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La Nuit aux yeux de bête

Monique Alika WATTEAU



PLON (Paris, France)
Dépôt légal : 1956
Première édition
Roman, 272 pages, catégorie / prix : 7,10 NF
ISBN : néant
Format : nd
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture

    Aujourd'hui, nous ne croyons plus aux métaphorphoses et pourtant, à de certaines heures, à l'issue de certaines rêveries, il nous arrive d'évoquer l'opération magique grâce à laquelle nous pourrions connaître les terreurs et les plaisirs d'un autre  « règne » — d'un règne interdit aux humains...

    C'est à cet extraordinaire voyage que nous invite Monique Watteau en nous racontant l'histoire d'Élisabeth. La sureté d'un art insolite l'audace de la sensualité, l'envoûtement des paysages exotiques, le poids d'un merveilleux toujours concret, nous entraînent dans un univers fabuleux, dont Monique Watteau a su faire son domaine. En renouvelant les découvertes de son premier roman La colère végétale, l'auteur a conquis parmi les jeunes romanciers actuels, une place tout à fait à part et qui lui appartient en propre.

 

    L'auteur invente, aidée par sa connaissance des pays tropicaux, un nouveau fantastique. Dans toutes les littératures, il n'y a rien de comparable à la peinture des vertes angoisses mortelles que tente Monique Watteau.       Albert-Marie SCHMIDT (Réforme)

    Une langue direste. Un pouvoir d'évocation très grand. Cette simplicité qui, avec des mots presque hors du langage littéraire, fait voir les choses comme si on les touchait.     Robert COIPLET (Le Monde)

    L'originalité de Monique Watteau est d'avoir annexé au domaine de la légende les réalités charnelles auxquelles elle prête la voix d'un érotisme tendre qui rend, dans les aveux féminins d'aujourd'hui, un son inusité.     Guy DUPRÉ (Combat)

Critiques

    J'avais signalé en son temps « La colère végétale », le premier livre de Monique Watteau, où se révélait ce qu'il est convenu d'appeler un tempérament. Cette jeune romancière nous en a donné un pendant avec « La nuit aux yeux de bête » (Plon), où l'on retrouve ce lyrisme incantatoire et cette poésie voluptueuse qui semblent lui être propres. Il n'y a pas de mauvais sujets en littérature, il n'y a que des façons de les traiter. Ceux de Monique Watteau, disons le mot, « ne cassent rien ». Elle nous avait décrit naguère la vengeance des dieux verts ; elle nous conte ici une histoire d'amour baroque à trois personnages, dont deux féminins : un tarsier changé en femme et une femme qui se changera en tarsier. Le procédé est le même : jouer sur la correspondance entre le plan de l'humain et un autre règne. Le règne végétal basculait dans l'humain lors du précédent roman de Mme Watteau ; dans celui-ci, l'humain et le règne animal s'interpénètrent. Suggestion et mystère, art de l'envoûtement, netteté des sensations dans des optiques insolites, exotisme à la fois documentaire et quintessencié, délire païen filtré par le raffinement d'une culture très occidentale, tels sont les principaux registres où l'auteur exerce sa virtuosité. Car, et c'est là l'essentiel, Monique Watteau sait ce qu'elle fait et le fait à ravir. On s'apercevra peut-être à son quatrième ou cinquième roman que son clavier est limité (je n'en sais rien : je pose l'hypothèse). Mais pour le moment, elle y donne des récitals en artiste pleine de fougue, d'élégance et de technique. Elle a du souffle ; elle excelle à développer un long phrasé moelleux parcouru d'inflexions ; elle ne se lasse pas et ne nous lasse pas. Son talent est extrêmement, excessivement, infiniment féminin. Voilà qui a de quoi plaire ou déplaire suivant les goûts. Mais il y a de toute façon deux choses que l'on ne peut ignorer en elle, c'est qu'elle est un peintre de la nature (plus précisément de la nature tropicale) et un chantre de l'amour rempli d'extase et de miraculeuse ferveur. La sève qui irrigue son style est celle-là même qui coule dans les plantes de la forêt vierge et bat dans les veines de la femme amoureuse dont elle a fait son héroïne. Il y a là une sensualité tendre et un érotisme émotionnel qui donnent à son œuvre un ton très personnel. Je ne sais si elle a entièrement tiré parti de son histoire de femme-animal et d'animal féminin sur le plan du fantastique. On ne peut s'empêcher de penser à ce qu'un John Collier par exemple en aurait fait en l'axant davantage vers l'ambiguïté et l'équivoque. Et puis, c'est un sujet qu'il est difficile de prendre complètement au sérieux et qu'elle prend très au sérieux. L'éloge à faire à son talent sera de dire qu'elle a su en tout cas le traiter sans ridicule. Et son livre est bien séduisant. 

Alain DORÉMIEUX
Première parution : 1/5/1957 dans Fiction 42
Mise en ligne le : 15/9/2025

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