Un être qui cache son visage sous un crâne de bouc, écrase des tablettes de strychnine qu'il mélange à de la drogue.
Blacksade et Weekly sont dans un cabaret où ce dernier s'enthousiasme pour un numéro de charme. Le détective, qui a rendez-vous avec Junior Harper, s'inquiète de son retard.
Tout commence quand Week, pour son journal, enquête sur le Blues de la Nouvelle-Orléans. En compagnie de Faust Lachapelle, un producteur de musique, il visite une prison qui compte dans ses pensionnaires nombre de grands musiciens du genre. À la sortie, Faust lui demande l'aide de Blacksad pour une affaire privée. Parce qu'il se sait condamné, qu'il veut mettre ses affaires en ordre, il veut le charger de retrouver Sebastian Flechter, un pianiste fameux. Celui-ci, héroïnomane, a disparu depuis plusieurs mois.
L'enquête entraine Blacksad dans Nouvelle-Orléans, la capitale de la musique de jazz. Le détective est confronté à une succession d'indications qui bousculent ce qu'il peut observer. Tous ceux qu'il rencontre concourent à embrouiller les cartes, que ce soient le fils de Faust, Thomas Lachapelle, la soignante, Madame Gibraltar et ses médecines proches de la sorcellerie, le confrère qui s'est vu dépossédé de l'affaire. De plus, l'aura de mystère qui entoure le passé de Sebastian, un Sebastian qui semble fuir Faust lui-même comme la peste, entretient le suspense. L'affaire rebondit encore quand Weekly retrouve Junior Harper défenestré...
Le quatrième volet des aventures du chat détective s'inscrit dans le décor de la nouvelle-Orléans, pendant le carnaval. L'ambiance de cette ville, dédiée à la musique, offre un contraste entre la tension de l'enquête, avec le danger qui rôde, et l'atmosphère festive qui entoure les protagonistes. Le retour du héros, après quelques années de silence est pleinement apprécié. Le scénariste donne une histoire bien construite, à la trame cependant assez classique. Il confronte son héros à une sorte de complot autour d'un groupe de musiciens révélé par un découvreur de talents, au flair remarquable. Parallèlement, l'auteur évoque les rapports entre producteurs et créateurs, les liens familiaux difficiles quand la place des uns et des autres demeure ambiguë, le rapport de force entre filiations et l'impact d'une vieille malédiction qui poursuit ses effets délétères depuis des générations. Il intègre, également, l'addiction à la drogue et les relations faussées qu'elle entraine
Avec ces éléments, Juan Diaz Canales construit une histoire passionnante, une intrigue de toute beauté dans le cadre magique de la musique du Sud des USA.
On peut, toutefois, regretter le passage mal négocié dans le déroulement de l'histoire entre présent et flashbacks
Juanjo Guarnido fait ce qu'il veut de son graphisme. Il possède l'art peu commun de savoir transformer n'importe quel animal en une représentation presque humaine et de lui faire exprimer des sentiments, en principe réservés aux seuls humains. Il dresse une galerie de personnages d'une grande diversité, faisant jouer, à chaque animal, le rôle que les moralistes lui ont affecté. Il donne quelques pages grandioses sur le carnaval, sur les défilés et sur la foule bigarrée.
L'Enfer, le silence, un titre on ne peut plus explicite signe un comeback on ne peut plus réussi !
Serge Perraud nooSFere 16/10/2010
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