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Statut de la femme dans la bande dessinée d'avant garde.

Jean-Pierre FONTANA

Mercury N° 4, 6, 7, 9,10 et 11, décembre 2002

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Statut de la femme (suite)
par G.Temey

Ainsi que nous l'avons annoncé au départ, nous allons répondre ici, assez brièvement car cette Chronique s'étend en longueur, à notre correspondant C. Soulard en tâchant de mieux préciser notre pensée. Dans notre article précédent (voir MERCURY 7), nous avions tenté de déduire certaines notions qui apparaissaient comme constantes dans des B.D. d'avant-garde relevant curieusement de la S.F. ; d'autre part, nous n'avons jamais prononcé le mot « matriarcat », sachant trop ce que recouvre ce terme. Dans nos sociétés, les liens de descendance resteront encore longtemps de type patrilinéaire.

Il se trouvait que, dans les B.D. étudiées, c'était le rôle de la femme qui avait changé. Nous pensons que cette transformation du rôle correspond à une transformation du Statut lui-même de la femme. Cette transformation représenterait une prochaine étape de la réalité féminine. En effet, le rôle d'une femme comme GESEBEL GESEBEL est publiée par Andrea Corno. Cette bande est assez belle et est imprimée en noir et blanc et en couleurs. Le premier numéro date de février 66, publ. mensuelle. n'est pas le même que celui de Barbara Smith. De même au sein de la S.F. des bandes comme COSMOS AN 2200 (Fusco) ou celle de Buffa GOODMAN, B.D. quelconque réalisée par Attilio Buffa. Le numéro 1 est paru en déc. 65. Cette publication récente est également mensuelle. mettent en scène des personnages tout à fait conventionnels. Le mâle a ici un rôle prépondérant.


C'est bien une distorsion qui se produit entre l'image de cette « femme objet, douce et sensible, »esclave et reine du foyer« » E. Sullerot, La Presse Féminine (Armand Colin, coll. Kiosque), ou de ces lectrices de photo-romans qui, aux dires d'E.Sullerot, sont « sentimentales, conservatrices, morales, sérieuses » et qui « aiment les bons sentiments... » (ibid.), et l'image type de nos héroïnes de B.D.. Mais C. Soulard note justement qu'il ne faut pas oublier que c'est l'homme qui dessine les B.D. et qu'elles s'adressent à des hommes. Cela ne supprime cependant pas le problème qui se pose concernant la valeur de cette entité féminine qui est au centre de l'histoire. Que signifie un tel désir de mise à parité de la femme qui cesse d'être bovaryque pour devenir dynamique ? E. Sullerot touchait déjà le problème du doigt lorsqu'elle disait :« ... la presse féminine se masculinise chaque année davantage.... nous permet-elle de penser que nous nous acheminons vers une civilisation de femmes masculinisées' et d'hommes féminisés ? » (ibid. p. 248).


Bel exemple de mainmise féminine sur un pauvre mâle abusé : GESEBEL, la corsara dello spazio. N° l — Fév.1966

...L'esthétiqued'une Sylva Koscina, toute bouche ouverte.

Nous désirons donner maintenant quelques informations sur l'aspect plutôt psychologique de la question puisque le côté esthétique a été dévoilé par J.Chambon et J.P. Fontana dans notre premier article.

La Psychologie Sociale travaille depuis plus de trente ans à élaborer des concepts tels les notions de Rôle, de statut, de leadership etc. Pour l'anthropologue américain R.Linton., le rôle représente « l'aspect dynamique d'un statut ». Cette définition simple est utile pour nous. Elle sera reprise par A.M. Rocheblave-Spenlé Anne-Marie Rocheblave-Spenlé, La Notion de Rôle en Psychologie Sociale (P.U.F.) qui, dans une synthèse, dira : « alors — que le statut constitue un concept statique et structural, le rôle représente un point de vue dynamique et personnaliste » (p.106). La société secrète des modèles culturels qui définissent les statuts qui, eux, se réalisent dans des rôles. A l'inverse des sociétés « primitives », les sociétés modernes offrent un très large éventail de rôles prescrits. D'où l'origine des nombreux conflits entre rôles, pour un même individu.

Si donc le rôle est « un modèle organisé de conduites, relatif à une certaine position de l'individu dans un ensemble interactionnel » (O.Klineberg), les rôles de nos héroïnes de B.D. correspondent à un ou des statuts originaux. Ne peut-on y voir l'aboutissement de la transformation actuelle du statut de la femme dans nos sociétés ?

Pour Hélène Deutsch, psychiatre l'obédience freudienne, la femme de par sa constitution anatomique est essentiellement passive et masochiste. Pour cet auteur, l'héroïsme féminin n'existe pas, la femme cherchant à mettre seulement en valeur son Moi à travers un compromis entre son masochisme et son narcissisme H. Deutsch, La Psychologie des Femmes - t. l (P.U.F.).Il est, je crois, inutile d'insister là-dessus : autant de bandes, autant de preuves.

