L’armée chrétienne a été défaite à la fois par les Sarazins d’Ab’dul Razim et par le Simoun D’ja, ce terrible vent du désert. Gauthier de Flandres, qui jugeait que c’était une folie, n’a pas voulu prendre part aux combats. En compagnie de Nakash, il veut se rendre chez les juifs de Samarande pour faire alliance. Torturés par la soif, ils arrivent à un puits. L’eau est empoisonnée par Le Maître des Machines. Surgi des dunes, un vieillard efface le maléfice et leur offre une eau pure à boire. Mais Gauthier sait que rien n’est gratuit dans le désert. Il lui faudra, pour payer sa dette, ramener le Miroir des âmes que possède Syria d’Arcos, une Syria en grand danger. Sa sœur et l’amant de celle-ci l’ont envoyée dans un piège. Elle est capturée par Sarak Pacha, atteint de la maladie d’Isis. Gauthier peut-il, pour faire alliance avec les juifs, vaincre la AA et sauver Syria ? Pendant ce temps, Ab’dul Razim est confronté au Qua’dj, le démon qui rampe dans l’ombre de la Croix.
On connaît l’art de Jean Dufaux, un des maîtres actuels du scénario, à proposer des histoires humaines, ennoblies par l’intrusion de l’aventure, de l’ésotérisme, du mystère et du fantastique. Avec cette croisade « oubliée », il confronte ses personnages à une lutte contre des entités supérieures, qui manipulent ceux qui font office de dirigeants. Il intègre, à des sentiments très humains comme le goût du pouvoir, la recherche de l’amour, des considérations philosophiques sur le nature humaine, sur les concepts religieux, sur la nature et le rôle du démon. Il utilise des images symboliques comme ce miroir qui révèle la véritable nature de ceux qui s’y mirent. Croisade est une épopée où se croisent les destinées de trois peuples qui veulent imposer leur puissance sur Hiérus Alem, la Ville sainte. Pour animer et faire vivre cette fable aventuro-philisophico-religieuse, il a conçu une galerie de personnages attachants, magnifiques dans leur doute, dans leur recherche pathétique d’amour et de puissance et dans leur noirceur.
Philippe Xavier, formé à l’école des comics, exécute un graphisme tendu, dégageant une force brutale, celle de la nature inhospitalière comme celle des humains. Il réalise un travail fabuleux sur les décors (hors les dunes !) et sur les personnages.
Il faut remercier l’éditeur pour la réalisation de ces doubles pages où l’auteur peut laisser une certaine démesure se développer.
Jean-Jacques Chagnaud est vraiment LE Coloriste de ce début de XXIe siècle. Il joue avec une palette de tonalités qu’il sait mettre en œuvre pour tirer le meilleur de l’intrigue et du dessin. Un véritable travail d’orfèvre.
Ce second volet de Croisade est un très bel album, comme on aimerait en rencontrer plus souvent et qui fait attendre avec fébrilité la conclusion annoncée dans Le Maître des Machines.
Serge Perraud nooSFere 27/10/2008
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