Avertissement : cet article fait partie des
travaux de mise en ligne du fanzine Mercury de Jean-Pierre Fontana dans les
années 1960. Dans la mesure du possible, les auteurs ayant signés ces
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« La belle et naïve enfant est assise à sa coiffeuse. Ses jeunes formes ouvertes à la vie sont emprisonnées dans une robe de nuit arachnéenne. Ses doigts agiles et blancs caressent ses longs cheveux, aura d'une jeunesse intense. Soudain un bruissement la fait se contracter. Sur son beau visage l'angoisse sournoise et intuitive agit. Elle va à la fenêtre, la ferme. Une nuance inquiète dans le regard, elle lui tourne le dos et se rassoit devant son miroir. Le bris d'une vitre l'immobilise. Par le reflet du miroir elle voit le rideau s'écarter sans rien laisser paraître. Mais elle entend derrière elle le souffle rauque et animal d'une présence. Elle se retourne lentement ; désormais elle appartient aux forces maléfiques. Lorsque son regard croise celui de l'Autre, les vestiges d'un réflexe humain jouent : la candeur de son visage se révulse. Mais la passion maligne, intercurrente, transplante les dernières vibrations humaines. C'est pleinement consentante qu'elle dégrafe son déshabillé d'arantelle et offre sa gorge palpitante aux baisers frémissants et incisifs du Prince de la Nuit.
Il n'y a plus qu'une volupté tendant à l'orgasme... »
« Il est là, couché dans son cercueil, reposant sur un coussin de terre natale. Son visage rayonne d'une puissance qui se croit indestructible. La blancheur de son teint contraste avec la pourpre de l'hémoglobine qui goutte aux coins de ses lèvres fines.
De sa poitrine quasi immobile fuse la puissance de l'immortalité, sise parmi les fumigations d'un brouillard épais, rasant. La pointe phallique d'un pieu de bois se pose sur son cœur. Le choc sourd du maillet... et c'est le cri de délivrance, de mort et de souffrance ; un long hurlement intérieur éclaboussé d'un sang noir.
A mesure que sourd la vie de cette déchirure libératrice, le corps se décompose lentement, comme en une figure de cauchemar .... »
Ces constantes du film d'essence vampirique n'en restent pas moins l'anthologie poétique du genre. Et c'est à travers ce Merveilleux poétique que l'on doit suivre le film. Que penser alors de ses concitoyens qui, lorsque nous-même vibrons intensément au symbolisme merveilleux de telles scènes, se complaisent en un rire bâtard et unanime, plein d'une vulgarité désignant impitoyablement leur inculture.
DRACULA, c'est le nom le plus connu après celui de FRANKENSTEIN. A l'écran comme dans certaines contrées transylvaniennes, Dracula a vécu, vit et vivra encore. Ce personnage dont la légende vous est contée auprès d'un feu où grésillent quelques sarments bien verts qui nourrissent les flammes violines et s'étiolent en crépitements discrets, a retrouvé une immortalité dans le langage cinématographique.
C'est, hélas, un procédé qui ne touche que quantitativement. C'est peut-être donner de la confiture de perles à des cochons sauvages...
Aujourd'hui, chacun connaît Dracula. Mais combien peuvent en parler sans devenir, aux yeux des initiés, ilotes abouliques ?
Le nom sacré de Dracula est lié au sort du fantastique qui est, au cinéma, le plus méprisé des genres, traîné dans la fange par quelques nouveaux Descartes qui ne sont que benêts. Rien n'est plus pénible pour un épouvantophile que de se retrouver, pendant que sur l'écran-autel se déroule le sacrifice au surnaturel, au milieu d'une bande de jeunes voyous béotiens qui trouvent un malin plaisir à se défouler par toute une gamme de rires d'attardés ou en inondant le parterre des plaisanteries les plus grossières. Ils tendent à me faire penser que l'humour n'a jamais été qu'un mot pour eux. Autres sévices, ces nymphettes échappées du Pensionnat des Oiseaux qui vous percent les oreilles avec leurs hurlements hystériques qui leur promettent une brillante carrière comme fans du Music-Hall. La salle du Midi-Minuit notamment, est pleine de ces anormaux qui ne sauraient tarder à être exploités dans de gigantesques parades, aux fêtes foraines.