C'est Margaret Mead qui a le mieux, en Amérique, expliqué le phénomène de transformation des statuts. Notre vision des choses s'en trouvera un peu modifiée.

Le problème des sociétés modernes est celui de la rivalité des femmes en quête d'hommes. La femme étant libre, elle devient sujet et n'assume plus son ancien rôle d'objet. Par contre-coup, l'homme peut devenir objet, il attendra qu'on veuille bien venir le chercher. L'homme est essentiellement malléable et les catégories « masculin » et « féminin » qu'engendrent les sociétés sont investies de multiples qualités contradictoires ou identiques.

Au chapitre 4 de Male and Female, M.Mead dit :« Ainsi, père et mère, frère et sœur, voisin, prédicateur et professeur, future belle-mère, maîtresse éventuelle, Don Juan local et pédant de village, de concert avec les bandes dessinées, la radio et les films, fabriquent l'image des différents types d'hommes et de femmes qui seront aimés, appréciés, détestés et ignorés par leur propre sexe, par le sexe opposé ou par les deux. » C'est pourquoi les modèles d'identification proposés à l'heure actuelle à la jeunesse sont si troublés, si divers, si fluctuants et incohérents. BARBARELLA en sort victorieuse, en dernière analyse, car son dessinateur ne fait pas reposer le monde imaginé sur la vie contemporaine — le rôle de BARBARELLA — ou de X dans le genre qui nous intéresse — ne paraît aberrant que par rapport à celui de la femme du début de ce siècle. Il l'est déjà moins par rapport au rôle reconnu de la femme ou de la jeune fille « dans le vent ». Lisons encore Mead, toujours au chapitre 4 de Male and Female, elle dit :« Tout au long de l'histoire, les activités les plus complexes ont été définies et redéfinies tantôt comme masculines, tantôt comme féminines, tantôt comme n'étant ni de l'une ni de l'autre .... Une fois qu'on a décidé qu'une activité est réservée à un sexe, la participation de l'autre devient difficile et compromettante ».

Au total, nous pensons (c'est redire ce qui avait été dit dans MERCURY 7) que le monde reflété dans les B.D. d'avant-garde est un monde qui prend le contre-pied de notre situation actuelle pour ce qui est principalement des modalités de statuts. Cet univers risque de devenir invivable — tout autant que notre propre monde — et où la femme sera implicitement inapprochable, elle qui, suivant la conception d'H.Deutsch est pétrie d'imaginations de viol et chez qui tout souhait narcissique prédomine. Un monde n'est viable qu'en équilibrant les valeurs. M.Mead l'avait déjà dit dans Male and Female :« Arriver à comprendre que ce monde-ci n'est pas un monde édifié par les hommes seulement, où les femmes seraient soit des dupes, des niaises désarmées et sans volonté, soit de formidables intrigantes dissimulant leur pouvoir sous leurs frous-frous, mais un monde construit par le genre humain pour des êtres des deux sexes, exige un effort considérable des hommes aussi bien que des femmes. Dans un monde ainsi fait, le rôle des hommes et des femmes a été tantôt bien et tantôt mal conçu. Tantôt ce sont les hommes qui ont une vie plus facile, alors que les femmes passent leur temps à se faire tirer les cartes, à rêvasser, à se masturber, à courir les gigolos, à s'offrir des maladies somatiques, quand ce n'est pas la folie. Tantôt, c'est le rôle des femmes qui serre de si près les réalités qu'elles offrent l'image d'une relative sérénité, pendant que les hommes poursuivent des chimères. Mais il ne fait pas de doute que chaque sexe se ressent de la possibilité donnée à l'autre de jouer son rôle. »


NOTA : Le N° 31 (27 avril-3 mai) de ARTS ET LOISIRS affiche, à la Une, une macrophoto de Scarlett Dream accompagnée d'un titre attirant. Les promesses ne sont pas tenues puisque l'article incriminé se borne à passer en revue certaines héroïnes de B.D. ex abrupto.

Mercury n° 9-10, mai 1966

Bandes dessinées
Actualité



Nous nous sommes déjà fait l'écho ici-même de cet incroyable — pour un observateur étranger — prolifération de FUMETTI PER ADULTI en Italie et dans lesquels la S.F., le Fantastique, l'Epouvante, le style du roman policier se mêlent à de multiples perversions. Les adultes ne semblent pas prêter grande attention au phénomène et ce sont surtout les enfants qui achètent et lisent ces bandes qui se trouvent être en vente libre.


