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G.-J. Arnaud

Claude ECKEN

Site de la Convention de Lodève, 1999

          G .-J. Arnaud, incontestablement le plus prolifique des auteurs français n'a jamais cessé d'écrire. A dix ans déjà, il noircissait des pages (à la façon d'Alphonse Daudet) et dévorait des livres et revues populaires dont le grenier était plein à craquer. Cela ressemble à une classique image d'Epinal, mais elle est réelle.
          Ses débuts professionnels sont plus originaux. Sa femme envoie un de ses manuscrits au Prix du Quai des Orfèvres, qu'il obtient en 1952... alors qu'il effectuait son service militaire. Malheureusement, son vrai nom est déjà utilisé comme pseudonyme par l'auteur du Salaire de la peur et les éditions Hachette lui demandent d'adopter à son tour un pseudonyme. Celui-ci sera Saint-Gilles, son lieu de naissance (St Gilles du Gard). Une autre raison, soufflée par l'éditeur, veut qu'il s'agisse d'un discret hommage à l'un des membres du jury, auteur des aventures du commissaire Gilles. Ce sera donc le brigadier Georges Arnaud Saint-Gilles qui recevra le prix. Le même pseudonyme servira pour une vingtaine de romans.
          Georges Arnaud a toujours vécu comme une usurpation le fait que son patronyme soit déjà utilisé et qu'il lui soit interdit de publier sous son vrai nom. Un malaise qu'on retrouve dans son oeuvre : la double personnalité ou le problème d'identité apparaît dans nombre de ses livres (Tel Un Fantôme, Les Imposteurs). La difficulté sera contournée au Fleuve par l'emploi des initiales de ses deux premiers prénoms (Georges Jean, le troisième étant Camille). C'est sous ce nom que paraîtra l'essentiel de son oeuvre. Ce qui lui vaudra une ultime mésaventure à la mort de l'usurpateur, Antenne 2 diffusant à cette occasion la dernière interview de... G.-J. Arnaud !
          Mais G.-J. Arnaud a utilisé bien d'autres pseudonymes dans les genres les plus divers : Gil Darcy (les aventures de Luc Ferran), Georges Muray (polar et espionnage), Serge Sovac (espionnage), David Kyne (guerre), Georges Ramos, Ugo Solenza, Frédéric Mado, Gino Arnoldi, Pierre Rabeau, Laude de Sevetan, Lilas Marny, Osman Walter (érotique parfois mâtinés de fantastique).
          Après un passage à l'Arabesque durant les années 50, G.-J. Arnaud entra au Fleuve Noir, non pas pour signer des romans policiers (le plein d'auteurs était fait) mais pour écrire de grands romans d'aventures teintés de romantisme. Le premier paraît en 1959. L'entrée dans la collection « Spécial Police » se fait l'année suivante.
          On connaît tous la carrière exceptionnelle de G.-J. Arnaud, principalement au Fleuve Noir. Le Commander, héros de récits d'espionnage, est au départ un personnage stéréotypé (comme l'était ce genre populaire) jusqu'à ce que l'auteur réalise qu'il peut s'en servir comme d'un outil pour dénoncer les maux de notre société. L'actualité politique, économique, mondiale est ainsi traitée par ce biais. Ces intrigues demandent à G.-J. Arnaud davantage de travail en raison de l'importante documentation qu'il est nécessaire d'accumuler.
          Ses romans policiers, quant à eux, se déroulent le plus souvent en France, et s'intéressent à la vie des gens simples ainsi qu'aux magouilles des sociétés. L'énorme qualité de G.-J. Arnaud est de mettre en scène des personnages qui nous paraissent familiers, de nous livrer une image fidèle de la société, où, sous l'apparente tranquillité d'un quotidien banal, s'ourdissent des complots qui dépassent le citoyen ordinaire. Le complot, la machination, les ficelles qu'on tire dans l'ombre sont des thèmes récurrents qu'on trouve aussi bien dans Le Coucou, Ami-Ami flic (devenus des téléfilms), Bunker Parano ou dans d'autres romans adaptés au cinéma : La Tête dans le sable, Zone rouge... L'intrigue est donc ici plus psychologique, plus intime et se déroule dans un cadre relativement restreint (un quartier, un immeuble) dans une micro-société qui reflète celle qui l'englobe.
          Elle flirte parfois avec le fantastique (La Maison-Piège et surtout Enfantasme, Prix Mystère de la Critique en 77, devenu à l'écran L'enfant de la nuit), genre dans lequel Arnaud aura l'occasion de prouver qu'il est à l'aise quand le Fleuve Noir lui demandera de fournir des romans pour la collection « Angoisse ». Ceux-ci sont au nombre de trois : Ils sont revenus, La Mort noire et La Dalle aux maudits, ce dernier titre flirtant avec la science-fiction, puisque des déchets radioactifs enfouis depuis plusieurs siècles menacent de s'échapper dans un petit village des Pyrénées Orientales.
          Arnaud avait déjà écrit un premier cycle de science-fiction, Chronique de la grande séparation (Les croisés de Mara, Les monarques de Bi, Lazaret 3), qui a connu plusieurs éditions dans diverses collectons du Fleuve Noir, mais c'est avec La Compagnie des Glaces qu'il conquiert le public des lecteurs de S.-F. L'histoire d'une compagnie ferroviaire dans un futur où est survenue une nouvelle glaciation est la plus grande saga de S.-F. jamais écrite (60 volumes plus les romans annexes se déroulant dans le même univers, à diverses périodes). Arnaud a souvent avoué la tendresse qu'il portait à ses personnages (Lien Rag, Yeuse et les autres) et au plaisir qu'il avait de les retrouver pour un nouveau bout de chemin, le temps d'un roman. La tyrannie de la société ferroviaire est à rapprocher des manoeuvres des entreprises dans les romans policiers. Le train est un élément récurrent dans l'oeuvre d'Arnaud : la vieille locomotive qui s'essouffle en gravissant une côte (comme par exemple dans Les Longs Manteaux, la micro société des compartiments le fascinent. Quant au décor, il vient d'une suggestion de sa femme qui a remarqué qu'il décrivait mieux ce qu'il n'aimait pas que ce qu'il aimait. Arnaud a souvent avoué la tendresse qu'il portait à ses personnages (Lien Rag, Yeuse et les autres) et au plaisir qu'il avait de les retrouver pour un nouveau bout de chemin, le temps d'un roman. Tout ceci explique probablement l'accueil enthousiaste du public et de la critique puisqu'il reçoit le prix spécial du Grand Prix de la Science-Fiction française en 1982.
          G.-J. Arnaud s'est également taillé un succès remarquable dans des romans du terroir. Désireux d'écrire sur les origines de sa famille à partir de la guerre de 1870, il entame une saga dont le premier volume, Les Moulins à nuages, obtient d'emblée le prix RTL. Il ne sera pas le seul à le décrocher sur les six que compte actuellement la saga. Une nouvelle catégorie de lecteurs découvre G.-J. Arnaud à cette occasion.
          Souvent adapté au cinéma ou à la télévision, G.-J. Arnaud est en général peu satisfait du travail des réalisateurs quand il ne s'estime pas trahi. Le seul à tirer son épingle du jeu et avec lequel s'est instauré un véritable dialogue est Michel Favart, dont les téléfilms soignés restituent avec fidélité (mais non servilité) l'ambiance des romans d'Arnaud.
          Ce géant de la littérature populaire, qui revendique fièrement cette étiquette, a écrit près de 400 romans.

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Biographies, catégorie Bios
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