Mais revenons-en à la vie cinématographique de ce Seigneur des Ténèbres.
NOSFERATU, EINE SYMPHONIE DES GRAUENS (1922)
Dracula fit son apparition sur les écrans sous un nom d'emprunt, celui de NOSFERATU. Dans certaines copies allemandes et françaises le vampire s'appelle Dracula. En Amérique le film passait avec le titre DRACULA et l'adaptation en 8 mm portait le titre TERROR OF DRACULA. Ce fut pendant la période expressionniste allemande (les années 20) que le personnage de Stoker commença à régner sur et dans les salles obscures. Friedrich Wilhem MURNAU — à qui l'on doit cet autre monument qu'est FAUST — s'appliqua à filmer un personnage aussi fidèle que possible à celui issu de l'imagination ( ?) d'Abraham Stoker. Henrik Galeen, un autre grand de l'Expressionnisme, aida Murnau à l'adaptation du roman. Max Schreck prêta son masque inquiétant à un NOSFERATU maquillé de façon outrancière (double caractéristique du cinéma muet et de la période expressionniste). Le vampire trouve la mort en s'attardant aux côtés de Nina ; laissant passer le chant du coq cinabre, il se décompose dans les rayons du soleil Ce film est régulièrement présenté à la Cinémathèque Française.
DRACULA (1931)
Il a fallu attendre « l'âge d'Or de l'épouvante » pour que Dracula devienne un personnage universel (et Universal). L'âge d'Or de l'épouvante, situé dans les années 30 du cinéma américain, donna le jour à un véritable festival des horreurs. Tod BROWNING s'empare du mythe et se lance dans une réalisation échevelée. Le scénario s'aide de la mise en scène théâtrale que Deane et Balderstone avaient tirée du roman. Il y a fusion des deux personnages du livre, Mina et Lucy, en un seul — Mina. Renfield et Harker confondent leurs actions à l'écran. Si le personnage de Dracula remporte un succès, l'interprète, Bela Lugosi, est une révélation. Cet acteur peu connu qui avait pourtant à son répertoire les plus grands rôles classiques de la scène se révéla en l'incarnation « dantesque » de façon extraordinaire.
On ne sait si la gloire soudaine fut le facteur causal de son dérèglement ou si ce fut le rôle qui l'hypnotisa, toujours est-il que ce schizophrène latent s'éveilla au point de devenir le comte Dracula jusque dans sa vie privée. Après quelques milliers de représentations théâtrales et quelque dix films où il interprétait le « Undead » buveur de sang, Lugosi rendit son âme, damnée par les stupéfiants, dans un asile d'aliénés. Il reste néanmoins cet interprète de génie qui contribua plus que tout autre à l'immortalité et au mythe de la majesté du Vampire. Contrairement à certaines déclarations, ce film n'a jamais disparu.
George Melford réalisa la version américano-latine avec Carlos Villarias, pâle disciple lugosien. Les vampires succomberont sous les pieux dimensionnels.
MICKEY'S GALA PREMIER (1933)
Walt Disney, dans un dessin animé de 7 minutes, réunit les grands artistes de l'époque. Entre Chaplin et Garbo, Dracula entre en transe lors de la première d'un nouveau film de Mickey Mouse. Derrière lui, le monstre de Frankenstein a ce même sourire maléfique que lorsqu'il rencontre un enfant sur sa route...
C'est une charmante satire qui ne tire pas à conséquence.
