux vampires et aux monstres du cirque, alors oui, cette histoire pourrait être vraie. Vous comprendrez mieux ce que je veux dire à la fin du tout dernier livre.
- CG : Justement, combien avez-vous prévu de livres au total ?
- DS : Lorsque j'ai commencé l'écriture du premier roman, je ne le savais pas exactement. Je pense aujourd'hui qu'il y en aura une vingtaine au total. J'en ai déjà écrit dix. Cinq sont déjà parus en Angleterre et le sixième vient de sortir ce mois-ci. En France, seuls les deux premiers sont disponibles et le troisième, Les Egouts du diable, doit sortir en mars prochain.
- CG : Vous connaissez déjà la fin du vingtième volume ?
- DS : Oui, bien sûr. Mais je ne vous la révèlerai pas !
- CG : Comment vous est venue l'idée de cette série ?
- DS : J'ai toujours été passionné par la littérature fantastique et, notamment, par les vampires. Mais je ne voulais pas écrire une histoire classique de vampires comme on en voit tant. Dans mes livres, les vampires sont comme les guerriers d'antan, les chevaliers ou les samouraïs, ils répondent à un code d'honneur très strict et ne sont pas voués au mal. Ils boivent du sang humain, non par plaisir, par sadisme ou par cruauté. Ils le font uniquement par nécessité. C'est pour eux une question de vie ou de mort.
- CG : A cet égard, la scène au cours de laquelle Steve demande à monsieur Krapula de l'accepter comme assistant est significative. Ce dernier refuse parce que Steve, l'humain, est mauvais : « Parce que les vampires ne sont pas des assassins. Nous respectons la vie. Nous avons besoin que nos proies soient vivantes pour sucer leur sang. Toi, tu as l'instinct d'un tueur. Nous ne sommes pas des tueurs. » (p. 101 de La Parade des Monstres)
- DS : Exactement. Ce qui m'intéresse, c'est d'interroger sur la monstruosité. Qui est le plus monstrueux, entre le vampire et l'humain ? D'autre part, j'ai toujours adoré le film Freaks 1 et c'est cela qui m'a donné l'idée de situer les deux premiers épisodes dans un Cirque des Horreurs. Mais, plus tard, nous nous intéresserons beaucoup plus au monde des vampires. Il faudra attendre la parution des tomes 4, 5 et 6 pour en savoir plus sur cet univers, ses règles et les êtres qui le composent.
- CG : Dans les remerciements exprimés au début du premier volume, vous évoquez les élèves d'Askeaton Primary School qui vous ont aidé à rendre le livre aussi noir et inquiétant que possible. Pouvez-vous expliquer cela ?
- DS : Lorsque j'ai écrit le premier livre, j'ignorais quelles seraient les réactions des lecteurs. Ma mère enseigne dans cette école. J'ai donc fait quelques copies du manuscrit et les lui ai confiées afin qu'elle les donne à ses élèves. Leurs réactions ont été très bonnes dans l'ensemble, mais j'ai tenu compte de leurs remarques pour améliorer l'ensemble.
- CG : A quel public destinez-vous « La Saga de Darren Shan » ?
- DS : Au départ, j'imaginais des enfants de 11 ans environ. Mais je m'aperçois que le public est plus large que cela. Les idées que j'exprime sur les monstres et les vampires intéressent aussi des lecteurs plus âgés. L'écriture accessible des livres en permet la lecture pour des enfants plus jeunes aussi. Pour moi, un bon livre est un livre qui exprime des idées complexes mais écrit dans un langage très accessible.
- CG : Est-ce que vous lisiez vous aussi des livres fantastiques lorsque vous étiez enfant ou adolescent ?
- DS : Oui, j'adorais l'horreur et le fantastique. Mais j'aimais et j'aime toujours d'autres livres, comme Le Jardin secret, de F.H. Burnett, ou tous les livres de Roald Dahl ou Le Club des Cinq, d'Enid Blyton. A présent, je continue à lire de la littérature d'horreur ou de fantasy, mais j'apprécie aussi les grands écrivains américains comme Hemingway, James Elroy ou Steinbeck.
- CG : Ecrivez-vous aussi des livres pour adultes ?
- DS : Oui, j'ai écrit en tout dix-sept livres pour adultes dont certains n'ont jamais été publiés. Deux sont parus sous mon vrai nom, Darren 0'Shaughnessy : Ayuamarca et Hell'Horizon. Il s'agit d'histoires très noires, avec un mélange de genres, qui n'ont pas été traduites à l'étranger. Mais le véritable succès est venu avec Darren Shan, qui est ma première expérience de livres destinés à des enfants et à des adolescents. Ce succès nuit actuellement au processus d'écriture. Comme je voyage beaucoup pour en faire la promotion, j'ai aujourd'hui moins de temps pour écrire. Heureusement que j'ai déjà écrit les dix premiers livres de Darren Shan !
- CG : L'un des intérêts de vos livres, c'est la façon dont vous emmêlez le vrai et le faux. Le héros est présenté comme ayant vraiment vécu cette histoire. Les monstres sont annoncés comme vrais. Les plus méchants ne sont pas ceux que l'on pense.
- DS : Oui, cela est important pour moi. Un livre doit distraire mais aussi faire réfléchir. Steve, l'ami de Darren, qui se sent trahi parce qu'il a été repoussé par Krapula reviendra d'ailleurs dans le 8ème volume dont l'action se déroule quatorze ans après. Prendra-t-il le chemin du mal ou celui du bien ? Réalisera-t-il sa vengeance ? Je le sais mais je ne vous le dirai pas...
- CG : Quel accueil les livres ont-ils reçu ?
- DS : Ils ont été rapidement très bien reçus au Royaume-Uni puis aux Etats-Unis où ils ont été publiés dix-huit mois plus tard. Depuis trois jours que je suis en France, j'ai aussi rencontré beaucoup d'enfants qui ont lu ou étudié mes livres en classe, à Strasbourg, à Lille. Certains avaient préparé et m'ont joué certaines scènes des livres, notamment, celle où une femme se fait arracher la main par l'homme-loup lors de la représentation. Les livres ont été traduits dans quinze pays au total : Japon, Brésil, Espagne, Corée, Finlande, Israël ... Au Japon, ils rencontrent aussi beaucoup de succès malgré la différence de culture. J'irai d'ailleurs au Japon pour le travail mais aussi pour la Coupe du monde de football ... Enfin, la Warner a acheté les droits des deux premiers livres et a pris une option sur les suivants. Si le projet d'adaptation voit le jour, on mélangera l'histoire des trois premiers livres pour en faire un seul film. Mais ce que l'on fera de mes histoires m'échappera complètement...
C'est sur ces mots que l'entretien se termina et je laissai Darren l'Irlandais aux questions des lecteurs qui étaient arrivés devant le stand. Complètement rassurée sur l'identité de mon interlocuteur (mais un peu déçue peut-être de n'avoir pas vu un Vrai Vampire) je remballai discrètement mon attirail familial tout au fond de mon sac...
Notes : 1. Freaks, la monstrueuse parade, est un film américain de Tod Browning, avec Wallace Ford, Leïla Hyams, Olga Baclanova, Roscoe Ates et Henry Victor. Sorti en 1932, il met en scène des êtres difformes, des monstres qui se produisent dans un crique et qui sont aux prises avec une belle acrobate et son complice, qui ont abusé de l'un d'eux. Les monstres concoctent une terrible vengeance...
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