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Alain le Bussy

Jean Luc FRANSEN

Site de la Convention de Lodève, 1999

          Alain le Bussy (avec un "l" minuscule, s'il vous plait, et il ne s'agit pas d'un pseudonyme) est né à Liège le 18 mars 1947. Publié depuis peu de temps seulement (1992), cet auteur prolifique fait pourtant partie depuis longtemps du paysage de la S.-F. francophone.
          En temps que lecteur, son intérêt pour la science-fiction s'éveille, en même temps que son adolescence, avec La Guerre des Triffides de John Wyndham, publié en feuilleton dans l'hebdomadaire belge Moustique. Comme tout amoureux de la science-fiction, il conserve pour sa première lecture S.-F. une affection particulière. Suivront une série de livres qu'un de ses amis recevait en service de presse : Le Gambit des étoiles de Gérard Klein, Le Monde des non-A de van Vogt, Les Négriers du Cosmos de Brunner. A peu près à la même époque (vers 60), il fait la découverte du cinéma de S.-F., avec Le Jour où la Terre s'arrêta retransmis à la télévision. Il est désormais ferré.
          Dès 1960, il participe à la publication d'un journal au collège jésuite où il a commencé ses études secondaires : Conjuncte ! (Ensemble !, en latin). Il y publiera son premier article sur la S.-F., en 1961. Cette expérience de l'édition sera la première, mais loin d'être la dernière !
          Quelques années plus tard (en 67), c'est pour la Maison des Jeunes d'Esneux qu'il édite un journal (L'Echelle). Il y publie sa première nouvelle. Cette nouvelle qui ne porte alors pas de titre aura une destinée amusante, puisqu'elle sera reprise en 1990 dans la revue québécoise Imagine, sous le titre Un Don inné, et qu'elle lui rapportera ses premiers droits d'auteurs - vingt-trois ans après !
          Entré à l'université, où il poursuit des études en sciences politiques et sociales, il se lance en parallèle dans l'écriture : des nouvelles dont certaines paraîtront dans le bulletin interfacultaire de l'Université de Liège, et son premier essai de roman.
          Premier contact avec le monde du fandom, il participe à la convention de Heidelberg en 1970. Et au retour de celle-ci, lance son fanzine devenu fameux dans le milieu : Xuense sous-titré The Magazine of le Bussy & Science-Fiction. Pour l'anecdote, Xuense est l'anagramme de Esneux, la ville où vit Alain le Bussy. Tous ceux qui le fréquentent savent cette longue habitude qu'il a de former la plupart des noms dans ses textes à partir d'anagrammes de noms de lieux proches de chez lui, d'amis ou encore d'acteurs bien connus du milieu de la S.-F. On en a encore un exemple avec les héros de son dernier roman paru à ce jour, Le Mendiant de Karnathok. Si vous connaissez quelque peu le nom d'auteurs francophones, jouez au petit jeu du clin d'oeil le bussien !
          Dans les années qui suivent, il poursuit la publication de Xuense, écrit des nouvelles pour des fanzines et un nouveau roman Quête impériale (1972), qui ne sera édité qu'en 1993. Comme il lit couramment l'anglais, il effectue également des traductions de nouvelles d'auteurs anglo-saxons pour des fanzines. Traductions qu'il retrouvera parfois plus tard dans des publications professionnelles.
          Xuense en est à son numéro 16, et le suivant est presque bouclé, quand il participe à l'organisation de la convention francophone de Liège, en juillet 1976. Cette organisation va le laisser à ce point saturé de science-fiction que pendant sept ans il coupe tous les ponts avec la S.-F., ne sortant même pas le numéro de son fanzine qui est pourtant presque prêt. Il cesse d'écrire, à l'exception notoire d'un roman écrit comme un pari en 1981 (Les Oeufs de Deraag) qui deviendra Deraag lors de sa parution en 1993. Et d'une nouvelle, sortie dans le numéro de Noël 83 du journal d'entreprise de la société où il travaille.
          Cette nouvelle, il l'insère dans le numéro 17 de Xuense qui renaît de ses cendres en ce début 1984 où le Bussy se remet à l'écriture. Pendant ces années 80, il va écrire les trois premiers tomes du Cycle de Yorg, ainsi que Garmalia et Chatinika. A chaque fois ses textes sont refusés.
