Liam et Emilie se sont découverts des dons de télékinésie et de télépathie à la suite de cauchemars provoqués par les mystérieuses expériences d'une société secrète. Pourchassés par celle-ci, les deux adolescents se sont enfuis et se terrent désormais dans les sombres ruelles de Londres... Une nouvelle victime est découverte, le crâne ouvert et le cerveau retiré. Non loin, le cadavre d'un chat présente la même mutilation... Pendant que la police, le journaliste Lewis et le docteur Freud mènent chacun leur enquête, une lutte pour le pouvoir déchire la société des chasseurs de rêves...
Comme dans le premier tome (voir la critique de Liam et Emilie), on retrouve cette ambiance qui mêle sans complexes polar et psychanalyse, steampunk et fantastique, savants fous et magie noire. En revanche, malgré une narration éclatée qui dynamise le récit et un rythme qui semble soutenu, l'intrigue piétine quelque peu, sans apporter d'élément réellement nouveau. Les adolescents s'évadent, se font reprendre, se réévadent, mais nous n'en apprenons guère plus sur la vraie nature des expériences menées. Quant à l'affrontement grandiloquent des deux maîtres de la société secrète, à coup de grandes prêtresses du sexe et de rayon de la mort, il n'ajoute rien de bien intéressant et frise même le grotesque.
Bref, voilà un deuxième tome qui se lit sans déplaisir mais sans tenir les promesses du premier. Au lieu d'étoffer le rôle de Freud, manifestement dépassé par les événements, ou de donner une consistance aux univers où les rêves conduisent les enfants, les auteurs se sont attardés sur une Emilie abandonnée, tremblante de fièvre, qui gémit jusqu'à la page 33... pour se retrouver subitement en pleine forme page 34 ! Ainsi que sur les emportements emphatiques et exaltés de Forcass, dont on sera pourtant débarrassé avant qu'il ait pu accomplir quoi que ce soit de décisif pour l'intrigue — à part quelques meurtres supplémentaires. Néanmoins, l'univers mis en place conserve un potentiel non négligeable. Si les auteurs recentraient le récit sur ces fameuses expériences, tout en maintenant cette ambiance si particulière, un regain d'intérêt serait possible.
Pascal Patoz nooSFere 21/09/2005
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