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Jean-Pierre Andrevon

(France ; 1937)

Denis GUIOT

Le Monde de la Science-fiction. M.A. éditions, 1987

          « L'idéologie, quoi qu'on fasse et qu'on pense, fait partie d'un texte, quel qu'il soit, dès l'instant où l'acte d'écrire en est à sa première majuscule. Il n'y a pas de récits politiques et de récits non politiques, de textes engagés et de textes d'évasion ». Cette vigoureuse prise de position parue dans une Tribune Libre de Fiction (n°221, mai 1972) traduit clairement les intentions de Jean-Pierre Andrevon - l'écrivain comme le critique - de faire perdre à la S.F. son pucelage d'apolitisme. Pas étonnant donc que le bougre fut longtemps considéré comme le chef de file de la science-fiction "gauchisante". Et puis, comment pourrait-il en être autrement lorsque votre première nouvelle publiée professionnellement, La réserve paraît dans le numéro de Fiction daté de ... mai 68 !

          Mais "écrire politique" ne veut pas dire faire dans la littérature-tract. Andrevon ne confond pas message et massage (piège dans lequel tombera, quelques années plus tard, la nouvelle science-fiction française) : « Mon travail d'écrivain ne porte pas et ne portera pas sur l'édification maniaque d'une suite de récits "politiques" mais sur des récits de tous genres où je m'efforcerai de mettre en lumière les implications politiques et idéologiques, avec le moins de systématisation et de schématisation possible ». De l'héroic fantasy (Les hommes machines contre GandaharPrésence du Futur, 1969) au récit post-cataclysmique (Le désert du mondePrésence du Futur, 1977) en passant par les récits fantastiques qu'il signait Alphonse Brutsche au Fleuve Noir, c'est le décryptage du réel qui intéresse notre auteur, c'est-à-dire l'envers du décor comme en témoigne ce recueil au titre symbolique, Dans les décors truqués (Présence du Futur, 1979). Nucléaire, pollution, société totalitaire etc., Jean-Pierre Andrevon dresse - parfois avec un humour desespéré - le fascinant catalogue des peurs de notre époque. Avec une approche obsessionnelle du détail, l'auteur, tel un entomologiste maniaque, épingle le dérisoire insecte humain sur le tableau absurde de son existence : Il faudra bien se résoudre à mourir seul (Présence du Futur, 1983) est le titre significatif d'un de ses derniers recueils.

          Pas gai, Andrevon ? Et pourtant l'individu ne cède pas à la tentation morbide du repli-sur-soi-en-attendant-que-le-monde-agonise. Il développe une étonnante activité multi-média : outre ses activités d'écrivain et de critique, il est aussi peintre, dessinateur et scénariste de bandes dessinées, réalisateur de courts métrages, auteur-compositeur-interprète, anthologiste (le 1er volume de Retour à la TerrePrésence du Futur, 1975 - a marqué le renouveau de la science fiction française) et il aime travailler en collaboration, principalement avec Philippe Cousin. « Je suis, avoue-t-il dans le n° 4 de la revue Science-Fiction, cette image de moi : un homme nez aux étoiles, pieds sur la terre, et qui attend la guerre. Elle ne viendra peut-être pas. »

          Lectures :
          - Paysages de mort (Présence du Futur, 1978)
          - Le livre d'Or de Jean-Pierre Andrevon, composé par Patrice Duvic (Presses Pocket, 1983)

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