Pour être plus complet, il nous faut citer, outre les traditionnels et bénins albums qui sont bimensuels ou mensuels tels Nembo-Kid, Superboy, Gordon et Prince Vaillant, et Sélène qui, bien qu'amélioré, ne paraît plus, Alika (très mauvais ces derniers temps),Gesebel, Venus (du Selene sous-développé), Joe Sub et Mister X (policiers), Satanik, Killing et Genius (photo-romans), Fantax, Fantasm, le douloureux Sadik, Magnus, Spettrus, Super-Women (ça fait plus riche) Uranella (« Fantasmagie »), Vamp (exemple : La Cita' Nuda), Diabolik, Isterik, Vampir (très, très médiocre), Isabella, Kriminal (60ème titre), Infernal, Barbel, Demoniak, Goodman, Magik, Atoman Killer, Goldman il Playboy... et l'ineffable, l'épouvantable et sublime Masokis qui recule loin les limites de la censure et de l'aberrant. Nous ne doutons pas de votre empressement à tourner cette page, il est légitime. Sachez seulement que ce n'est qu'un minuscule exemple de ce qui se trouve dans MASOKIS .


Dans le prochain numéro de MERCURY, G. De Turris et S. Fusco parleront de l'Histoire des B.D. italiennes.

P. Delpech

Mercury n° 11 — septembre 1966

 
 

Notule à propos de Scarlet Dream

par Jacques CHAMBON

Chaque époque est marquée par un grand mouvement idéologique ou artistique. Il y a eu le jansénisme, le positivisme, l'existentialisme. Pour nous, grands amateurs de B.D., voici venir le temps du Barbarellisme. Finie la mâle geste des héros invincibles ; les littératures d'expression graphique s'engagent sérieusement dans la voie du matriarcat !Sur des scénarios de Cl. Moliterni, une cousine de Barbarella due à la plume de R. Gigi, a fait son entrée dans les pages de « V.Magazine » depuis le N°579 (Eté 1965), et une brune Marie Mathématique toute armée des charmes de ses seize ans vient de surgir de la cuisse de J.C. Forest sur nos écrans de Télévision.

Si j'ai récemment comparé Barbarella à un James Bond de l'espace (MERCURY n° 4), je rapprocherais volontiers Scarlett Dream, la nouvelle héroïne de « V.Magazine », de OSS 117 dans la mesure où ses aventures d'espionnage se déroulent dans un univers nettement contemporain. Plus jeune fille, plus ingénue que Barbarella, Scarlett Dream n'en est pas moins perverse : elle ne manque pas une occasion de dévoiler son corps de nymphette et ne répugne pas, dans l'épisode intitulé « L'Ile des Hommes Perdus », de céder au charme vénéneux d'une mystérieuse Zarda extrêmement sadienne. Si les scénarios de Moliterni sont moins démentiels, si le trait de Gigi a moins de personnalité et de vigueur que chez Forest, il se dégage de chaque plan une finesse d'expression et une élégance bien accordées au sybaritisme à la fois très Yé-Yé et très 18ème siècle que prônent les personnages. A suivre de près par les Barbarellâtres.

Nous reviendrons sur Marie Mathématique. Contentons nous pour le moment de signaler aux intéressés que ses aventures passent sur la 2ème chaîne, dans l'émission Dim-Dam-Dom qui a lieu le dernier jeudi de chaque mois. J.C. Forest inaugure, à partir de papiers découpés, un nouveau style d'animation accompagné par de très poétiques complaintes. Le résultat est étonnant.

Mercury n° 6 — octobre 1965
 
Le James Bond (en bi-mono ou pas-kini) de l'espace

par Jacques CHAMBON

Après les excellents articles de Jacques Goimard (parus dans les n° 111 et 137 de Fiction) sur la formidable Barbarella qu'un Jean-Claude FOREST en pleine crise de virtuosité, flanqué d'un Eric Losfeld plus que jamais condottiere de l'édition, fit naguère apparaître sur Lythion au sortir d'une fusée-œuf qui vaut bien le coquillage Boticellien, je n'ai pas la prétention (et encore moins la compétence) d'apporter une eau originale à un moulin déjà fort bien alimenté. Mais Barbarella est une œuvre extrêmement riche et la révélation éblouie que je viens d'en avoir ayant correspondu à une lecture assez intensive des romans de Ian Fleming, il m'a semblé intéressant d'esquisser ici un parallèle thématique, qui ne saurait en aucun cas être exhaustif, des deux plus extraordinaires héros de bande dessinée ayant vu le jour depuis Flash Gordon, Tarzan, Mandrake, Superman, Le Fantôme et consort ... Barbarella et James Bond se sont en effet révélés d'emblée, tels l'illustre fils du vieux Don Diègue, superbement dignes du « sang » de ces toujours jeunes patriarches, à la fois leurs pères et leurs pairs : mille excuses pour le calembour prudhommesque.


