Site clair (Changer
 
    Fonds documentaire     Connexion adhérent
 

Questions à Magali Ségura

Lucie CHENU

Onire.com, février 2002

          Magali Ségura est un jeune auteur de fantasy qui publie son premier roman aux Éditions Bragelonne : Les yeux de Leïlan. Elle a accepté de répondre à nos questions.

          Tu n'as pas trente ans, tu prépares une thèse de biologie et tu viens de publier ton premier roman. Ca ne fait pas beaucoup pour une seule femme ?
          Oh si ! La gestion de mon temps me pose de sacrés problèmes. Entre une mission d'un mois au Sri Lanka, les fêtes de Noël et les derniers préparatifs pour la sortie du premier tome de Leïlan, la fin de l'année 2001 a été épique ! Ma thèse souffre de mes écritures ; lorsque je commence à écrire, j'ai beaucoup de mal à m'arrêter. Pour cette raison, depuis trois ans, j'écris seulement des nouvelles, je fais des corrections sur Leïlan et j'avance d'un paragraphe par mois sur mon deuxième cycle !

          Comment en es-tu venue à l'écriture ?
          L'envie d'écrire m'a pris d'un coup, en 1994. L'histoire de Leïlan me hantait trop à un moment de stress important dans mes études. J'ai essayé de donner vie à mes personnages sur le papier. Pour m'aérer la tête... C'est peut-être la seule explication.

          Ton premier texte publié, « Contre la fatalité », dans l'anthologie Légendaire aux éditions Mnémos, a reçu le prix Bob Morane 2000 après avoir été nominé pour le prix de l'Imaginaire. Quel effet cela t'a-t-il fait d'être propulsée à l'avant-scène ?
          Une grande sensation de vertige. Une grande pression pour la suite : « Contre la Fatalité » est mon dernier texte en date, il est le plus abouti, le plus maîtrisé. Leïlan est mon premier roman, il a nécessairement des faiblesses de premières écritures même si j'ai tout fait pour les corriger.

          Après cela, « A Chloé », publié dans Royaumes au Fleuve Noir, a reçu des critiques sévères. Cela a dû être très difficile après l'euphorie du succès de la première nouvelle.
          Les deux textes n'avaient pas la même ambition. « Contre la Fatalité » était une nouvelle libre d'univers et formait une histoire à elle seule. Elle pouvait avoir de la force. « A Chloé », rattachée à Leïlan, était plus une introduction, une annexe, qu'une histoire à part entière. Cela se passe cinq ans avant le cycle. Je ne pouvais pas faire tout ce que je voulais avec mes personnages : des explications manquent, qui se trouvent dans le cycle.

          Dans cette nouvelle, il est question d'une prophétie à propos de l'enfant que porte Sélène ; peux-tu l'expliquer ?
          Non, pas encore. Les lecteurs rencontreront l'enfant de Sélène dans le tome II de Leïlan. Il y aura des réponses et des surprises.

          Cette nouvelle se passait dans l'univers de ton roman mais l'ambiance qui en émane est très différente... À vrai dire, les deux nouvelles sonnaient « tragiques », le roman a un ton beaucoup plus léger.
          Ce n'est que le premier tome, tout se met en place. Dans une nouvelle, l'histoire est concentrée, il faut taper vite, fort. Un roman, aussi long, demande des explications, des liens plus forts avec les lecteurs, des rebondissements... Les points tragiques et les douleurs ne vont pas tarder...

          Passe-t-on facilement de l'écriture de nouvelles à l'écriture d'un roman, qui plus est d'un cycle ?
          J'ai fait l'inverse : j'ai commencé par le roman directement. Au tout début, je ne pensais pas que mon histoire serait si longue, j'ai été prise au piège deux ans et demi durant. Je suis passée aux nouvelles par la voie d'un défi lancé par un ami, puis pour minimiser la frustration de ne pas avoir le temps de me lancer tout de suite dans un autre roman.

          Le personnage du Masque fait un peu penser à Zorro ou à Masquerouge (les sept vies de l'épervier). La télé et les BD jouent-elles un grand rôle dans ton imaginaire ?
          La télé a eu son influence durant mon enfance avec des films de cape et d'épées et des films issus des contes des mille et unes nuits. Certains marquent encore mes souvenirs, et se retrouvent dans mes histoires. L'influence des BD est plus récente. Je ne recherche pas spécialement de l'humour mais plus des petites histoires courtes, avec pleins d'images, pour bien s'endormir le soir ;-) J'en ai de tous les styles, je ne suis pas une inconditionnelle de la Fantasy. Mes BD préférées sont par exemple Berceuse Assassine, Peter Pan, Le Sursis, Zoo, Sillage, La ballade de la mer salée, Horologium, Garulfo (grenouille oblige), De Cape et de Crocs, Réseau Bombyce... Leur structure d'histoire, leur originalité, leurs effets visuels, me servent autant qu'un film.

