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Huxley Aldous

(GB- 1894/1963)

George W. BARLOW

Le Monde de la SF. M.A. Editions, juin 1987

          Sur sa cinquantaine de livres, ceux où l'on trouve de l'anticipation se comptent sur les doigts de la main, et c'est pourtant l'un de ceux-ci qui font sa célébrité : Le Meilleur des Mondes (Livre de Poche et Presse Pocket — Brave New World, 1932). Dès 1921, un des personnages de Jaune de crome (10/18 — Crome Yellow), devant l'écroulement des valeurs victoriennes, traçait le plan d'un « Etat Rationnel » ; mais quand l'auteur développa cette esquisse dix ans plus tard, ce fut une anti-utopie, d'autant plus odieuse peut-être qu'elle n'est pas fondée sur la contrainte comme le 1984 d'Orwell, mais sur la sélection génétique et les techniques de persuasion : parfaitement adaptés à leur place dans la société, ces hommes-termites songent d'autant moins à se révolter qu'ils disposent de puissants dérivatifs, sexe libre et drogue légale. Que cette « standardisation du produit humain » fut en marche, Huxley ne vit rien pour l'en faire douter quand, en 1959, il écrivit Brave New World Revisited (Retour au Meilleur des mondes — Presse Pocket).
          Entre temps, il avait peint à la fin de Jouvence (Presse Pocket — After many a Summer, 1939), un couple lubrique qui, ayant demandé à la science médicale d'éterniser ses plaisirs, régresse au niveau des singes ; et, dans Temps futurs (Presse Pocket — Ape and Essence, 1948), une humanité qui, par suite de mutations dues à la radioactivité, subit les rythmes du rut comme les bêtes et se livre au culte du diable : autres mises en garde, l'une individuelle, l'autre collective, pour notre société qui se veut libérée mais risque des servitudes pires que jamais.
          Pourtant, le roman de Huxley qui devait rester le dernier, ce fut... une utopie, L'île (Presse Pocket — Island, 1962) qui, pour ajouter au paradoxe, n'est pas sans points communs avec l'anti-utopie écrite trente ans plus tôt : enfants soustraits à la famille, élimination du tragique dans l'art, usage de la drogue, libération de l'amour. Mais le but est tout autre : pleine communion avec soi-même, les autres et le monde. La société qui permet cet épanouissement a cependant un gros défaut, sa fragilité : créée d'en-haut par un Radjah éclairé, elle est détruite de l'extérieur par une conspiration de fascistes, de capitalistes et de pseudo-mystiques. Cette conclusion pessimiste tend à prouver que Huxley n'avait guère foi en cet état idéal : faute de pouvoir le fonder sur des principes universellement admis comme More ou Campanella, il s'efforçait d'y prendre en compte l'homme total, sans pouvoir espérer convaincre la totalité des hommes.
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