Je vois tout de suite le visage des spécialistes se décomposer et leurs mains tresser fébrilement la corde qui va me pendre : « Barbarella, une héroïne de bande dessinée ? C'est l'évidence même !Mais James Bond ? Ce prétentieux qui se pavane sur tous les écrans pour le bonheur des femmes frigides soudain révélées à elles-mêmes ! Ce pantin qui va se prostituer jusque dans les vitrines sourit niaisement à côté du carton indiquant le prix — exorbitant — d'une paire de chaussures ou d'un complet-veston à la sophistication dévirilisante ! Ce minus dérisoire immanquablement voué à d'humiliants sévices auxquels ne répond presque jamais l'énergie d'une héroïque revanche ! Ce ... ce... ce... Un héros de bandes dessinées ? Fi donc ! Et puis d'abord ... il n'a jamais été dessiné ! ».Quece noble courroux ne m'empêche pas de faire une rapide mise au point. Je veux parler non pas de Sean Connery mais du pur James Bond des romans de Fleming qui, lui, me paraît correspondre exactement à l'archétype du héros de bande dessinée : il en a l'invraisemblable outrance, les possibilités supra-humaines, la fixité dans un temps qui ne saurait flétrir sa trentaine d'années, l'humour, les gadgets, et, quelle qu'en soit l'origine, la popularité. Fleming était un remarquable écrivain mais il ne savait pas dessiner. Si cette corde avait fait partie de son arc, nul doute que James Bond serait tout de suite entré dans le monde des « comics ». De toutes façons, d'autres se sont chargés de cet adoubement, en particulier un grand quotidien français et l'excellent magazine américain Playboy qui, dans ses livraisons de janvier 65 et février 65, a publié une parodie de Bons Baisers de Russie où James Bond avait comme partenaire la délicieuse Little Annie Fanny.

Ceci posé, il est extrêmement curieux de voir comment les thèmes de Barbarella et de James Bond se conjuguent et se confondent selon une démarche parabolique qui semble nous proposer le schéma type, éminemment sujet à toutes sortes de variations, de LA bande dessinée « pour adultes », selon la terminologie utilisée par les éditeurs pour situer le genre où prend place Barbarella.

Chez Forest comme chez Fleming, le rôle du héros — sauf exception — est ramené à celui de personnage-témoin. Si Barbarella ou James Bond agissent, c'est uniquement pour nous faire pénétrer dans un univers manichéen où évolue une pléiade de fous dangereux qui jouent allégrement de leurs incommensurables forces et concentrent par là même tout l'intérêt sur eux. Cobayes de choix pour les expériences grandioses ou fantaisistes de leurs tortionnaires, Barbarella et James Bond sont avant tout destinés à subir : l'une le voyeurisme anthropophagomane des jumelles d'Antan par exemple, l'autre les tests scientifiquement sélectionnés du Dr No ou la scie circulaire de Goldfinger, pour ne citer que les plus insignifiantes agressions. Bref, ce sont les méchants qui sont passionnants. Les « héros » se contentent de commenter : comme ils sont résistants et un peu masochistes, ils le font avec humour. Les thèmes se parodient et se dégonflent à mesure qu'ils s'échafaudent : rien de :tel que ce parti-pris d'autodestruction pour supprimer chez le lecteur adulte l'accusation d'infantilisme qu'un coin de sa conscience ne peut s'empêcher de seriner. C'est ce décalage, joint à une intelligente tentative pour exorciser une mythologie obsessionnelle dont personne ne pourra nier la présence enfouie sous la multiplicité de son moi extérieur et quotidien, qui fournira le meilleur palliatif aux étouffements de la personnalité moderne trop tôt et trop vite figée dans son cadre définitif. Car si, comme le suggère Jacques Goimard, Forest a voulu procéder dans Barbarella à une psychanalyse personnelle, il n'a pas oublié, à l'instar de Fleming, de tracer de bien séduisantes lignes de force pour celle du lecteur.