          Beaucoup de jeunes auteurs de fantasy sont arrivés à l'écriture par le biais du Jeu de Rôle. Est-ce ton cas ? Si oui, quels sont les jeux auxquels tu aime jouer ?
          Je n'ai jamais fait de jeu de rôle. Adolescente, j'ai tiré les dés pour avoir un personnage (une magicienne !) mais un évènement que je n'ai plus en mémoire a coupé le jeu et je n'ai jamais eu l'occasion de recommencer. Cela me plairait beaucoup, j'en suis certaine, mais la crainte d'entrer trop facilement dans la peau du personnage qui me sera assignée m'empêche de faire de nouveau le pas ;-)

          Plus généralement, quels sont les auteurs ou les livres qui t'ont marquée ? Et les films ?
          Plusieurs Jules Verne, Barjavel, Cocteau, Ellroy, les contes de mille et unes nuits, la légende arturienne et plus récemment Tolkien et Guy Gavriel Kay. J'ai peu de temps pour lire et si mes références sont diverses, elles sont hélas limitées.
          Pour les films, n'importe quelles versions de Robin des Bois (surtout le Walt Disney !) mais le film que je peux regarder quinze cent fois sans me lasser est Princess Bride : duels, poursuites, évasions, monstres sur fond d'ironie et parodie, c'est excellent ! Dans le même style, je vais bientôt avoir Willow en DVD ;-)

          Quelles sont les musiques qui te plaisent ? Et écris-tu en musique ou bien as-tu besoin de silence autour de toi ?
          Je n'écris quasiment qu'en musique. Mais les morceaux écoutés dans ce cas-là sont souvent différents de ceux que je peux écouter normalement (source de distraction et d'inspiration, et de genres très divers). Pour écrire, la musique qui m'entoure doit être obligatoirement douce et sans parole ou alors étrangère (je ne suis pas distraite, ainsi), angoissante ou vaporeuse, au choix. Je peux écouter le même morceau toute la journée sans même m'en apercevoir, si la musique me mène là où il faut. Comme exemple, je dirais Low, Enya, la BO d'Alien, Bjork, Sacred Spirit 2, Dido, Jeff Buckley... Je viens d'avoir la BO de Ghost in the shell, et l'ambiance de « floating museum » me plaît beaucoup. A défaut de ne pas trouver celle du générique de Murder One sur Sérieclub ;-)

          Tu es une biologiste. Tes connaissances en ce domaine t'ont-elles aidée à imaginer et à décrire les amalyses ?
          Je les ai construites comme des amibes géantes mais je ne crois pas que des connaissances biologiques étaient vraiment indispensables. Je n'ai pas encore mélangé mes deux mondes de travail. Il n'y aucune grenouille dans Leïlan ;-) Par contre, je compte exploiter mes connaissances sur la constitution de la faune et l'écologie du monde d'un prochain cycle (Eternitae) et le jour où je mettrais sur papier l'idée de SF, que j'ai dans la tête depuis un moment, j'aurai beaucoup de choses à dire sur l'évolution et sur certains points importants concernant la biodiversité.

          Maintenant quels sont tes projets ?
          Finir ma thèse ! Pour me lancer plus facilement dans l'écriture de mon deuxième roman, ensuite ;-) J'ai commencé deux idées en parallèles : j'ai écris les deux premiers chapitres de l'une (L'Ange Noir d'Alys), presque un tome entier de l'autre (Eternitae). Ce sera de la Fantasy de nouveau mais sans rapport avec Leïlan.

          Est-il possible d'avancer une date de publication du livre II de Leïlan ?
          Il est prévu pour août. Il est déjà écrit.

          Et tes grenouilles ?
          L'intitulé de ma thèse est « Phylogénie des Rhacophoridae ». En plus clair, j'étudie les relations de parenté entre espèces d'une famille de grenouilles asiatiques. Je compare leur ADN et leur morphologie extérieure dans le cadre du Muséum National d'Histoire Naturelle. C'est de la recherche fondamentale, il ne faut pas chercher d'implication humaine directe ! Ces grenouilles sont sublimes, très intéressantes, et grâce à elles, je voyage dans des pays asiatiques dont les paysages et les ambiances agrémentent mon imaginaire. Avec mes études, j'ai du mal à écrire, mais sans elles, je n'aurai probablement jamais commencé ;-)

          Merci, Magali, d'avoir bien voulu répondre à nos questions. Je rappelle aux lecteurs l'adresse de ton site Internet :
          <<http://magalisegura.free.fr/>

          Propos recueillis par e-mail et publiés sur Onire.com en février 2002
Cet article est référencé sur le site dans les sections suivantes :
Biographies, catégorie Bios
Biographies, catégorie Interviews
retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87347 livres, 112225 photos de couvertures, 83782 quatrièmes.
10853 critiques, 47178 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3916 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD