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Avant-propos à Méduse, de Theodore Sturgeon

Marianne LECONTE

Méduse, recueil de Theodore Sturgeon, 1978

     N'a-t-on pas suffisamment répété que le space opera était un genre infantile, sans intérêt, semblable à un western galactique ? Tout comme l'on a clamé partout que la science-fiction était une littérature pessimiste !
     Théodore Sturgeon, l'un des plus grands écrivains de la science-fiction américaine, dont c'est le troisième recueil de nouvelles publié au Masque 1 dément ces affirmations de façon éclatante.
     Car Sturgeon, le chantre de la solitude humaine, le peintre de la souffrance des êtres en marge, des pauvres types, des paumés en tout genre, est aussi un incorrigible optimiste et un fabuliste hors-pair, se rapprochant plus de Jean de la Fontaine que de Wells.
     Chaque fois qu'il dépeint une humanité mesquine, batailleuse, sanguinaire, c'est pour montrer qu'elle peut s'améliorer, que tout n'est pas perdu.
     Dans aucun texte, et c'est net dans les quatre « opéras de l'espace » qui composent ce recueil, Sturgeon ne désespère de ses semblables. Quelles que soient les tares de l'humanité, il y a toujours en elle, quelque part, une étincelle de bonté et de sagesse fondamentale. Seuls les faibles vraiment irrécupérables, ceux que rien ne peut bonifier, sont condamnés dans l'œuvre de Sturgeon.
     Les trois premiers textes de ce recueil, (Méduse, L'Union fait la force et // n'y a pas de Défense.) datent des années quarante et remplissent bien les conditions exigées à l'époque de l'écrivain de science-fiction.
     Celui-ci doit, certes, raconter une histoire distrayante, mais cette intrigue doit reposer sur des extrapolations scientifiques. D'où, comme on le verra, des récits souvent surchargés d'explications. Car l'écrivain, soit qu'il jouât un rôle de visionnaire, en imaginant de toutes pièces de futures technologies, soit qu'il se servît de récentes découvertes, n'était pas toujours capable de comprendre et donc d'expliquer ces « inventions ». Il sombrait alors dans un charabia pseudo-scientifique dont il ne pouvait se dépêtrer.
     Les écrivains de cette époque jouèrent le rôle difficile de pionniers. Ils tentèrent d'expliquer de façon confuse un nombre incalculable de techniques qui depuis, et grâce à eux, sont passées de façon courante dans toute la littérature de SF. Ainsi on parle gaillardement de « saut dans l'hyperespace », de « replis de l'espace-temps », de « transmetteur de matière », « de champ de force » invisible et impénétrable, sans que les écrivains d'aujourd'hui soient obligés d'expliquer leur fonctionnement.
     Certains textes des années quarante se ressentent de cet état de fait. Mais l'amour immense que Sturgeon porte à l'être humain en fait, malgré ces quelques réserves, l'un des écrivains les plus attachants de la science-fiction, même si sa façon de s'exprimer tient parfois plus du fleuve en crue que du canal hollandais.

Notes :

1. Les enfants de Sturgeon regroupent les histoires douces, tendres, acides, cruelles, qu'il a écrit sur les enfants. Fantômes et sortilèges présente les contes fantastiques de l'auteur.

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Biographies, catégorie Bios
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