Sam est le privé « typique » des années 50 : le chapeau vissé sur la tête, le costume défraîchi avec la cravate dénouée, un air triste, une fâcheuse tendance à noyer sa déprime chronique dans le whisky et malgré tout l'incorrigible manie de rester « relativement » intègre dans un monde pourri et corrompu... Mais ce détective-ci est mort il y a cinquante ans et son esprit est depuis demeuré enfermé dans une bouteille de scotch... Ce n'est que lorsque celle-ci est brisée par de nouveaux arrivants que Sam est libéré et qu'il prend conscience de son état – mais que ce serait-il passé si la bouteille avait été simplement bue ? Savannah, la jeune femme qui emménage, décide justement de changer de carrière et de se lancer dans celle de détective – heureuse coïncidence ! Sam va suivre – et aider – les premiers pas de cette enquêtrice en herbe.
L'idée du détective fantôme n'est pas révolutionnaire mais elle est plutôt amusante, d'autant plus que Crisse a visiblement pris un certain plaisir à plonger son personnage de privé – quasi caricatural – dans le monde contemporain. Il nous a cependant habitué à mieux : son scénario, quoique plaisant, demeure tout de même assez superficiel. Notamment, la première enquête de Savannah – drogue et art contemporain – ne brille ni par son originalité, ni par son suspense. Heureusement, nous sommes plus intrigués par le mystère qui entoure la mort de Sam et qui sera sans doute progressivement levé au fil des albums. Comme tout bon fantôme – voir Santiag – , Sam ne trouvera sans doute le repos qu'après avoir compris pourquoi il demeure sur Terre...
Le dessin de Serge Carrère – habitué du polar puisqu'il dessine également Léo Loden chez Soleil – est dans la veine franco-belge la plus classique, dynamique et d'une grande lisibilité. On peut regretter qu'il n'ait pas davantage exploité les décors de la ville californienne, même si la première planche s'ouvre sur le Golden Gate Bridge et sur la vue très touristique d'un « cable car » et même si on a droit à la poursuite automobile obligatoire dans les fameuses « rues de San Francisco ».
Un album très classique et de bonne facture, peu novateur mais divertissant.
Pascal Patoz
nooSFere
01/12/2001
| 