DRACULA'S DAUGHTER (1936)
Lambert HILLYER apporte une suite au Dracula de Browning en s'inspirant d'une autre œuvre de Bram Stoker : « Dracula's Quest ».
Lugosi n'y tient qu'un rôle de passage puisque le comte n'apparaît à l'écran que pour une rétrospective de sa mort — le pré-générique du film est assez long — . Van Helsing lui traverse le cœur d'un pieu dont la pointe a été rougie au feu.
La fille de Dracula, la comtesse Marya Zaleska (Gloria Holden), brûle la dépouille du vampire et laisse au vent le soin de disperser ses cendres. Un cas de vampirisation par hérédité oblige la comtesse à poursuivre les rites de son seigneur et père. Elle expirera d'une flèche au cœur. A noter que le professeur Van Helsing passe en jugement pour le meurtre de Dracula.
DRACULA ISTAMBULDA (1938)
« Dracula in Istambule », film turc réalisé par Mehmet MUHTAR
Scénario. — Umit Deniz d'après le roman d'Ali Riza Seyfi inspiré de Stoker : « Kazikli Voivoda » (The Impaling Voivode,1928).
Producteur : Turgut Demurag (qui étudia pendant six ans la technique cinématographique américaine).
Atif Kaptan tient le rôle de « Drakula ».
Synopsis : Istamboul Azmi, un jeune comptable, reçoit une invitation du comte DRAKULA qui serait désireux d'en faire son secrétaire particulier dans son château haut perché sur les montagnes tortueuses des Carpathes.
En se rendant à l'invitation, Azmi apprend que le comte, connu pour être le descendant direct du fameux « Impaling Voivode », est craint de chacun à cause de son étrange comportement.
Au château, Azmi est reçu par l'unique serviteur du comte, une créature au nez bulbeux, à la moustache de phoque, aux cheveux en poils de balai et, de surcroît, bossu. L'hôte de ces lieux demeure invisible. Pourtant au crépuscule. tout de suite après le coucher du soleil, le comte Drakula apparaît. Son apparence est frappante : suavement sinistre, entre deux âges, les cheveux blancs, à demi chauve, drapé d'une cape noire. Ayant bientôt appris que le comte était un vampire, Azmi, d'abord très occupé par son nouvel emploi, n'attache pas d'importance à ces rumeurs ni au fait que le comte disparaît tout le jour pour ne revenir qu'au coucher du soleil.
Mais peu à peu des choses bizarres forcent l'attention d'Azmi. Le comte ne mange jamais, il réagit violemment à la présence d'ail, le Moslem's holy Book et le Coran l'affectent profondément ; tout comme la Bible pour un vampire des pays chrétiens !
Un jour Azmi fait la découverte la plus déconcertante de toutes. Dans la cave il trouve trois cercueils. Deux contiennent des corps inconnus de lui dont l'un est celui d'une fille aux cheveux de jais à l'étrange beauté. Le troisième écrin renferme le comte lui-même.
Cette nuit là, Azmi est réveillé par des hurlements effrayants. Ouvrant sa fenêtre pour identifier la cause de ces chants de douleur, il voit l'une des jeunes filles de la cave errer tel un fantôme au sommet des murs du château.
Plus alarmant encore que cette vision de cauchemar est le fait que le comte tente d'attaquer Azmi. Il réussit à s'échapper et fuit le sinistre château, retournant en hâte à Istamboul. Là, il raconte son aventure à sa fiancée, une ballerine, et à quelques uns de ses amis. Ces derniers restent étonnés, incrédules.
Azmi parvient à jeter le doute sur les agissements du châtelain. Cependant la nuit tombe. Une nuit de cauchemar. En compagnie de ses deux filles, le vampire pénètre dans Istamboul.
Il jette son dévolu sur la fiancée d'Azmi qui, sans défense devant son pouvoir hypnotique et sa sensualité démoniaque, s'offre à la morsure fatale et devient à son tour une morte-vivante.
