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Gros plan sur R.L. Stine

Catherine GENTILE

nooSFere, novembre 2002

     Robert Lawrence Stine a aujourd'hui 59 ans. En quelques années, il est devenu, pour les enfants et les adolescents, le maître incontesté du frisson, le roi de la chair de poule et de la peur bleue. Dans les années 90, il a débarqué en force en France et a envahi les rayonnages des librairies et des bibliothèques en rendant « accro » des milliers de jeunes lecteurs et en faisant même lire ceux qui n'aimaient pas cela.
     Stine était à Paris en septembre dernier à l'occasion du lancement d'une nouvelle série de romans d'horreur publiée par Pocket jeunesse, Aux portes du cauchemar, relayée par une série de films de télévision adaptée de ces nouveaux romans, diffusée par France 2 à partir d'octobre 2002. Nous l'avons rencontré pour un entretien, accompagné par sa femme qui est aussi son éditrice et son agent, dans un grand hôtel parisien. L'homme est aimable et souriant, détendu et entièrement vêtu de noir.

     nooSFere : Comment avez-vous commencé à écrire des livres pour les enfants ?
     RLStine : Il y a vingt-cinq ans, j'écrivais déjà des histoires pour les enfants, mais sans le succès d'aujourd'hui. J'écrivais surtout des histoires humoristiques. Je travaillais comme journaliste pour la presse magazine, notamment Junior Scholastic magazine, dans lequel je publiais des histoires surprenantes. J'y ai appris surtout à écrire vite et efficacement. Puis une éditrice de Scholastic me propose d'écrire un romans à frissons pour les adolescents. J'accepte, un peu surpris, et me lance dans l'aventure. Je commence par me documenter, regarder dans les librairies ce qui se fait dans le genre, mets un mois pour composer la trame du roman puis je l'écris en trois mois. Il s'appelle Blind date et obtient rapidement du succès. L'année suivante, la même éditrice me demande d'en écrire un deuxième puis un troisième, qui deviennent eux aussi des best-sellers.
     Puis je me lance dans les romans pour les plus jeunes. C'est le début de la série « Goosebumps » (Chair de poule en anglais), avec le succès que l'on sait. Le premier que j'ai écrit, c'est La Maison des morts, qui s'est vendu à plus de 3 millions d'exemplaires ! C'est, à mon avis, le plus terrifiant de la série.

     nooSFere : Avez-vous eu immédiatement conscience de l'impact de cette série sur les jeunes lecteurs ?
     RLStine : Honnêtement, non, pas immédiatement. C'est seulement lorsque j'ai rencontré des libraires et des bibliothécaires qui me parlaient des réactions des enfants que j'ai mesurer cet impact. Puis je me suis mis à recevoir énormément de courrier. Au plus fort de la vague, je recevais 2000 lettres de lecteurs par semaine ! J'ai dû faire travailler quatre personnes pour répondre à toutes ces lettres. A présent, le rythme s'est ralenti, quelques centaines seulement par semaine.

     nooSFere : Comment avez-vous réagi devant ce succès ?
     RLStine : Je suis très fier d'avoir réussi à faire lire des millions d'enfants, y compris ceux qui n'étaient pas attirés par la lecture. Mais en même temps, je suis conscient de mes responsabilités. Je fais extrêmement attention à ce que j'écris, je ne mets pas de violence inutile ni d'enfants morts dans mes histoires.

     nooSFere : Qu'est-ce, selon vous, qu'un bon livre d'horreur ?
     RLStine : Il doit être accessible immédiatement. Le lecteur doit être accroché immédiatement et surpris dès le début de l'histoire. Il doit y avoir sans cesse de l'inattendu. L'histoire doit se dérouler selon le point de vue particulier d'un personnage, afin que le lecteur puisse s'y identifier rapidement. Je ne décris pas beaucoup mes personnages principaux, les enfants ou adolescents qui sont les héros, de façon à ce que n'importe quel lecteur puisse devenir ce héros. Je pense que les enfants sont suffisamment intelligents pour pouvoir résoudre leurs difficultés sans l'aide de leurs parents, qui sont souvent absents dans mes histoires.

     nooSFere : Et un mauvais livre d'horreur ?
     RLStine : C'est un livre où l'on s'attend à ce qui va se passer.

