Page 2 sur 3. Revenir page 1 L'intérêt suscité par
notre chronique des BANDESSINEES parue dans le numéro 7 de MERCURY nous oblige
à revenir sur ce sujet aujourd'hui. Nous laisserons d'abord la parole à C.
Soulard qui exposera son point de vue sur la situation de la Femme dans
diverses B.D.. Ensuite, C. Duveau nous parlera de cette nouvelle bande qu'est
PHOEBE ZEIT-GEIST. Ce n'est qu'après que nous compléterons l'exposé concernant
le Statut de la Femme dans les B.D. d'avant-garde.
Nous remercions nos deux
correspondants pour les documents communiqués.
Gérard Temey
Statut de la femme dans la bande dessinée d'avant-garde (suite)
Claude SOULARD & Gérard TEMEY & Christian DUVEAU & P. DELPECH
Ici je voudrais plus particulièrement parler de votre excellent article « Statut de la Femme », bien que je ne sois pas une des lectrices sollicitées par votre éditorial, mais bien un lecteur très intéressé par ce sujet.
Déjà J. Chambon nous avait, dans le précédent numéro (MERCURY n° 6), dressé un rapide portrait de la charmante SCARLETT DREAM qui a pris la place de BARBARELLA dans « V » Sélection. Dans le numéro 4, nous trouvons sous la même plume, fort bien inspirée semble-t-il, un « James BOND de l'espace » qui nous donne un aperçu sur la naissance ( ?) de la star de B.D. BARBARELLA, grande héroïne faisant songer, dites-vous, à un matriarcat futur.

Vous permettrez que je vous présente mon point de vue, d'une part parce que je doute que beaucoup de lectrices lisent « V » Sélection et vous répondent, d'autre part parce qu'il est parfois bon de comparer ses opinions.
Vous considérez, dans votre historique de la B.D., la femme comme l'indispensable partenaire d'un mâle supérieur et centre d'intérêt de la bande. C'est le cas de Tarzan, de Guy l'éclair, du Fantôme ou de Mandrake et de bien d'autres — même de la majorité des bandes produites aux USA dans l'Age d'Or. Mais pourtant n'oublions pas que notre cher « Bicot » — Branner — , celui qui fit rêver plusieurs générations de bambins avec son « club » et ses « copains » n'est, en réalité, qu'une faible partie des aventures de Winnie Winkle (SUZY, en France) qui est finalement le personnage principal et ce, depuis 1924 ( ? ).
Peut-on oublier aussi ces héroïnes qui ont nom Diane, Cora (Godwin) ou Princesse Thanit pour ne citer que les plus célèbres. Depuis l'avènement de la B.D., les auteurs ont pensé que la femme était un argument indispensable pour l'attrait de leurs bandes. La B.D. était malgré tout le reflet de la vie et puisqu'elle s'adressait aux adultes plus qu'aux enfants, elle pouvait et devait soumettre le cas de la femme dans la société.
Ainsi, Hal Foster qui voulut faire de Prince Vaillant un héros solitaire, par suite de la mort de la douce Ilène, sa fiancée, dut s'incliner devant la volonté des lecteurs et créer la belle Aleta qui lui donna des enfants.
La femme fut donc un personnage indispensable à la B.D. et si quelques-uns comme Godwin en firent le pôle d'attraction de leur récit, ils se limitèrent aux relations normales aux autres bandes sans pour cela faire penser à un quelconque matriarcat. La seconde guerre mondiale devait, du moins aux USA, apporter un renouveau dans la B.D.. Miss Lace bien sûr, mais aussi Wonder Women et les héroïnes de comics books qui vinrent troubler le bon ordre établi. Une forte sensualité se dégageait de ces personnages, mais ce n'était pas là le règne annoncé.
En France, l'après guerre vit naître des genres littéraires bien précis comme le roman noir dont l'un des chefs de file fut Boris VIAN ( J'irai cracher sur vos tombes )  . C'est dans ce genre que s'illustrèrent de nombreuses héroïnes comme la Môme double shot de G. Maxwell, qui connut les tirages des James Bond actuels, Miss Dorothy, Bomb
Baby, Muriel... Véritables explosifs concentrés, toutes ces demoiselles de
romans noirs naissaient du besoin des hommes de se libérer des souvenirs
atroces de la guerre et de retrouver dans cette littérature un prolongement à
leurs désirs cachés. 