Azmi fait alors appel à un célèbre docteur spécialisé dans le vampirisme. Ce professeur licencié ès surnaturel accepte d'aider Azmi dans ses tentatives désespérées contre Drakula. Ils se mettent en quête, à Istamboul, du lieu où reposent les vampires durant le jour. Ils finissent par le trouver, mais il est trop tard pour sauver la fiancée d'Azmi qui est devenue une parfaite femme-vampire, plus diabolique encore que le comte.
Mais les deux représentants du bien sont fermement décidés à éliminer du monde ces créatures diaboliques. Dans l'obscurité de la nuit qui règne dans le vieux quartier d'Istamboul, ils détruisent le comte en pénétrant son vieux cœur d'un pieu effilé. Après 500 ans de règne par la terreur et l'horreur, le Comte Drakula est mort...
SON OF DRACULA (1943)
Robert SIODMAK porte à l'écran une nouvelle de son frère, Curt. Eric Taylor les aide à l'adaptation.
Lon Chaney jr. devient le fils de Bela Lugosi. Sous l'anagramme ALUCARD se cache le fils du Prince de la Nuit. Néanmoins il garde le titre de comte et, comme son père, il s'appliquera à faire régner la loi du Sang. La constante du film draculien est la présence de l'incarnation scientifique du bien en la personne du docteur Van Helsing. Ici, il devient le professeur Lazlo.
Alucard, par une distorsion cellulaire que lui confère l'état de vampire, est invulnérable aux armes à feu. Ce sont donc les flammes qui auront raison de lui.
HOUSE OF FRANKENSTEIN (1944)
Erle C. KENTON met en scène une nouvelle de Curt Siodmak. Le comte Dracula n'est qu'un passant dans l'histoire. John Carradine arrive à s'extérioriser avec un rôle très succinct. La distribution comprend le monstre de Frankenstein et Larry Talbot, le Loup-Garou.
HOUSE OF DRACULA (1945)
Une nouvelle fois Kenton met le roi des vampires en scène en compagnie de Glenn Strange (le monstre de Frankenstein) et de Lon Chaney jr. (le loup-garou).Ce n'est pas de la meilleure veine et le public arrive très vite à saturation.
ABBOTT AND COSTELLO MEET FRANKENSTEIN (1948)
Si les deux films précédents annonçaient la baisse de Dracula à la côte de l'horreur, c'est incontestablement Charles T. BARTON qui déflora le mythe du vampire — entre autres — . On retrouve là encore le Loup-Garou et le monstre de Frankenstein. Dracula meurt d'une façon impensable et totalement idiote : le vampire est précipité dans le vide du haut d'une falaise. On va peut-être me rétorquer qu'on lui avait rogné les ailes au préalable !
Barton ne s'est pas rendu compte qu'en ridiculisant les archétypes de l'horreur, il s'était auto-ridiculisé, se plaçant délibérément du côté des spectateurs incultes. Sa parodie n'a rien de la douceur de celle de Walt Disney.
BLOOD OF DRACULA (1957)
Herbert L. STROCK nous propose un cas de vampirisation en laboratoire (science et sorcellerie). L'atavisme sanguin de Dracula touche Nancy qui va devenir une femme-vampire, assez semblable d'ailleurs à la première fille de Frankenstein. Le vampire, en tuant sa créatrice, se détruit lui-même.
Le vampire qui est un être empreint de majesté et à la beauté froide, d'une apparence racée et imposant le respect, devient un horrible monstre-femelle aux dents corrodées.
THE RETURN OF DRACULA (1958)
Paul LANDRES tente de réhabiliter un vampirisme de plus en plus décadent. Il rend un peu du faste délirant et impressionnant qui entoure le mythe. Bellac (Francis Lederer) est un disciple de Dracula un peu animalier : il égorge un chien. Or l'acte de vampirisation est un acte de sexualité. En outre, il a la faculté de se dématérialiser en un épais brouillard. Le pieu de bois symbolique est ici encore la clef du repos éternel. A noter la beauté formelle de la scène où un pieu est enfoncé dans le cœur de Jennie (Virginia Vincent), vampire aveugle.