     nooSFere : Quelles sont vos sources d'inspiration ?
     RLStine : Elles sont très diverses. Je peux partir d'un petit fait de la vie quotidienne ou d'une anecdote, comme celle qui est arrivée à mon fils Matt qui, lors d'une fête d'Halloween, mit un masque et eut des difficultés à le retirer. C'est ce qui m'a donné le point de départ du Masque hanté. Lorsque j'écris, j'essaie aussi de me souvenir toujours de ce qui me terrifiait lorsque j'étais enfant et de retrouver cela pour le faire passer dans mes livres. Je peux aussi partir d'un titre, à partir duquel je développe ensuite toute l'histoire.

     nooSFere : Que lisiez-vous, enfant ?
     RLStine : Quand j'étais tout petit, j'adorais les comics d'épouvante comme Thales from the crypt. C'était terrifiant, mais les histoires étaient géniales et les dessins magnifiques. Puis vers l'âge de dix ans, j'ai découvert Bradbury et je crois que c'est cet écrivain qui m'a fait devenir un lecteur. J'ai lu énormément de science-fiction, des contes de fées, des livres sur la mythologie scandinave ; enfin plus tard j'ai rencontré les textes d'Edgar Allan Poe, qui est sans doute celui le plus doué dans le genre.

     nooSFere : Et aujourd'hui ?
     RLStine : J'apprécie plus les livres de mystère, d'humour, les thrillers aussi, mais je ne lis plus trop de romans d'horreur. En ce moment, je suis plongé dans les romans de Simenon et dans les enquêtes du commissaire Maigret. Je trouve l'écriture de Simenon très précise, déclancheuse d'atmosphères et d'univers très intéressants.
     J'aime aussi beaucoup le cinéma, les vieux films américains des années trente en noir et blanc. Puisque je suis à Paris, je vais en profiter pour aller voir Playtime, de Jacques Tati. J'adore ce cinéma et l'un de mes films préférés est Mon oncle.

     nooSFere : Etes-vous satisfait de votre vie professionnelle ?
     RLStine : Oui, je suis très heureux de faire ce que je fais. A présent, je peux travailler à un rythme plus lent, je n'écris plus deux livres par moi comme je le faisais pendant la folie Chair de poule. Je suis actuellement en train d'achever une histoire de vampires qui fera l'objet d'une autre série...


*


     La série Aux portes du cauchemar : quatre titres sont parus en octobre dernier.

     STINE, R.L. — Ne m'oubliez pas ! / trad. de l'amér. — Pocket, 2002. — 137 p. ; 18 cm. — (Pocket junior : Aux portes du cauchemar). — ISBN 2-266-10803-4

     Dany est parfois exaspérée par son petit frère Peter, un adorable petit rouquin à lunettes un peu turbulent. L'emménagement de la famille dans une nouvelle maison, ancienne et poussiéreuse, change sa vie et modifie sa perception : elle entend des voix lancinantes qui appellent son frère. De plus à la fin d'une séance d'hypnose « pour rire », Peter change et oublie peu à peu qui il est, happé par les créatures de l'oubli qui hantent la cave. Danny doit lutter âprement pour que son frère ne tombe pas à jamais dans l'oubli et qu'elle même ne soit pas effacée de la mémoire des siens.
     Chapitres courts, écriture efficace qui va à l'essentiel, sans fioritures, suspense soigneusement entretenu à la fin de chaque chapitre, Stine renoue avec les procédés qui ont fait son succès. Mais il s'adresse à un lectorat un peu plus âgé et soigne particulièrement le processus qui consiste à accrocher son lecteur, tout en lui faisant passer un message positif : la position de victime n'est pas une fatalité, il faut se battre et trouver en soi les ressources que l'on possède pour réussir et vaincre les difficultés de la vie. A partir de 10, 11 ans.

     Chaque ouvrage de la série peut se lire séparément.
     Vestiaire n°13, le tome 2, traite intelligemment de la superstition et des objets porte-bonheur ou porte-malheur.
     Le Mal est en moi, le tome 3, met en scène une jeune fille qui se laisse influencer par les terribles prédictions d'une diseuse de bonne aventure.
     Enfin, le tome 4, Double menteur, illustre le précepte « Tel est pris qui croyait prendre », avec Ross, un menteur impénitent, pris aux pièges de ses paroles imprudentes ...



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