Le but essentiel des ennemis de James Bond est sans aucun doute d'assouvir soit leurs désirs, soit leur volonté de puissance par les moyens les plus raffinés, les plus efficaces et les plus adéquats : ceci au mépris de tous les obstacles. Toujours très riches, ils ont à leur disposition, pour satisfaire et protéger leur démence, une ahurissante série de gadgets comme seule la science-fiction est capable d'en imaginer : je pense au « parcours du combattant » que le Dr No oppose à la résistance et à la sagacité de Bond ; au jardin magnifiquement sadien où Blofeld, fort satisfait de la bonne mise des piranhas qu'il élève dans ses piscines-pièges, se promène en armure moyenâgeuse (On ne vit que deux fois) ; à la caverne rutilante où Mr Big fait planer l'ombre impitoyable du Vaudou (Vivre et laisser mourir) etc. Bond est forcé d'admirer avant de détruire avec ses propres gadgets, bien modestes en comparaison mais astucieux, automatiques — fort heureusement !- et facilement transportables. Barbarella a aussi les siens dont elle ne se sépare jamais. Seule différence : ils sont plus moelleux que ceux de son collègue et elle les dissimule moins bien. Ils lui sont cependant fort utiles pour ramener l'ordre et la justice au cours d'aventures où nous voyons pareillement se développer toute une thématique de la recherche consciente et organisée du plaisir. Telle me parait être en effet 1'unité profonde des huit épisodes que nous propose Forest. Que ce soient les habitants de Cristallia qui, dans l'oasis d'une vaste serre aux fleurs très suggestives, jouissent d'un printemps éternel aux dépens de leurs voisins Orhomrs condamnés à de bien laides engelures ; que ce soit la méduse qui satisfait son narcissisme forcené par une élimination systématique des plus attirantes beautés de la galaxie, que ce soit le Trident, Zaroff-Maciste pour les chasses duquel un baron Frankenstein, réincarné dans un pittoresque savant martien, crée les monstres les plus coriaces qu'il soit possible de concevoir ; que ce soient les jeunes jumelles d'Antan au penchant morbide pour les farces sinistres — « Cet âge est sans pitié ! »-, que ce soit la Reine de Sogo, Sapho des étoiles aux œillades puissamment concentrées dans l'œil qui lui reste, imposant la loi cruelle de sa perversité, toutes les rencontres de Barbarella forment les dominantes autour desquelles se compose la symphonie planétaire de l'hédonisme à tout prix. Une variante est tout-à-fait significative des intentions de l'auteur :dans la première édition de Barbarella (G.H.Gallet in V-Magazine), la Reine de Sogo, faisant visiter sa ville à Barbarella, lui présentait sa « Collection de Prisonniers célèbres » ; à ce dessin, Forest en a substitué un autre représentant « L'Elite scientifique » ; et cette fois la Reine commente :« Elle travaille pour moi et n'a qu'un but : étendre le champ de la jouissance humaine... C'est pas beau ? » Effectivement c'est beau... Mais c'est triste aussi. Car tous ces roués des Temps Futurs qui goûtent jusqu'à l'exaspération le spectacle, la mise en scène, l'illusion, le fard, conservent assez de lucidité pour se rendre compte qu'ils ne sont, eux aussi, que les marionnettes du théâtre dont ils croient tirer les ficelles. Comme elles, ils sont vides et l'issue de la tragi-comédie les trouve rongés d'ennuis et de remords. La Reine de Sogo se condamne à recourir à la chambre des rêves, et la Méduse avoue : « Toutes ces jeunes mortes commencent à peser terriblement. » De même les masses d'or de Goldfinger ne peuvent suffire à combler son amour maladif du beau métal jaune ; l'or est toujours extérieur à lui alors qu'il voudrait rentrer dedans, s'y fondre ; cette illusion ne lui est accordée que par le truchement de jeunes femmes étouffées sous un enduit doré : triste compensation... Après l'envolée, la chute. Après le Paradis, I'Enfer. Et ainsi de suite. La parabole s'achève chez nos deux auteurs sur une musique grise et seulette course dans le théâtre de Musset.

Fort heureusement, la leçon reste discrète et exploite en contre-point une autre série de thèmes qui n'ont rien à voir avec la morale.

Tout d'abord, celui du héros insensible chez qui le cynisme fait office de sentimentalité. Que dire de Barbarella prononçant cette oraison funèbre devant l'homme qu'elle a tué par erreur et qui, après tout, venait la tirer d'un mauvais pas très hitchcockien :« Ah ! Il est mort le maladroit ! » Que dire de Bond tuant froidement des adversaires désarmés ? Cette psychologie assez spéciale trouve d'ailleurs un plaisant écho dans le comportement sexuel des deux personnages. Bond jouit d'une jeune femme avant de lui révéler les mauvaises nouvelles qu'il a pour elle afin de ne rien gâcher du bon moment qu'il se mitonne depuis longtemps (Opération Tonnerre) et d'une manière générale, il ne craint pas d'exposer ses conquêtes aux dangers de ses missions ; bien au contraire, il trouve en elles de remarquables instruments de réussite. Rien chez lui du mâle qui protège. Sa virilité paraît se dissoudre dans un réseau de calculs tactiques et d'intuitions qui s'inspirent très nettement de Mata-Hari. Quant à Barbarella, elle semble méconnaître toute tendresse, tout don d'elle-même pavillon baissé. Elle choisit son partenaire avec un calme discernement et, très maîtresse d'elle-même, se demande à la fin de sa première aventure :« Dans quels bras vais-je en premier fêter la victoire des bons sur les méchants. » Elle a une seule fois l'intention de se livrer... mais c'est en échange d'un verre d'eau. Très polyvalents, ses charmes lui servent d'arme et de monnaie. Ne perdons jamais la tête, elle procède à la manière de l'homme qui -en principe — est le seul habilité à prendre. Barbarella n'est pas vraiment possédée comme Bond ne possède pas vraiment. Comment s'étonner désormais de voir Forest répondre à toute la thématique de la sodomie esquissée chez Fleming par la subtile variété d'une thématique du saphisme ? Dans On ne vit que deux fois, ce n'est pas par hasard que Bond se voit installé, nu, sur un fauteuil de pierre dont le fond, percé, communique avec un geyser périodique de laves en fusion ! Les exemples fourmillent : je me contente de renvoyer les intéressés à une autre chaise percée dans Casino Royale, et à la scie circulaire de Goldfinger, qui menace Bond dans ses atouts les plus convaincants. Quant à Barbarella, elle est tour à tour soumise au saphisme (émouvant) de la Méduse, à celui (sadique) des jumelles d'Antan et à celui (autoritaire) de la Reine de Sogo. Mais aucune de ces variations ne saurait dépasser en sophistication et en intellectualisme celle qui se trouve développée dans le premier épisode où la brune Knautia, qui décidément regarde toujours notre héroïne avec un drôle d'air, se déshabille hâtivement pour prendre le relais de Barbarella après le viol consciencieux auquel celle-ci -vient d'assujettir un pauvre garde suffoqué. On peut se demander si Knautia ne cherche pas sur les lèvres du garde la trace de celles de Barbarella... Forest nous introduit là dans une Histoire d'O à rebours.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur nos deux « F » mais je laisserai à d'autres exégètes les développements que réclameraient leur utilisation du décor-symbole, leur art de la mise en scène, leur bestiaire hautement significatif où le requin semble avoir une place de choix, l'adéquation de leurs trouvailles à une poésie de l'agressivité qui a l'air de s'alimenter directement chez Lautréamont, leur sens de l'insolite etc., pour terminer rapidement sur une critique de style.