HORROR OF DRACULA (1958)
Terence FISHER, ce nouveau père du fantastique, va réhabiliter entièrement celui qui fit frémir nos parents.
Il est aidé en cela par l'acteur de génie qu'est Christopher Lee. Autant Lugosi donna naissance à l'acceptation universelle du mythe, autant Chris Lee permettra son affirmation dans la continuité démoniaque. Nous revenons à Stoker. C'est un retour à la poésie, dans la couleur comme dans la musique. La beauté n'a d'égale que la douceur hypnotique de l'œuvre.
La distribution comprend deux autres grands du cinéma fantastique en les personnes de Peter Cushing et Michael Gough. Comme dans NOSFERATU, le Prince de la Nuit se décomposera sous l'action purificatrice des rayons du soleil.
THE BRIDES OF DRACULA (1960)
Fisher poursuit son effort. Cependant il ne réussit pas à retrouver l'atmosphère onirico-délirante de son précédent film. Peut-être est-ce dû au remplacement de C. Lee par D. Peel, un baron Meinster fort décoloré. Peter Cushing, l'omniprésent docteur Van Helsing, trouve une actrice à sa hauteur : Freda Jackson (Greta, servante démente et membre de la société protectrice des vampires).
Le baron Meinster, défiguré par une eau bénite aux effets vitriolants, périra de ses souffrances, prisonnier d'une croix formée par l'ombre des ailes d'un moulin. Les condisciples femelles sont supposées brûler dans l'incendie dudit moulin.
FANTASMAGORIE (1962)
Réalisateur : Patrice MOLINARD ; court métrage muet.
Ce petit film poétique, vivement inspiré de l'œuvre stokerienne, nous conte l'étrange aventure d'un couple tombé sous la coupe d'un vampire qui les conduit dans un monde fantasmagorique et hallucinant.
Avec : Venantino Venantini : le vampire, Edith Scob et Jean Henry.
DRACULA, PRINCE OF DARKNESS (1965)
Réalisation : T.FlSHER ; scénario : John Sansom ; Producteur : Anthony Nelson Keys ; Prod. exécutif : Anthony Hinds — Production HAMMER FILM pour Warner-Pathé DL. ; Directeur de la photo : Michael Reed. Techniscope et technicolor.
Avec : Christopher Lee, Barbara Shelley, Andrew Keir, Francis Mathews, Suzan Farmer, Charles Tingwell, Thorley Walters...
La distribution en France sera probablement assurée par la FOX.
Le vent glacé de la peur et de la superstition souffle sur le petit hameau perdu dans les Carpathes. Le seul nom de Dracula suffit à terrifier les habitants... bien que ce notoire Seigneur soit « mort » depuis bientôt dix ans.
Dans la seule auberge du lieu, quatre étrangers trouvent agréable leur excursion dans le pays. Ces touristes anglais sont : Charles Kent (Francis Mathews), sa charmante jeune femme Diana (Suzan Farmer), Alan le frère aîné de Charles (Charles Tingwell) et sa malheureuse femme Helen (Barbara Shelley).
L'excursion est troublée par un moine, Frère Shandor (Andrew Keir) qui les prévient de ne pas séjourner près de Carlsbad, domaine du redoutable Dracula. Bien qu'ils soient anglais, la curiosité l'emporte. Une voiture sans conducteur, tirée par deux chevaux surgit de l'horizon et transporte nos voyageurs jusqu'au gigantesque et impérieux château blanc de Dracula. Tout laisse croire qu'ils sont attendus mais personne ne paraît... La table seigneuriale est dressée, empreinte d'hospitalité. Klove (P. Latham), un étrange personnage en noir, furtif, les introduit au salon et épilogue sur l'absence de mort de son maître.
