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Album
Les Cendres de l'enfance
Série : La Voie du Sabre    tome 1 

Scénario : Mathieu MARIOLLE
Dessins : Mikaël BOURGOUIN, Federico FERNIANI, Yann TISSERON
Couleurs : Jean-Paul FERNANDEZ
D'après : Thomas DAY

Glénat , mars 2013
 
Cartonné
64  pages  Couleurs
ISBN 9782723472401
 
Quatrième de couverture
     « Confie-moi plutôt ton fils, il est vierge de toute mauvaise influence, son esprit est souple comme une herbe...
     Quinze années, vingt années, il me faudra bien cela pour vider sa tête complètement et lui enseigner la Voie du Sabre qui met dieux et femmes à genoux. »
Miyamoto Musashi
 
Critiques
     A l'origine de cet album se trouve un magnifique roman, peut-être le meilleur de Thomas Day à ce jour, car « composé en état de grâce » comme l'écrivait le pourtant très exigeant Jacques Chambon.
     Simple mais dotée d'une véritable profondeur, l'intrigue retrace l'apprentissage d'un jeune garçon dirigé par le fameux samouraï Miyamoto Musashi, authentique figure historique, dans un Japon dont le XVIIe siècle se teinte de Fantasy. Pour plus de détails, voir ma chronique du roman, parue peu après sa publication, voici déjà plus de dix ans...

     Lorsqu'un lecteur a aimé un roman, son attitude face à une transposition imagée est souvent ambivalente : on l'espère comme un hommage mérité, mais on la redoute comme une trahison possible. Soyez d'emblée rassurés : cette adaptation-ci se montre à la hauteur !

     On pourrait pourtant hésiter dès la couverture... Était-il judicieux de calquer ainsi la composition choisie par Guillaume Sorel pour la très belle couverture du roman : samouraï de dos, tenant deux épées, face à un dragon ? Mais Ferniani a fait le choix d'une image considérablement plus brutale, avec gueule de dragon féroce en très gros plan, vagues furieuses et rocher nu tourmenté. L'image contraste fortement avec la version beaucoup plus sereine et raffinée de Sorel, comme pour souligner qu'un même texte peut suggérer des visions différentes et pourtant de justesses égales. Après réflexion, la comparaison de ces choix parallèles s'avère intéressante : l'adaptation débute dès la couverture...
     Par la suite, la première planche suffit à confirmer les qualités graphiques de l'ouvrage. Paysages et décors fouillés, personnages expressifs, couleurs délicates... La vie de la cité s'impose en seulement trois cases puis une très belle scène de bain invite au s'immerger dans l'ambiance. Pas de doute, le Japon sera rendu palpable et vivant par un dessinateur qui, lui-même issu de l'illustration, soigne chaque plan avec minutie.
     De plus, les auteurs ont eu l'excellente idée d'inviter deux autres dessinateurs, Mikaël Bourgouin et Yann Tisseron, pour peindre les légendes qui s'insèrent dans le récit principal. Voilà une richesse supplémentaire de cet ouvrage, tant les styles diffèrent tout en se complétant harmonieusement.

     Si l'adaptation graphique séduit immédiatement, la narration n'est pas en reste. Certes le roman était déjà rythmé et riche en images fortes, mais le transfert d'un media à un autre n'est jamais chose évidente — on se souvient par exemple des trop ternes adaptations du Cycle de Tschaï.
     Ample, dense et captivant, le récit sait retrouver la grâce du roman, avec un bel équilibre entre action, découverte du monde, leçons de vie suggérées plus qu'assénées, morceaux de bravoure... où l'on retouve les thèmes chers à Thomas Day, comme le voyage, la liberté, la violence et tout particulièrement les violences faites aux femmes... A ce propos, n'hésitez pas à lire son excellent recueil Women in chains, paru chez ActuSF en 2012.

     Je n'ai rouvert le roman à l'occasion de la lecture de cet album et je n'ai donc pas comptabilisé la présence ou l'absence de tel ou tel détail. Je ne suis pas de ceux qui exigent d'une adaptation une fidélité à la virgule près et il me suffit que soient respectés l'esprit et l'émotion.
     A mes yeux, le travail de Mathieu Mariolle et Federico Ferniani s'affirme ainsi comme une réussite totale tant l'ambiance, la saveur et l'intelligence de la bande dessinée m'ont rappelé celles du roman, tout en leur apportant une imagerie spectaculaire et cohérente.
     Après avoir navigué sur les cités flottantes de Kido et calligraphié avec l'encre empoisonnée de Shô, j'attends désormais avec impatience de visiter le Palais des Saveurs et la Pagode des Plaisirs...

Pascal Patoz          
nooSFere          
09/03/2013          


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