Encore une fois, la technique de Fleming et de Forest n'est pas sans parenté. Le premier taille ses personnages à coups de hache sans pour cela oublier la nuance et l'élégance, écrit d'une manière précise, percutante, ménageant ici ou là une comparaison originale, une fusée de poésie ; le découpage de ses récits. toujours fort subtil, soutient l'intérêt sans défaillance non sans laisser échapper de temps en temps une ellipse, une lacune, un mystère inexpliqué qu'il nous appartient de compléter nous-mêmes. D'autres parleront sans doute mieux que moi du graphisme du deuxième mais qu'il me soit permis de rendre hommage à la souveraine maîtrise de son trait capable de cerner exactement les détails comme de se borner à une sobre stylisation. Que ce soit la violence du mouvement ou le calme de l'abandon voluptueux ; que ce soient les paysages fantastiquement tourmentés ou les architectures solidement structurées ; la plume de Forest saisit toujours son objet sous les angles qui risquent de lui donner le maximum de relief. Du premier au huitième épisode de Barbarella, j'ai pourtant cru déceler une évolution dans ce dessin. Le trait et les rythmes, au début pleins de préciosité, pleins de ce que les Anglais appellent l'« urbanity », semblent peu à peu se disloquer pour devenir plus nerveux. moins « finis » : ceci sans doute afin de mieux répondre à l'âpreté, à la frénésie qui marquent les derniers moments de la quête quasi-métaphysique du Graal décrit plus haut. Après le classicisme, le romantisme. Ce sera toujours pour nous un ineffable plaisir de saisir un auteur en train d'évoluer vers l'œuvre parfaite qui l'attend au terme de cet acte amoureux qu'est la création artistique. Pour Forest, les profondes réflexions que Delacroix consigna dans son Journal ne sont pas restées lettre morte :« Il faut toujours gâter un tableau pour le finir. Les dernières touches destinées à mettre de l'accord entre les parties ôtent de la fraîcheur (...) Peut-être que l'ébauche d'un ouvrage ne plaît tant que parce que chacun l'achève à son gré. »

Mercury n° 4 — juin 1965


Un délire baroque : les aventures de Jodelle

par Jacques CHAMBON

Au temple de la littérature insolite qu'est Le Terrain Vague, on a ses rituels. Le moindre n'est pas d'offrir chaque année à ses fidèles une bande dessinée de luxe dans le cadre du culte que le pontifex maximus Eric Losfeld rend depuis quelques temps aux moyens d'expression graphique. Ainsi, après Barbarella et Saroka la Géante, voici LES AVENTURES DE JODELLE concoctées par certains Guy Peellaert et Pierre Bartier, dont on ne sait pas grand — chose sinon qu'ils sont belges et que le premier fut publiciste. Toute religion, fût-elle celle de la B.D., se doit d'être nimbée d'une aura de mystère... Elle réclame aussi d'être pratiquée dans l'enthousiasme... et c'est bien une telle réaction que ce nouvel album est appelé à déchaîner.

La lecture de Jodelle est un perpétuel ravissement pour les yeux et l'esprit. On en sort avec l'impression d'avoir participé à une orgie de l'imagination, au point que l'on hésite à choisir parmi toutes les formules susceptibles de donner une idée des coordonnées au croisement desquelles se situent ces soixante neuf planches aux couleurs lumineuses et étranges.