La loi de 1949.sur les publications destinées à la jeunesse — qui n'était que l'annulation de la liberté de la presse, bien qu'appliquée avec plusieurs années de retard à un domaine très éloigné des B.D. — mis fin à cette littérature ( ainsi des romans de S.F. ne virent jamais le jour ou furent sabotés comme La fleur diabolique paru en France dans la collection Le Rayon Fantastique).
Mais pour reparler des B.D., c'est en 1948 sous la plume du dessinateur David que naquit la première PIN UP française. Héroïne très dénudée et fort belle, elle était de mœurs très strictes. Ce personnage aguichant n'était là que dans un but moraliste. Il s'agissait de Barbara Smith qui, nantie de nombreux amis et fiancés entreprenants, devait à son astuce et au hasard de faire triompher son honneur et la vertu en général.
Ci-contre : deux planches des aventures (moralisatrices) de Barbara SMTH du dessinateur J.David. Ici, la femme joue (avec l'homme) au chat et à la souris. Ancienne conception des rôles Masculin/Féminin.(doc. C. Soulard)
Le même David dessina, en 1950, une version de Carmen ou la belle cigarière avait les formes généreuses d'une Sophia Loren. Mais là encore aucune allusion au matriarcat. Les héroïnes de romans noirs se virent également portées en B.D. En 1953-54 parurent aux Editions Mondiales une douzaine de numéros de ces adaptations de romans précédemment publiés dans une des dix séries qui paraissaient régulièrement. Donnons ces titres, pour information : La môme Hopy se fâche, Amours perverses, Voluptueuse espionne, Cette fille est sans pitié, Elle ne perd pas son temps, Du sang dans la sciure, Blankie joue et gagne, L'ange est déchaîne, Tout ça pour une fille, Ah les vaches !, On liquide les espions, Des lèvres a tuer pour elles. Cette série, bien qu'écrite en argot de roman, était relativement intéressante. Bien dessinée et érotique, elle ne fût jamais pornographique.

Ci-contre, en haut, LE GARS BLANKIE, B.D. tirée d'un roman noir ; dessous, à droite : femme active dans une bande de F. Harman (L'AVENTUREUX, 1940). H.Deutsch voit, dans ces actions, la réalisation des deux composantes féminines : masochisme et narcissisme. Le compromis final prendrait le faux nom d'héroïsme.
En dessous : deux images superposées de « LE MYSTERE LITTLEPIG » de J.David.
En bas et à gauche : CARMEN 50 (scénario de J. Vigneron, dessin : Art Studio J. David).Hélène Deutsch dit de ce personnage célèbre « On lui prête toujours un charme féminin narcissique infini, dont elle use pour ravir les cœurs des hommes dans un but cruellement sadique.(...).Carmen ne dirige pas seulement l'arme de son agressivité contre autrui, mais aussi et surtout contre elle-même, pour satisfaire son propre masochisme ». (H.D. La Psychologie des Femmes, tome I — P.U.F.) — (doc. coll. : C. Soulard)
Voici donc un panorama dont ma conclusion semble être relativement claire. Avant Barbarella, pouvait-on prévoir que la B.D. montrerait un jour la naissance du matriarcat ? Il semble évident que non. Il reste néanmoins une question à poser. Les Barbarella et autres Alika nous entraînent-elles réellement vers ce nouvel état de la société comme vous semblez vouloir l'admettre ? Pour ma part, je pense que malgré tous les efforts que l'on fait pour prouver le contraire, et en cela vous n'êtes pas les seuls à avoir posé le problème, la femme dans la bande dessinée reste profondément féminine (= amour maternel ou sexe faible) avec tout ce que signifie ce terme, et cela vient du fait que ce sont des hommes qui les conçoivent et les dessinent.
