Dans l’Angleterre industrielle de la fin de 19e siècle, la misère est grande et les enfants travaillent dès leur plus jeune âge. Dans un quartier pauvre de Manchester, Elizabeth Griffith se bat, malgré les loyers impayés, pour garder le local dans lequel elle peut éduquer une quarantaine d’enfants, leur octroyant l’espoir d’une autre vie. Mais la spéculation immobilière bat déjà son plein et, nonobstant tous ses efforts et ceux de quelques collègues, elle est expulsée par la force. L’expérience est finie ! Charlotte, sa sœur cadette, épouse un riche héritier, grand chasseur devant l’Éternel. Le jour du mariage, il évoque à son beau-père, son projet de mettre un tigre des Indes dans sa collection de trophées. Ce dernier prend un malaise. Celui-ci a vécu aux Indes, mais garde un farouche silence sur les circonstances qui l’ont obligés à revenir. Elizabeth, dans la maison familiale, reçoit des lettres de sa sœur partie, avec son mari, à la chasse au tigre. La découverte d’un portrait à l’aquarelle, envoyé par Charlotte accable son père qui meurt brutalement. Aux obsèques, un homme qui se présente comme le frère de l’ancien associé du père d’Elizabeth aux Indes, lui remet les notes qu’il avait rédigées sur les événements en vue d’en faire un roman. Il abandonne ce projet, étant trop vieux. Il les confie à Elizabeth qui va découvrir, ainsi, les fondements de la malédiction qui s’attache à leur famille…
Avant d’évoquer le travail de Frank Giroud, il faut parler de celui de Michel Faure qui réalise un album en couleurs directes nous régalant d’images et de teintes toutes plus agréables pour l’œil, les unes que les autres. Il est aussi à l’aise et traite, avec la même passion, les quartiers misérables de Manchester ou la flamboyance de la jungle indienne. Il est passionné, autant que le scénariste, par tout ce qui touche l’aventure avec un grand A et la part de mystère et de fantastique qui accompagne les chasses au trésor. Il nous fait partager toute la fébrilité, la tension qui accompagnent ces expéditions pleines de dangers et restitue l’atmosphère d’une telle équipée. Par une mise en page au plus près des personnages, il retranscrit l’intensité de leurs sentiments.
Frank Giroud propose l’exploration et les causes d’un secret né dans les drames successifs, quand tout le vernis de civilité s’effrite face à la recherche et l’espoir de la richesse. Il campe des personnages quelconques magnifiques, surprenants, attachants ou répugnants selon… Le choix de la mise en scène, axée essentiellement sur des gros plans de personnages, appuie le travail psychologique de construction de ces acteurs de l’histoire. Une fois encore, Frank Giroud revient sur un de ses thèmes de prédilection : le libre arbitre possible compte tenu de la prédestination et du poids de l’héritage familial.
La première partie de Samsara est un album de 78 planches superbement écrit et illustré. Chapeau, Messieurs !
Serge Perraud nooSFere 26/08/2007
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