Jodelle, c'est Alix mis à la mode du Pop-Art ; c'est Astérix revu par Salvador Dali ; c'est la Rome Antique replacée dans le Monde Tordu de Sheckley ou le pays des Merveilles de Lewis Caroll ; c'est une Modesty Blaise nonsensique ; c'est un peu de l'esprit de la revue Mad et des créateurs de Little Annie Fanny mis au service d'un graphisme à la fois dépouillé et baroque évoquant celui d'un Fernand Léger qui serait beaucoup allé au cinéma ; c'est tout ce qui a été déjà dit et fait avec, chaque fois, quelque chose en plus. Bref, rarement B.D. a présenté au lecteur adulte une telle richesse esthétique et thématique.

UN JEU DE MASSACRE

La couverture de Jodelle comporte un double portrait de l'héroïne qui nous semble familier. Cette mine boudeuse et un peu sotte, cette lèvre supérieure en accent circonflexe qui découvre de petites dents carrées légèrement écartées, cette coiffure mi-courte qui se relève en guiches à sa base, rappellent de près les attributs caractéristiques d'une chanteuse contemporaine qui alla naguère serinant qu'elle serait « la plus belle pour aller danser ». Le reste du corps — on s'en aperçoit largement par la suite — est plus idéal, mais cette ressemblance nous donne d'emblée une des clés essentielles de la thématique de Jodelle :le jeu de massacre.

Guy Peellaert et Pierre Bartier se sont en effet complus à introduire dans leur bande quelques célébrités qui y jouent un rôle grotesque. Jodelle se présente un peu comme ces devinettes pour enfants où telles représentations d'un pêcheur à la ligne, d'une femme de ménage perplexe ou d'une fillette prenant son bain, s'accompagne des légendes appropriées : « Cherchez le poisson. Cherchez le plumeau. Cherchez le savon ».

Ici,il faut chercher dans des fresques grouillantes de personnages à la manière de Dubout Charles Aznavour, les Beattles, notre très respecté chef de l'Etat, le président Johnson, Paul Vl, etc. On est de même invité à retrouver sous les traits de l'Empereur Auguste le triste visage de sous-alimenté d'une autre idole de la chanson bien connue des lecteurs et auditeurs de Salut Les Copains (S.L.C. pour les initiés), et dans la personne d'un espion au teint vert et à l'élocution croassante un membre illustre de l'Académie Française... Mais ce jeu de massacre resterait au simple niveau de la satire de chansonnier s'il ne s'exerçait que sur des « têtes ». Les allusions filmiques, parmi lesquelles on relève une très belle séquence traitée dans le plus pur style marienbadien, le scénario qui parodie la-désormais-banale-histoire-d'espionnage-avec-ses-espionnes-lesbiennes-style-Mrs-Fothergill-,la présence obsessionnelle de délirants panneaux publicitaires, les tableaux de Bernard Buffet accrochés dans le bureau de l'espionne-chef... et bien d'autres choses encore qu'il serait trop long d'énumérer, participent d'une entreprise générale de démystification aux vertus hautement exorcisantes. Jodelle est une merveilleuse machine à démolir qui n'hésite pas à s'attaquer aux mythes les plus sacro-saints, qu'ils soient patriotiques ou religieux., contre les gardiennes du bordel de Monsieur, vieilles bonnes sœurs vicieuses à la langue empoisonnée -au sens propre ! — Jodelle et ses compagnes adoptent une formation de combat qui. s'inspire plaisamment de cet orgueil de la statuaire française qu'est « La Marseillaise » de Rude ; quant à son petit cousin Bodu, ses leçons druidiques lui permettent de marcher sur l'eau sans avoir recours à des skis nautiques comme ce roublard Jésus-Christ. Il fallait régler leur compte aux mythes poussiéreux qui nous encombrent pour que se révèle dans sa jeune splendeur un autre monde mythique : celui qui appartient en propre à Jodelle.

UN UNIVERS EN FOLIE

Cette bande assure le triomphe du gag intime car tous les coups y sont permis. La pulvérisation des coordonnées temporelles et spatiales ainsi qu'une attitude non-recevoir délibérée vis-à-vis des catégories de la logique, de la morale et du bon goût classique, font de Jodelle une manière d'univers parallèle où tout peut arriver. Nous sommes dans une Rome démente qui obéit aux seules lois de la fantaisie. On y boit du Coca-Cola, on soigne sa gueule de bois à l'Alkaseltzer, on y circule sur de drôles de motos, en chriscraft et en Thunderbirds, on y porte d'incroyables accoutrements. Même extravagance dans l'ordre des mœurs. La faune de cette Las Vegas de l'an 14 assume toutes les perversions sexuelles imaginables, depuis la zoophilie jusqu'aux formes les plus variées du sadisme, en passant par la pratique désormais banale de l'homosexualité. Bien entendu, la femme y est reine. La Proconsule, qui bénéficie d'un solide tempérament, fait une impressionnante consommation de « Body-Guards », et Jodelle finit par subjuguer les Glamuriens pour qui la femelle n'était pourtant intéressante qu'une fois par an, à la saison du rut...