Claude SOULARD
Précisions à propose de « JANE »
par Christian.DUVEAU
 « JANE » est une bande antérieure à BARBARELLA et qui paraissait dans le DAILY MIRROR (de même que dans PARIS-Jour). Son auteur l'abandonna, et JANE... DAUGHTER OF JANE lui succéda, qui était dessinée par MAZ — Albert MAZURE — ,toujours dans le Daily Mirror (et en Italie IL GIORNO). MAZ semble avoir abandonné, à son tour, cette héroïne (ce qui est regrettable puisque dans l'une des dernières bandes il se tournait vers la S.F.) pour APE, détective privé vedette de romans policiers (paraissant, en France, aux Presses de la Cité et aux Presses Internationales ). Signalons en passant que MAZ dessina en alternance avec Billy HATTAWAY
— je crois — « ROMEO,détective privé ».
PHOEBE ZEIT-GEIST — petite cousine
par Christian DUVEAU
La revue littéraire U.S. EVERGREEN offre à ses lecteurs de nombreux agréments, l'un des derniers, mais non des moindres, a été la publication de plusieurs épisodes de la traduction anglaise de Barbarella — Evergreen 37, 38, 39. Signalons à ce propos que la bande de J.C. FOREST doit paraître au printemps en album chez GROVE à New-York -. Agrément qui ne serait que mineur pour le lecteur français depuis longtemps sensibilisé aux charmes.... évidents de la blonde héroïne si une brune petite cousine d'Amérique n'était venue la rejoindre dans les pages du numéro 38 de novembre 1965.
A cette heure deux épisodes (le second figurant dans EVERGREEN 39 de février 66) seulement de The adventure of Phoebe zeit-geist, bande écrite par Michael O'DONOGHUE et dessinée par Frank SPRINGER sont parus. Les notes qui vont suivre ne devront donc être considérées que comme des impressions premières  .
Ci-dessus : Phoebe dans les épisodes 1 et 2 (EVERGREEN 38 et 39)
Le graphisme de SPRINGER est séduisant, net et ferme (est-il d'ailleurs besoin de rappeler qu'il réalisa de nombreux horror-comics des années 50).Les jeux d'ombres de même que les hachures sont particulièrement bien utilisés.
Sans doute cette bande ne serait-elle pas née si Barbarella ne l'avait point été avant elle, et cependant, contrairement aux scénarios des B.D. dont nous entretenait l'article — Statut de la Femme ( voir MERCURY n° 7 ), le scénario de PHOEBE tout aussi (sinon davantage) aberrant et démentiel, semble plus original... O'DONOGHUE s'écartant de la voie tracée par FOREST parmi les étoiles. Il est toutefois évident que leur combinaison rencontrant un succès certain, les auteurs ont tenu à mélanger érotisme, sadisme et humour dans des proportions qui... en valent bien d'autres.
Venons-en au premier des trois éléments : l'EROTISME.
Phoebe est une ravissante personne de 24 ans, à l'agréable physionomie, dont les cheveux coulent en vagues sombres (le fétichiste n'est pas oublié) jusqu'à des reins exquis, à la poitrine agréablement et fermement moulée, et enfin aux longues jambes... joli corps dont on ne nous laisse rien ignorer (enfin presque : merveilleux jeux d'ombres) puisque dès la sixième image du premier épisode, la jeune femme soumise à un strip-tease forcé se trouve nue, totalement, intégralement nue. Voilà. qui ne saurait m'autoriser à parler d'érotisme : le nu est beau, il ne devient érotique, l'érotisme étant une intellectualisation, que placé en situation. Ce sont ici nos pulsions sadiques, seules, qui peuvent nous faire trouver cette bande (bien modestement) érotique.