Durant la nuit, Alan est victime de la Mort alors qu'il recherchait la cause d'étranges bruits en provenance de la cave. Son sang redonnera une nouvelle force de vie à Dracula. Le corps du vampire, qui reposait depuis une décade, réagit au sacrifice... et lentement se matérialise, commence à prendre forme, apparence immaculée, substance morte vivant démiurgiquement.
Dracula (C. Lee) réserve un destin beaucoup plus subtil à Helen. Il enfonce ses crocs avides de sang dans sa gorge. Elle devient un vampire au sang figé et à la démarche fière. Charles et Diana, pendant ce temps, s'échappent du château et vont directement au monastère voisin. Pour le Bien, Frère Shandor est fermement décidé à vaincre le vampire. Dracula et son aimée ne peuvent être détruits, explique-t-il, que par la confrontation avec les forces qui le terrifient : la croix, le contact de l'eau bénite et les rayons du soleil. Shandor fait appeler Frère Mark (Walter Brown) et un homme à-demi fou, Ludwig (Thorley Walters), qu'i1 avait recueilli il y a des années alors qu'il mendiait près du Dracula's castle. Mais la suprématie de Dracula est éclatante. Dans ce cloître maudit sont tapis de nouveaux et hideux dangers.
Au château de Dracula, les plus horrifiants cauchemars sont encore à venir...
Les films d'essence vampirique sont bien souvent de lointaines adaptations — très libres — du roman de Stoker.
CARRY ON, VAMPIRE
THE KISS OF THE VAMPIRE (Don Sharp, 1963)
LES TEMPS SONT DURS POUR LES VAMPIRES de Steno. Chris Lee y renouvelle l'exploit que représente l'esprit du Cauchemar...
Ajoutons dans les classiques :
LA STRAGE DEI VAMPIRI — Roberto Mauri.
DANS LES GRIFFES DU VAMPIRE ( E. Dein)
LES PROIES DU VAMPIRE (F. Mendez)
LONDON AFTER MIDNIGHT (avec Lon Chaney)
BLOOD OF THE VAMPIRE (H. Cass)
THE RETURN OF THE VAMPIRE (Lew Landers, 1943)
LE MASQUE DU DEMON (M. Bava)
LE MOULIN AUX FEMMES DE PIERRE (LE MOULIN DES SUPPLICES) — G. Ferroni.
THE DEVIL BAT (avec B.Lugosi)
THE VAMPIRE BAT (avec L. Atwill et Fay Wray)
EL VAMPIRO
ET MOURIR -DE PLAISIR (R. Vadim)
LA MARQUE DU VAMPIRE (film de Tod Browning, avec B.Lugosi et C,Borland, 1935)
LA CRYPTE DU VAMPIRE
THE VAMPIRE OF THE OPERA ( ! )
VAMPYR (C.Th. Dreyer, 1932)
Parfois le mythe n'est utilisé qu'en tant que prétexte à exhibition féminine :
DES FILLES POUR UN VAMPIRE (P. Regnoli), film très beau par ailleurs
Parfois c'est dans la mythologie antique que se retrouvent nos undeads :
ERCOLE AL CENTRO DELLA TERRA (Hercule Contre Les Vampires) — Mario Bava.
Il y a, bien sûr, le thème du vampire « humain », modeste mortel complexé et buveur de sang :
M (Fritz Lang)
LE MAUDIT (J.Losey)
LE VAMPIRE DE DUSSELDORF (R. Hossein)
L'HORRIBLE DOCTEUR ORLOF (J. Franco) — le personnage de l'omniprésent serviteur aveugle, suceur de sang.
(Pour une information plus détaillée voir Midi-Minuit Fantastique n°4-5 « Spécial Dracula »)
Mercury n° 11 — septembre 1966
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