Après le choc du premier tome, comment a évolué cette très prometteuse histoire ?
La « tendre » enfance de Lomm constituait le sujet du premier volet, voici venu le temps de l'adolescence. Lomm vit maintenant avec une meute de jeunes volants rejetés du nid familial comme c'est l'usage.
A l'issue d'une rencontre de hasard le groupe accueille deux nouveaux membres que Lomm n'apprécie pas. L'hostilité est réciproque. Elle éclate lorsque Lomm s'interpose pour empêcher l'un d'entre eux de violer une des femelles de la meute. L'affrontement est interrompu par le passage d'humains dans les alentours. Mis au défi par son adversaire de tuer une femme et son enfant pour prouver sa nature de volant, Lomm les laisse s'enfuir. Il se déconsidère aux yeux des volants qui le renient, et est rejeté dans la solitude.
Cette suite est décevante, car la dimension inhumaine du premier volet est complètement estompée. L'évolution de Lomm est exemplaire de l'incohérence avec la ligne amorcée dans le premier épisode. On quittait alors le personnage sur un acte qui atteignait les tréfonds de l'horreur, le genre de chose qui vous met irrémédiablement, psychiquement parlant, au ban de l'humanité. Et nous le retrouvons ici, adolescent, comme le porte-parole, certes encore hésitant, de valeurs humaines telles que la charité. D'où tient-il ces attitudes, lui qui a grandi dans un monde où tout le contraire est enseigné ? La morale serait-elle génétique ? Une main divine est-elle intervenue entre les deux épisodes ? A croire que soudain il ne s'agit plus du même univers.
La description d'un monde implacable laisse la place à la chronique des moeurs d'une bande de petits voyous. On trouvera dans ce volume les péripéties qui scandent les itinéraires d'adolescence à la dérive : les rapines, les petits chefs qui deviendront grands, les pièges d'un monde hostile, les blessures narcissiques, les errements de la sexualité. Il ne manque que la drogue pour compléter le tableau. On était dans la tragédie, on bascule dans le récit d'apprentissage.
Néanmoins, dans ce genre, l'album est réussi et se lit avec plaisir, d'autant plus que le dessin et la couleur n'ont rien perdu de leur beauté crépusculaire. Cà et là le récit est traversé d'éclairs tragiques. Mais l'orage s'est éloigné.
Sylvain Fontaine nooSFere 01/12/2003
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