Notre héroïne se trouve, à demi inconsciente, livrée à la cruauté démente d'un ex-officier nazi. Notons à ce sujet l'anti-germanisme et 1'anti-communisme primaires qui se révèlent dans de nombreuses B.D. américaines. En effet, que ce soit dans les comics des firmes DC, Marvel ou ACG, les héros ont toujours une forte propension à lutter contre un mal dont les disciples — instruments stupides — portent des uniformes ornés de ronds rouges ou de croix gammées. La limite est d'ailleurs fluctuante entre communisme et nazisme et, bien souvent, les représentants d'une puissance de l'Est, au teint jaune ou au lourd visage de slave, sont vêtus de tenues qui ne dépareraient point des officiers SS. Mais revenons à notre propos : le SADISME. Le tortionnaire de Phoebe, après avoir déchiré sa robe, la contraindra, la cravachant, à se dévêtir ; puis à l'aide d'une corde lui ayant lié les poignets, tentera de lui faire lécher la boue qui souille ses bottes. La malheureuse Phoebe n'ayant aucune tendance à la coprolagnie, refusera et sera cravachée et cravachée encore. La corde attachée à un hélicoptère, Phoebe partira à sa remorque (premier épisode : Tarpit Terror ), traversera ensuite de façon fracassante quelques gigantesques panneaux publicitaires avant de plonger, la corde étant coupée par une flèche, vers une menace imprécise, vers l'enfer préhistorique. Il me semble que les allusions à la préhistoire, il est notamment constamment question de félin géant, sont trop souvent répétées pour être involontaires. Les auteurs ont dû songer, alors qu'ils faisaient traîner Phoebe par l'hélicoptère, heurter par les panneaux ou les feux de signalisation, à ces dessins humoristiques où l'homme de la préhistoire traîne la femme par les cheveux, insouciant des pierres de la piste qui la meurtrissent et la blessent.
Le parti pris d'HUMOUR se révèle constamment, que ce soit dans les situations, que ce soit dans l'emploi des onomatopées. Dans les situations : Phoebe « survole » un marchand de hot-dogs et ses clients, puis un terrain de base-ball couvert de joueurs mais personne ne prête la moindre attention à cette belle femme nue placée dans une situation pour le moins inhabituelle. Il nous parait de même amusant que sa frêle personne puisse briser d'imposants panneaux publicitaires ou encore de la voir incurver son corps en une magnifique figure de plongeon lorsque se rompt la corde la liant à l'hélicoptère. Dans les onomatopées, peut-être n'est-il pas besoin d'insister sur les sifflements de la cravache qui vont du ZWACKK. au THHWWT...ZZZZZSSSIIIST...SSSSSSST. Beaucoup plus intéressants sont les sons (allitération douteuse) que donnent le corps de Phoebe et les panneaux dans leurs heurts. « Buvez Coca-Cola » se brisant fait un commun KRAASH, alors qu'une réclame pour un motel donne le splendide KAT-BLAM et celle signalant une maison de jeux (l'action se place en Californie) WHOOOH, la rencontre du corps de Phoebe et d'un panneau de bois laisse entendre l'élastique BLUMP, alors que son mons veneris exhale un WOK douloureux au contact d'une plaque de métal.
Je ne pourrai en m'attachant au contenu latent de la bande qu'illustrer les deux caractéristiques dégagées dans l'article précédemment cité.
L'hyper-érotisation physique : pour n'être pas agressives, les formes très très féminines et, je l'ai déjà dit, plus que largement dévoilées. La masculinisation morale ou plus exactement (à mon avis) la virilisation sociale  consiste en ce que Phoebe est une femme moderne émancipée et une femme forte tant mentalement que physiquement puisque les sports orientaux de combat n'ont plus de secret pour elle. De même son bourreau ne peut la contraindre à se dévêtir, ne peut la cravacher sans qu'elle tente un seul geste de défense que parce qu'elle est droguée : « Normalement j'aurais neutralisé cet homme avec quelque prise... mais la drogue m'a laissée affaiblie, sans puissance pour résister ». Ce qui traduit bien l'impuissance relative (celle de l'ex-nazi ne l'est peut-être pas car il n'ira pas jusqu'au bout de son attitude, se contentant des prémices sadiques du viol) de l'homme face à la femme qui s'affirme peu à peu son égale sur le plan social. La femme se virilise et l'homme se trouve par là émasculé (fait caractéristique, les seuls personnages masculins autres que l'allemand sont vus faisant la cuisine ou jouant), il était tant habitué à la maintenir dans un état de dépendance proche de l'infériorité, soit par une sorte d'esclavage, soit en l'adorant comme un bel objet sans esprit... L'un des moyens pour l'homme de recouvrer sa puissance est d'humilier la femme, de la sentir faible, d'une faiblesse contrainte ou simulée. de la sentir soumise.
