« Son œuvre est totalement sous-représentée en France » ( Stan Barets dans son Catalogue des âmes et cycles de la SF, à cause des aventures en série d'un superhéros — Le monde de la mort (J'ai Lu — Deathworld, 1960) et Appsala (J'ai Lu — Deathworld — 2, 1964) — et d'un hors-la-loi farceur — Ratinox (TSF — The Stainless Steel Rat, 196l) et Ratinox se venge (TSF — The Stainless Steel Rat's Revenge, 1970) — , à cause aussi de livres illustrés libertins — La Queue de la Comète (Humanoïdes Associés — Great Balls of Fire, 1977) — ou canularesques — Planète Story (Denoël — Planet Story, 1978). On oublie les anticipations de mise en garde, même traduites chez nous comme Prométhée en orbite (J'ai Lu — Skyfall, 1976), même portées à l'écran comme Soleil vert (PP — Make Room ! Make Room !, 1966) : on oublie une nouvelle comme Au bord des chutes ( By the falls, 1970 — in Cauchemars au ralenti, anthologie composée par Alain Dorémieux, Casterman, 1976) qui montre que notre auteur populaire a du talent pour la SF expérimentale, à laquelle il a fait la part belle dans les anthologies éditées seul ou avec son ami Aldiss.
S'il a choisi la « lisibilité » et l'humour à la Voltaire, c'est pour atteindre un public aussi large que possible et lui faire accepter son message peu conformiste : danger du natalisme prôné par les patriotes et les croyants ( Soleil vert), danger de l'énergie nucléaire même employée de concert par les USA et l'URSS pour une pacifique mission spatiale ( Prométhée en orbite), nécessité (dans Le Monde de la mort) de trouver une Troisième solution (1er titre du livre chez Albin Michel) entre le primitivisme esclave de la nature et la civilisation en guerre suicidaire avec elle, bestialité du patriotisme et du militarisme dans Bill, le héros galactique (la Découverte — Bill, the Galactic Hero, 1965), voire injustice des lois et bienfaits des hors-la-loi (la série « Stainless Steel Rat », dont un cinquième volume a paru en 1982).
Espérant ainsi contribuer à modifier les mentalités et, par là, le monde, H.H. n'est cependant pas un rousseauiste plein d'illusions sur la bonté de la nature et de l'homme : beaucoup de ses récits pourraient, comme Planet of the Damned (1962, non tr.), s'intituler « la planète des damnés » ; et « les damnés de la terre » se montrent, dans Appsala, peu faciles à tirer de la servitude, de la bassesse et de la bêtise. Evitant donc le simplisme dans ses thèses tout comme la pesanteur didactique dans sa manière, H.H. est un écrivain engagé qui sait être amusant et captivant : à ce titre, il mériterait d'être mieux connu en France, où la politique a trop souvent sombré dans l'ennui.
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