Première parution en 1961 (non référencée dans nooSFere).
50 - Le Calcul et la théorie, pages 204 à 204, article
Inédit.
51 - L'Étrange Docteur, pages 205 à 206, nouvelle
Inédit.
52 - (non mentionné), La Bête de Rio-Branco, pages 207 à 207, article
Première parution en 1960 (non référencée dans nooSFere).
53 - Les Losanges magiques, pages 208 à 208, nouvelle
Inédit.
54 - (non mentionné), Le Bon Dieu lave plus blanc, pages 209 à 209, article
Première parution en 1961 (non référencée dans nooSFere).
55 - L'Enfant et le philosophe, pages 210 à 210, nouvelle
Inédit.
56 - Superman, pages 211 à 211, nouvelle
Inédit.
57 - Héraclite et Carrington, pages 212 à 212, notes
Inédit.
58 - (non mentionné), Jean Seberg, pages 213 à 213, article
Première parution en 1966 (non référencée dans nooSFere).
59 - Les Acides aminés, pages 214 à 214, article
Inédit.
60 - Regrets, pages 215 à 215, nouvelle
Inédit.
Critiques
Fereydoun Hoveyda, ce fut d’abord F. Hoda, le critique passionné qui anima pendant des années la rubrique cinématographique de cette revue. C’est ensuite l’écrivain qui a publié dans Fiction quatre courtes nouvelles où le fantastique et la S.F. étaient abordés par le biais d’un humour léger, comme dans Le péché originel (n° 83) et L’éternel triangle (n° 114), tandis que l’insolite naissait de la mise en parallèle de deux séries d’événements sur le rapport desquels le lecteur était invité à extrapoler ou de l’angle de vue adopté par le narrateur pour envisager une anecdote somme toute banale, comme dans La manne du ciel (n° 108) et La cendre (n° 148). C’est aussi l’essayiste dont l’Histoire du roman policier fait autorité dans les milieux universitaires – qui, contrairement à une légende tenace, sont loin de mépriser les genres populaires. C’est enfin, pour s’en tenir au strict plan littéraire, l’auteur de quatre romans parus chez Gallimard dont le caractère traditionnel – du point de vue du critique œuvrant dans cette rubrique – ne masque pas pour autant les deux sources fondamentales de leur inspiration, les deux amours de F. Hoveyda, le cinéma et le rêve. De cet être à facettes, il était normal d’attendre un livre à facettes. Voilà qui est fait avec Le losange.
Autour des récits déjà parus dans Fiction et de quelques autres où sont utilisés les mêmes procédés ou le même ton, se groupe une cinquantaine de textes qui, sous diverses formes – poèmes en prose, short-stories, petits contes moraux, coupures de presse, dépêches A.F.P., citations de philosophes ou de physiciens, courtes réflexions personnelles, etc… – ont trait à la S. F., au fantastique ou à l’insolite. L’idée directrice qui les relie est empruntée, de l’aveu même de l’auteur, à un ouvrage collectif américain où il s’agissait pour « quelques chercheurs fort sérieux, de mettre par écrit leurs hypothèses les plus farfelues, leurs songes les plus échevelés (qu’ils cachent généralement faute de pouvoir les expérimenter en l’état actuel de la science) ». Et F. Hoveyda précise un peu plus loin : « rêver un peu, entrevoir si possible un autre monde que le mien, mélangé au mien : voilà en quoi consiste essentiellement mon dessein ». Excellentes intentions que personne ici ne songerait à désavouer ! Malheureusement l’Enfer en est pavé et le livre que nous tenons entre les mains n’y répond que partiellement ou, plus exactement, selon le point de vue où on se place pour le juger.
Les éléments constitutifs du recueil – et F. Hoveyda en est sans doute trop conscient pour qu’on s’abstienne de le signaler – sont souvent d’un intérêt mineur. Ou bien ils reposent sur des données minces comme ce n’est pas permis en des temps de S.F. et de fantastique de plus en plus élaborés dans leur forme et leurs idées. Ou bien ils nous entraînent dans des terres déjà fort civilisées et d’autant plus avares d’imprévu que l’auteur semble se faire un devoir d’y respecter les garde-fous et les passages cloutés. Contrairement à F. Hoveyda dont le dernier roman, Dans une terre étrange, montre qu’il n’a heureusement pas liquidé en lui cette part de l’enfance propice à un constant émerveillement, le consommateur de littérature fantastique que je suis a peut-être perdu ses facultés d’étonnement… Toujours est-il que les songes échevelés promis me paraissent assez sagement peignés.
La déception est moindre au niveau de l’ensemble. En adoptant pour ses textes une disposition rhombique – très courts au début, ils s’étoffent progressivement jusqu’au centre du livre pour décroître ensuite de même – F. Hoveyda n’a pas entièrement cédé aux joies gratuites du jeu de puzzle. Peu intéressants en eux-mêmes, les détails de cette mosaïque littéraire finissent, en se combinant, par donner de l’univers une image à la fois complexe, riche de mystères, et solidement unifiée que la géométrie du losange, avec ses possibilités de symétrie et d’étirement kaléidoscopiques, est tout à fait apte à traduire matériellement. D’autre part, comme c’est le fond qui commande la forme, le dessin général de l’ouvrage nous invite à revenir au détail pour y chercher « l’esprit même du losange » que l’auteur nous dit avoir introduit dans plus d’une nouvelle, conduit en cela par sa vision particulière de l’homme et du monde. Il y a là l’occasion d’un exercice assez hygiénique pour les cellules grises. J’avoue humblement m’y être un peu perdu mais la géométrie du livre a au moins le mérite de personnaliser tout ce qui y relève de la compilation.
Très curieusement, on en vient ainsi à apprécier dans Le losange des qualités qui ne sont pas profondément inhérentes à l’auteur. Le charme de F. Hoveyda tient à la discrétion de son approche du fantastique et au caractère simple, plein de gentillesse, enfantin – au meilleur sens du terme – de son imagination. Comme nous l’avons vu, celle-ci peut être servie et enrichie par l’intellectualisme formel, très « nouveau-roman » parfois, de l’adulte ; mais n’est-ce pas à ses propres dépens dans la mesure où cette subtilité, par le jeu du contraste, rend primaire ce qui n’était que naturel et vide ce qui n’était que discret ? Sorte de Douanier Rousseau de l’imaginaire, F. Hoveyda craindrait-il d’assumer pleinement et franchement sa naïveté ? Dans une terre étrange faisait déjà état de ce défaut et, comme ce livre, Le losange me fait finalement penser au caillebotis, pittoresque spécimen du bestiaire de Boris Vian, qui se caractérise par une tête très lourde et un corps ne contenant qu’un peu de vent. Quoi qu’il en soit, le néophyte y trouvera une assez bonne introduction à la thématique de la S.F. et du fantastique. Quant à l’amateur éclairé, il pourra trouver un certain plaisir à le consulter, à petites doses et de temps en temps, comme un dictionnaire portatif de l’Étrange ou une Défense et Illustration de l’Imaginaire.