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Robert Bloch : 77 années de vie dont 62 d'écriture

Hélène OSWALD & Pierre Jean OSWALD

Le Cabinet noir n°47, mai 2000

          D'origine juive-allemande, Robert Bloch est né en 1917 à Chicago, d'un père caissier de banque et d'une mère institutrice dont il a dit que si elle avait eu moins d'obligations familiales à assumer, elle aurait pu devenir chanteuse d'opéra.
          La famille Bloch demeura à Chicago de 1917 à 1923 avant de déménager pour Maywood, une banlieue de la ville, puis de partir vivre dans le Wisconsin, à Milwaukee, où la mère du jeune Robert avait vécu avant son mariage.
          Considéré comme un enfant particulièrement doué par ses professeurs, qui lui firent sauter plusieurs classes, le jeune garçon se retrouva, à l'âge de huit ans, avec des élèves plus grands que lui de vingt centimètres avec qui il n'eut que peu de contacts, ce qui le fit se réfugier dans la lecture, puis, lorsqu'il eut douze ans, dans une passion pour le cinéma.
          Son magazine préféré était Weird Tales, le seul à l'époque à publier du fantastique. Parmi tous les auteurs du magazine, celui qui avait toujours été son préféré, depuis qu'à l'âge de dix ans il avait acheté son premier numéro, était H. P. Lovecraft à qui il adressa, alors qu'il avait quinze ans, une lettre de « fan », lui demandant comment trouver les numéros contenant des nouvelles de lui qui lui manquaient.
          « La réponse, a raconté Bloch (dans une interview publiée dans le numéro 3 de la revue Polar, première formule, juin 1979, dont sont extraites les autres citations qui suivent), vint de Providence, Rhode Island. Il me disait qu'il était en train de déménager, et qu'il serait très heureux de m'envoyer ses exemplaires personnels des magazines où avaient paru ses histoires. »
          Après un échange de quelques lettres, Lovecraft demande au jeune homme s'il lui est arrivé d'essayer d'écrire : « Si vous êtes intéressé de tenter l'expérience, je serais très heureux de lire vos histoires et d'en faire la critique. »
          De là datent les débuts d'écrivain de Robert Bloch : il envoie quelques histoires à Lovecraft qui, non seulement, ne le critique pas, mais l'encourage à continuer, tout en lui prodiguant de précieux conseils dont le nouvel écrivain va profiter au point que deux ans plus tard, il publiera sa première nouvelle dans Weird Tales.
          Avec le sens de l'humour et la malicieuse fausse humilité qui le caractérisent, Robert Bloch a avoué que ses premières nouvelles étaient influencées par Lovecraft et même, a-t-il dit : « A ma quatrième nouvelle, je demandai à Lovecraft de l'utiliser comme un personnage et de le tuer. Il accepta dans un petit texte en cinq langues, signé par son personnage Abdul Alhazred. Il lut ma nouvelle et me demanda s'il pouvait écrire une suite et me tuer à son tour. Il le fit et me dédia l'histoire. C'est pourquoi je pense que, quoi qu'il arrive, j'aurai toujours une place dans la littérature, probablement dans une note expliquant que je suis la seule personne à qui Lovecraft ait dédié une histoire. »
          Grâce à son mentor, il entre en contact avec ceux des admirateurs du maître avec qui celui-ci était en correspondance : August Derleth et Clark Ashton Smith d'abord, puis Henry Kuttner qui lui fit connaître Catherine Moore et Fritz Leiber.
          Dès lors, Robert Bloch ne cessera plus d'écrire, même si, s'étant marié et étant devenu père de famille, il doit, pour faire vivre sa famille, entrer, en 1952, dans une agence de publicité où il restera onze ans à rédiger des slogans pour la radio ou le show-business.
          En juillet 1943, il a déjà publié quatre-vingts nouvelles quand paraît dans Weird Tales sa nouvelle Yours Truly, Jack the Ripper qui attire définitivement l'attention sur lui.
          Après être retourné vivre pendant sept ans à Milwaukee avec sa femme et sa fille, il part pour Hollywood où il va travailler pour la télévision, collaborant à des séries comme Thriller, Alfred Hitchcock présents, Star Trek, I Spy, etc., et au cinéma pour lequel il écrivit de nombreux scénarios.
          En 1947, paraît son premier roman policier, L'Echarpe (The Scarf), qui sera suivi de plusieurs romans et recueils de nouvelles jusqu'à la parution, en 1959, de Psychose (Psycho) qui, porté à l'écran l'année suivante par Alfred Hitchcock, fera exploser son nom. Mais qui, traduit dans le monde entier, fera malheureusement, pendant nombre d'années, de l'ombre au reste de son œuvre. Celle-ci compte pourtant, outre ses très nombreuses et remarquables nouvelles, un grand nombre de chefs-d'œuvre romanesques parmi lesquels il faut citer : Le Monde des ténèbres (Night World), Le Boucher de Chicago (American Gothic), Autopsie d'un kidnapping (The Kidnapper), Un serpent au Paradis (There Is a Serpent in Eden), Le Crépuscule des stars (The Star Stalker) et Retour à Arkham (Strange Eons), son principal roman fantastique qui constitue un superbe hommage au maître de Providence.
          Lorsqu'il lui fut demandé quelles étaient, dans son œuvre, les genres auxquels allaient ses préférences, il répondit : « Je préfère sûrement mes histoires fantastiques, ensuite viennent les policières, celles de science-fiction en dernier et sans hésitation. »
          En ce qui nous concerne, nous mettons d'autant plus volontiers sur le même plan ses nouvelles fantastiques et ses nouvelles policières qu'il n'est pas toujours facile de les classer, ainsi que le rappelle ci-après Jean-Baptiste Baronian.
          Le maître du suspense, de la peur et de la terreur a quitté ce monde en 1994, à l'âge de 77 ans, après avoir consacré 62 années de sa vie à l'écriture.

 

          Robert Bloch en France
          Le principal artisan de la connaissance et de la reconnaissance de l'œuvre policière de Robert Bloch dans notre pays a été François Guérif à travers ses collections « Red Label », « Fayard Noir », « Engrenage international » et sa revue Polar,
          Quant à Stéphane Bourgoin et François Truchaud, c'est essentiellement à eux que l'on doit la publication des nouvelles et romans fantastiques. Le premier ayant à son actif un nombre important de recueils des nouvelles de Weird Tales, et le second ayant traduit et présenté le roman Retour à Arkham et quatre recueils de nouvelles fantastiques dont le premier, Les Yeux de la momie, a été réédité par « Le Cabinet noir » (N° 14).
          Si un grand nombre de ces publications ne sont plus disponibles aujourd'hui, certaines ont heureusement été reprises ou continuent à figurer dans des collections de poche.
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Biographies, catégorie Bios
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