Phoebe zeit-geist est une bande qui ne manque pas d'attraits. Ils sont ceux de l'héroïne. Une bande séduisante malgré son substrat inquiétant, n'était l'humour. Mais l'humour n'est-il pas l'une des formes expressives de l'agressivité ?
Christian.Duveau
Alors que nous tapions sur stencils l'article de notre correspondant, nous avons reçu un Addenda consécutif à la parution du troisième épisode de PHOEBE,le voici.
PHOEBE — ADDENDA
par Christian DUVEAU
Peril driver, troisième épisode de Phoebe zeit-geist a paru. Les caractéristiques et, partant, les qualités tant du scénario que du dessin ne diffèrent guère, à mon sens, de celles que j'ai tenté de dégager dans mon article.
Le graphisme est admirable et le style est assez personnel. Cependant, le travail artistique diffère ici assez sensiblement de celui, moins soigné, plus nerveux, auquel se livrait Frank Springer dans certains des comics-books édités par la firme DELL : Charlie-Chan, Toka, Jungle King, Ghost stories etc. Seuls, peut-être, l'emploi judicieux des hachures et des ombres, ainsi que certains profils de femmes pourraient révéler que ces comics et Phoebe sont l'œuvre d'un même dessinateur... n'était la signature.
Venons-en à l'histoire. Nous avions abandonné notre héroïne alors qu'elle plongeait dans le vide. Eh bien, son plongeon s'achève dans un fleuve qui l'entraîne, l'entraîne. Elle revoit alors divers épisodes marquants (il y a de quoi !) de sa vie. Puis, alors qu'elle s'abandonne à l'étreinte de la mort, un bras jaune et puissant l'arrache aux flots. Son sauveur est un vieil archer japonais aveugle... Après avoir réconfortée notre héroïne, il la tuera d'une flèche dans le cœur. Mais cette fin ne sera pour Phoebe qu'un commencement puisqu'on nous annonce de nouveaux épisodes où nous la retrouverons dans sa tombe et au-delà.
Ci-dessus : en haut, PHOEBE dans l'épisode 3 ; au-dessous, une image de CHARLIE-CHAN ; dessous et à droite, LITTLE ANNIE FANNY (PLAYBOY Mai 1966)
EROTISME, SADISME et HUMOUR sont toujours présents et difficilement dissociables. Si les deux premiers thèmes dominent dans le dessin — permettant d'imaginer d'intéressants prolongements — où l'on découvre Phoebe enchaînée nue et engluée de coléoptères, l'humour est ici, plus encore que dans les deux premiers épisodes, violent et destructeur. Je ne peux, pour ma part, m'empêcher de sourire au vu de la vieille et énorme comtesse agenouillée aux pieds de Phoebe dansant, pour lui faire ce qui ressemble fort à une déclaration d'amour saphique doublée de l'aveu de tendances masochistes, ni de goûter, vertu réjouissante du sacrilège, la vision de la jeune femme liée sur une croix. Je n'irai pas jusqu'à déduire de ces deux situations, adoration et crucifixion, qu'il faille assimiler Phoebe au CHRIST ...et pourtant ! Amusante aussi est l'image où le soleil couchant dessine partiellement en fond le drapeau de l'Empire du Soleil Levant, ou la prononciation du meurtrier de Phoebe qui rappelle curieusement celle de Tweety, le canari zozoteur des cartoons, « solly » remplaçant sorry et « velly » l'adverbe very.
Quelles surprises nous réservera encore cette bande ? Attendons les prochains épisodes pour le savoir.
Notes :
On connaît les circonstances qui ont amené VIAN à écrire le livre. (NDLR)
A l'heure qu'il est, le troisième épisode est paru dans EVERGREEN n°40.
Il nous paraît difficile d'utiliser ici ces deux termes. En effet, une virilisation sociale est une transformation entérinée par la société par suite de l'accord de l'opinion ou « consensus ». Rien de tel n'est constaté en l'occurrence.(NDLR)
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