C’est la fête ! Les Hommes et les Bêtes de Haute taille scellent un pacte de paix en mariant Loup-de-Feu, le fils du Seigneur Loup, avec Aube, la fille du Seigneur Arcan. Mais Salviat, le frère de la mariée, ne partage pas la joie générale. Que poil et peau s’unissent, que semblables et différents s’accordent lui semble contre nature. Ce sentiment reste partagé tant par des Bêtes que par des Humains.
Aube répugne à cette union au point de comploter avec son frère... Alors qu’elle se rend dans ses appartements, attendre son époux, son père tente de la convaincre qu’il ne pouvait pas faire autrement, que c’était la seule solution. Elle l’invective, lui criant que le fruit d’une telle union va être un blasphème, une injure au ciel.
Aussi, quand Salviat fait irruption dans la chambre, où sont réunis les deux mariés, pour poignarder Loup-de-Feu, Aube frappe son époux et s’enfuit avec son frère. L’attelage qui devait les emmener a été attaqué par des bêtes de Basse taille. Il ne reste qu’une monture sur laquelle Salviat place Aube, la pressant d’atteindre le bois des vierges, un lieu sacré pour tous, mais pas pour ceux qui y rentrent…
Et la guerre reprend avec encore plus de force, plus de rage. Ces conflits épuisent les forces de part et d’autres. Chaque camp cherche le champion qui pourra vaincre définitivement l’ennemi…
Jean Dufaux reste égal à lui-même et trousse une fable, une histoire de la plus belle eau sur cette tentative de réunir deux races dissemblables.
Par contre, son récit est magnifié par un graphisme et une mise en couleurs exceptionnels. Béatrice Tillier a déjà signé des albums qui font référence et sont réédités régulièrement. Ainsi Fée et tendres automates a fait l’objet d’une intégrale chez Vents d’Ouest, en novembre 2007. Elle réalise, pour cet album, un travail remarquable, sur les décors et les costumes, sur les personnes et les animaux, attribuant à ces derniers des expressions tout à fait humaines.
La mise en couleur qui joue sur l’opposition entre les blancs de la virginité, des paysages enneigés et les rouges du sang largement répandu, des flammes qui accompagnent les combats, est superbe. On oubliera bien volontiers quelques vignettes moins réussies que les autres, tant l’ensemble est d’une grande beauté.
Le Bois des vierges augure d’une série d’exception avec la conjonction de ces deux créateurs au sommet de leur art.
Serge Perraud
nooSFere
05/03/2008
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