          Il achève en 1991, Deltas qu'il envoie à Gérard Klein chez Laffont. Celui-ci le refuse tout en envoyant une lettre d'encouragement conseillant à le Bussy de présenter le manuscrit chez J'ai Lu ou au Fleuve Noir. Ainsi fait-il. Et c'est le déclic. En mars 92, le mois de tous les bonheurs, le Bussy reçoit à la fois le Prix Septième Continent de la revue Imagine pour la nouvelle Les Lois du hasard 1 et l'annonce que Deltas est accepté au Fleuve Noir. Quel beau cadeau d'anniversaire !
          Le bonheur se poursuit l'année suivante, puisque Deltas reçoit le prix Rosny 93 lors de la convention d'Orléans. Détail croustillant : à son retour de la convention, Alain le Bussy trouve le refus de Deltas signifié par J'ai Lu.
          Depuis, Alain le Bussy n'arrête plus de publier et d'écrire. Il est aussi devenu un acteur important du petit monde de la science-fiction francophone, participant notamment à toutes les conventions depuis Redu en 1992.
          Vingt ans d'attente avant d'être édité pour la première fois. Sacré parcours, surtout quand on constate que plusieurs livres refusés en leur temps ont maintenant été acceptés. On pourrait se dire que cette reconnaissance tardive n'est due qu'au prix accordé à Deltas. Mais il faut plutôt en chercher l'origine dans le changement de l'équipe éditoriale du Fleuve. Le temps était enfin venu pour des histoires atypiques.
          Le style d'Alain le Bussy n'a rien d'extraordinaire en soi. Ce n'est pas un ciseleur de mots, et on sent que son écriture coule de source, sans grande fioriture. Mais c'est une source limpide. Par contre, c'est un véritable conteur qui, lorsqu'il a ferré son lecteur, ne le lâche plus.
          Et ses héros sont atypiques. Ballotté par les événement plutôt qu'acteur, le héros chez le Bussy semble n'être qu'un fantoche sans grande consistance. Rien de bien extraordinaire là dedans me direz vous. Peut-être, mais ce qui l'est plus, c'est que lorsque finalement il en vient à sortir de sa chrysalide, et à révéler ses qualités au moment de dénouer l'écheveau de l'intrigue, ce n'est pas en de sombres batailles qu'il le fera.
          Est-ce une influence de son métier (le Bussy travaille à la Direction des Ressources Humaines) ou simplement un effet de sa nature positive et optimiste ?, le Bussy s'écarte des tics du Space Opera et de la Science Fantasy, - genres auxquels ses romans se rattachent pourtant. Ses dénouements n'ont rien à voir avec les batailles rangées, révolutions et autres coups de mains qui ponctuent tant de romans de S.-F. Ses héros ne sont pas des êtres providentiels, même si leurs alliés et leurs adversaires les perçoivent très vite comme des êtres clefs. Non, ce sont en fait des "dénoueurs". Et leurs armes ne sont pas l'épée et le pistolaser, mais la négociation et la conciliation.
          C'est par cette tendance à déminer l'affrontement au profit de la compréhension (Équilibre), ou de l'évolution spirituelle (Le Mendiant de Karnathok) que l'oeuvre d'Alain le Bussy se singularise. Et même si dans Deraag la tentative d'accord entre peuples antagonistes échoue par le manque d'évolution de certains, l'échec n'est pas absolu. Le titre même de Équilibre est symptomatique de la quête que l'on trouve dans les romans de le Bussy. Et c'est en cela qu'ils sont précieux dans le monde de la S.-F. trop souvent marqué par le pessimisme simpliste et l'affrontement brutal.
          Pour Lodève le fécond Maître d'Esneux, comme on l'appelle familièrement dans le milieu de la science-fiction francophone, amènera certainement dans ses bagages plusieurs autres romans, dont Le Maître d'Iquand (parution en mai).


Notes :

1. Et non pas pour la nouvelle Le Jour des gens méchants, présentée au concours de la même année et avait également terminé bien placée.

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Biographies, catégorie Bios
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