Kerrin se concentra, projeta son esprit autour de lui. Il rencontra son frère, les danseurs, les chevaux. Sans bouger il continua à explorer les alentours. Il sentit les rapaces embusqués dans la forêt. Puis le silence, l'ombre et tout-à-coup, il heurta un esprit plein de fureur et de haine. Il tenait le cavalier Anesh, le Sans Don, le seul de son clan à ne pas être un mutant, et qui de désespoir, était devenu un assassin. Kerrin fit signe aux Kearis et ils se mirent lentement en route vers le puissant faisceau d'émotions qui brûlait l'esprit de Kerrin et le guidait. Ils arrivèrent devant une tente en peau décorée de perles d'où sortait une fumée. Kerrin s'arrêta. Son rôle était terminé. Les Guerriers de la Danse se déployèrent.
Elisabeth Lynn est une jeune Californienne. Elle a déjà publié, dans Titres SF, L'œil du peintre, et a reçu le World Fantasy Award 1980 pour son deuxième roman Tour de guet (Titre SF), début d'une trilogie, Les Chroniques de Tornor. Les Danseurs d'Arun en est le deuxième tome.
1 - (non mentionné), Le Pays d'Arun, pages 7 à 7, carte 2 - (non mentionné), Généalogie, pages 8 à 8, notes
Critiques
Second tome des Chroniques de Tornor, qui devraient en comprendre quatre. Les danseurs d'Arun ne se présente pas comme une suite directe de La tour de guet mais se borne à en reprendre le cadre géographique et le contexte social.
Kerrin est le descendant de Sorren, héroïne ambiguë de La tour de guet. Il est amputé d'un bras à la suite d'une attaque de son village natal, et remplit les fonctions de scribe au donjon de Tornor, jusqu'au jour où son frère Kel, membre d'un kearas, vient le chercher et le soustraire à cette vie où son infirmité pèse plus lourd de jour en jour. Kerrin apprend alors ce que signifie la fraternité, et il développe progressivement ses dons de visitant, qui lui permettent de communiquer par la pensée avec les autres.
Mais, au-delà de l'histoire particulière de Kerrin, Elizabeth Lynn s'attache à décrire avec beaucoup de finesse et d'émotion la vie quotidienne des kearis, les danseurs, et les relations très fortes qui les unissent. Là où La tour de guet opérait un renversement subtil et graduel des valeurs en substituant peu à peu un point de vue « féminin » à un code « masculin », Les danseurs d'Arun développe en détail ce type de rapports fondés sur l'amour, l'entraide et la compréhension, sans écarter — et c'est ce qui donne au livre sa densité et sa crédibilité — les problèmes que posent de telles attitudes de non agression face à la violence, individuelle et collective.
Elisabeth Lynn confirme là un des talents les plus extraordinaires apparus ces dix dernières années aux États-Unis ; avec un vocabulaire simple, elle brosse un portrait poignant, intelligent et passionnant d'êtres différents, mais aussi tellement proches et tellement humains que le lecteur se sent porté à les aimer dès les premières lignes, et sort du roman transformé. Les danseurs d'Arun est incontestablement un livre, non pas « essentiel » ou « important » car sans prétention, mais de ceux qu'il est possible de compter aux nombre de ses amis très intimes.
Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantesAndré-François Ruaud : Cartographie du merveilleux (liste parue en 2001) pour la série : Tornor (les chroniques de)