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Album
La Prophétie de Korot
Série : La Roue    tome 1  Album suivant

Scénario : Goran SKROBONJA
Dessins : Drazen KOVACEVIK
Couleurs : Drazen KOVACEVIK

Glénat , coll. Vécu, janvier 2001
 
Cartonné
Format 293 x 215
64  pages  Couleurs
ISBN 2-7234-3276-9
Voir une planche.
 
Quatrième de couverture
     Léona... Princesse Léona du glorieux royaume de Khaïm. Tel est le nom du nouveau corps d'Alfred Chester... Un corps de femme qu'il doit apprendre à connaître. Tout comme il devra apprendre à survivre aux batailles féroces et aux sombres luttes de pouvoir.
     Dans la peau d'une femme à cause d'une femme... Car Chester est un tueur : dans un accès de violence, il a assassiné son épouse infidèle. Pour échapper à la peine de mort, il a accepté de se soumettre à « La Roue », un programme qui dissocie l'esprit du corps du condamné pour l'envoyer au hasard vers un univers inconnu...
 
Critiques
     En 2053, pour supprimer le problème de surpopulation des prisons, le criminel est condamné à « La Roue  »  : il s'agit d'envoyer son esprit dans le corps d'un autre individu, quelque part dans l'univers, pendant que l'on conserve son corps cryogénisé pendant vingt ans.
     Ce curieux voyage est permis par le « toh  », « une nouvelle particule libérée par le matazit, un minerai relativement rare, lors de son exposition à des processus dans les réacteurs nucléaires  ». A partir d'une certaine concentration, le toh créé un vortex électromagnétique qui plonge dans un étrange coma le sujet qui y est soumis...

     L'explication scientifique demeure un peu floue, mais l'idée de base de cette nouvelle série mérite qu'on s'y attarde. Si l'idée de planète-pénitencier est assez répandue en SF, il n'est pas habituel que l'on se débarrasse des prisonniers en les projetant au hasard dans l'univers. Cette solution soulève en effet d'épineux problèmes. Comment accepter éthiquement l'envoi d'un délinquant dans le corps d'un innocent ? Comment prendre le risque de disséminer des meurtriers en puissance sans bien savoir où ils vont se retrouver  ? Comment ne pas redouter les conséquences désastreuses que serait, par exemple, l'arrivée d'un être profondément violent dans un monde pacifiste  ? Visiblement, ni les gouvernements du XXIème siècle ni les auteurs ne se sont vraiment posés ces questions. Admettons...

     Alfred Chester va donc être projeté dans le corps de la princesse Léona, l'héritière d'un trône convoité par un vil usurpateur, dans un monde pseudo médiéval. Heureusement, Alfred est un être moral. Certes il a tué sa femme, mais il s'agit d'un crime passionnel qui témoigne plus de l'échec de sa vie que d'une vraie propension au mal.
     De plus, en s'emparant du corps de la jeune fille, Alfred lui apporte une énergie qui lui permet de tuer plusieurs guerriers, réalisant sans le savoir l'antique prophétie de Korot  : il/elle devient « la-mort-qui-danse  ».

     Le récit allie habilement la science-fiction et l'heroic fantasy, sur le modèle d'une classique épopée où de nombreuses et sanglantes batailles conduisent à la reconquête du trône. La présence de Chester, esprit d'un autre univers, enrichit l'intrigue pour au moins trois raisons.
     Premièrement, Ana, la dame de compagnie de la princesse, reconnaît la présence d'Alfred comme une possession par l'un de « ceux-qui-viennent-de-l'intérieur  »  ; la similitude entre la situation du prisonnier et la légende font que le lecteur suppose que d'autres cas de « possession  » ont eu lieu et qu'il s'interroge sur leurs significations.
     Deuxièmement, la relation qui s'établit entre Léona et Ana se teinte d'une homosexualité qui n'est qu'apparente puisque Léona est un homme. Ce thème est traité avec délicatesse, sans le côté racoleur que l'on pourrait craindre.
     Enfin, Léona va se trouver confrontée à un objet qui n'est autre qu'une roue de manège forain et dont elle/lui seul peut comprendre le fonctionnement.

     On le voit, la situation n'est pas simple et de nombreuses questions resteront sans réponses à la fin de l'album. Quel rapport y'a-t-il entre l'Ana de 2053 et l'Ana de ce deuxième monde barbare  ? Comment une roue foraine peut-elle se trouver dans cet univers sans technologie  ? le deuxième monde est-il une planète étrangère, un futur éloigné, un univers parallèle  ? La prophétie n'est-elle qu'un bête cliché de scénariste paresseux ou témoigne-t-elle d'un voyage dans un autre temps où le héros pourrait annoncer ses futurs exploits – déjà accomplis pour lui  ? Les quelques créatures fantastiques que l'on aperçoit, tels les Gnäums, vont-elles tenir un rôle plus important dans les volumes suivants  ?
     Si tant de questions se posent, c'est que Skrobonja a réussi à mettre en place un univers riche et intrigant, aux possibilités multiples, qui stimule l'imagination. Il reste à savoir s'il va pouvoir réunir tous ces éléments en une trame cohérente ou s'il va se perdre dans les contradictions d'un récit trop complexe.

     Pour l'instant, ce premier tome est en tout cas très réussi et particulièrement alléchant. Le dessin de Kovacevic est remarquable de finesse et de maîtrise, servi par de très belles couleurs. Les scènes de bataille sont somptueuses, les personnages très expressifs et le monde futur aussi convaincant que le monde barbare.
     Bref, un prix Bédécouvertes 1999 plus que mérité, dont on attend impatiemment la suite  !

Pascal Patoz          
nooSFere          
19/03/2001          


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