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Après le passage d'une comète, l'humanité, à quelques exceptions près, est devenue aveugle. Profitant de cette circonstance, les Triffides — de redoutables plantes tueuses capables de se déplacer — attaquent l'homme. Ainsi résumées, Les Triffides (Opta, The day of the Triffids, 1951) ressemblent à la pire des SF, celle des pulps US aux couvertures vulgaires des années trente. Pourtant, dès sa parution en feuilleton dans le magazine anglais Colliers, le succès est immédiat, non seulement auprès des fans, mais surtout auprès du grand public, celui de la middle-class qui, malgré sa méfiance instinctive vis-à-vis des « billevesées » de la SF, se retrouve dans cette histoire de crise, racontée avec un souci minutieux du réalisme, de rares qualités d'observation et un sens aigu de l'humain, dans la plus pure tradition wellsienne.
Mais si Wyndham est « né » avec Les Triffides, devenant ainsi l'auteur-type du roman-catastrophe britannique — inauguré par Wells et sa Guerre des Mondes, et qui plonge ses racines dans le sentiment d'insularité anglais tout imprégné de masochisme —, cela faisait des années que, sous son véritable nom, John Beynon Harris écrivait dans les revues spécialisées américaines (débuts en 1931 dans Wonder Stories) et anglaises, oeuvrant dans une SF traditionnelle. La mutation a lieu à la fin des années 40 — après une période de stérilité littéraire due à la cassure de la guerre, à laquelle John Wyndham participe activement (débarquement en Normandie) — avec une nouvelle au titre prophétique Adaptation (ibid, 1949, in Le Livre d'Or de John Wyndham, composé par P. Duvic et présenté par D. Guiot, Presses Pocket, 1987).
Tout comme Wells, qui restera toute sa vie son modèle, Wyndham est passionné par la théorie de l'Evolution de Darwin. Voilà sans doute pourquoi la catastrophe — qui fait craquer le vernis de la civilisation, ramène l'existence à son niveau le plus primitif, celui de la survie, et oblige à élaborer de nouvelles relations avec l'environnement — à tant d'importance pour lui. S'adapter ou mourir ! Face aux Chrysalides (Club du Livre d'Anticipation, The chrysalides, 1954 ; aux USA Re-birth), ces mutants aux pouvoirs télépathiques nés après l'holocauste nucléaire, les Norms sont voués à l'extinction, tout comme en leur temps les dinosaures. Mais lorsqu'il se dévoie en darwinisme social, ce credo évolutionniste conduit à un dangereux pragmatisme pour lequel la fin justifie les moyens. C'est au nom de l'« obligation biologique de survivance » que le docteur Zellaby élimine ces Enfants aux mystérieux pouvoirs nés du « viol » de tout un village par d'invisibles extraterrestres (Les coucous de Midwich, Présence du Futur, The midwich cuckoos, 1957 ; aux USA Village of the damned).
Ecrivain divisé entre une certaine frilosité conservatrice (la peur de l'Autre) et un profond désir d'adaptation (le désir d'Autrui), Wyndham écrira au soir de sa vie l'émouvant Chocky (Club du Livre d'Anticipation, ibid, 1968), passant ainsi du « struggle for life » à la notion d'entr'aide universelle ; cette histoire d'un gamin qui a un extraterrestre dans sa tête est une réponse digne de Sturgeon aux Coucous de Midwich.
Lecture
- Le péril vient de la mer (Présence du Futur, The things from the deeps, 1952 ; aux USA The Kraken wakes)
- Le règne des fourmis (Etoile Double, Consider her ways, 1956)
- Le temps cassé (Présence du Futur, The seeds of time, 1956)
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