Mais, au delà de l'anachronisme facile et d'un érotisme véritablement cosmique, Peellaert et Bartier ont su exploiter les ressources de la S.F. et du Fantastique de manière beaucoup plus subtile. C'est la télépathie qui permet à Bodu de sentir les dangers que court Jodelle et de la secourir ; c'est le vampirisme qui enrichit leurs rapports de très curieuses nuances ; c'est la multiplication névrotique autour de Jodelle, soumise à la question dans une atmosphère inquisitoire, de centaines de visages identiques ; c'est la colonie monstrueuse des lémures qui dévorent finalement la Proconsule ; ce sont les métamorphoses inattendues auxquelles est soumis le paysage. Ainsi, une cabine téléphonique se dresse en pleine campagne au moment où l'on en a besoin et les chevaux qui tirent la voiture de l'espionne-chef se transforment un peu plus loin, au détour d'une image, en motif décoratif pour le bouchon du radiateur... On reconnaît ici un hommage discret à Boris Vian et aux relations subjectives que les personnages de ses romans entretiennent avec les objets et les animaux. Car cet univers en folie est en fin de compte extraordinairement poétique, et ceci jusque dans le dialogue. A Jodelle qu'une amnésie temporaire a éloignée de lui et qu'il vient de retrouver, Bodu a cette tendre parole digne des plus belles images de Vian : « Depuis quinze jours tu étais floue »... Pourtant, la réussite de cette saga onirique ne serait pas complète sans 1'originale mise en œuvre graphique de Peellaert.

UNE REVOLUTION ESTHETIQUE

D'après tout ce qui vient d'être dit, on se rend facilement compte qu'il fallait à l'expression graphique des aventures de Jodelle moins d'élégance et d'habileté technique que de démesure. C'est pourquoi Peellaert a été fort bien inspiré en recourant à tous les procédés pouvant intensifier les effets et le mouvement. Ce sont d'abord ces puissants télescopages de couleurs agressives qu'atténuent ou soulignent de larges espaces laissés en blanc, l'étonnante utilisation du noir sur fond noir ou du vert sur fond vert et le refus de donner aux choses et aux êtres les tons qu'ils ont habituellement dans la vie. Ici, les femmes ont des chevelures violettes, vertes, roses, oranges ou bleues ; l'eau est vert-pomme ; les lèvres, les paupières et les ongles de la Proconsule sont bleus, ajoutant ainsi à l'irréalité et à l'hyper-sophistication du personnage. Les effets d'ombre, qui sanctionnent d'ordinaire le réalisme de l'image, sont bannis. La couleur seule crée la lumière. Ce sont aussi les formes architecturales du décor dont les caractéristiques, grâce et caprice, obéissent aux plus purs canons du style rococo. Ce sont des cadrages qui recherchent toujours l'angle de vision le plus original, le plus provocateur ou le plus loufoque.

Jeux de regards pleins de sous-entendus, cuisses adorablement fuselées, séquences dynamiques, jeux de pieds, suggestions gestuelles, tout cela est mis en relief avec un grand soin du détail et le plus souvent, par des plans renversés qui élargissent considérablement le champ de vision jusqu'à donner à l'image une allure de fresque grandiose. C'est enfin le dessin, galbé à l'extrême, qui cerne personnages et objets d'un trait impitoyable, comme chez Matisse par exemple. Effets de masse, dynamisme forcené, outrance caricaturale : nous sommes au cœur d'une conception baroque de la représentation plastique jusque là inédite dans le domaine de la B.D. et qui ne pouvait pas mieux s'harmoniser avec le contenu de Jodelle. Ceci est d'autant plus frappant que le dialogue, savoureux mais discret, passe au second plan en se bornant à nous éclairer sur la progression des évènements ou à souligner l'humour des situations.

Resterait à faire la psychologie de Jodelle et la sociologie de l'univers où elle évolue, mais cela risquerait d'être bien décevant. Guy Peellaert et Pierre Bartier n'ont pas eu d'autre prétention que de nous offrir un fantastique divertissement qui est loin de s'épuiser à première lecture. Jodelle ne s'adresse spécialement ni aux savants exégètes, ni à ceux qui collectionnent des B.D. parce qu'elles sont rares ou leur permettent de soigner la nostalgie de leur enfance, mais à ceux qui aiment la B.D. parce qu'ils aiment la B.D. et son univers, un univers où il est permis de rire et de rêver, tout simplement. Finalement, le plus grand compliment qu'on puisse faire à ces Aventures de Jodelle est de reconnaître qu'elles puisent leur intérêt aux sources vives qui ont donné naissance à ce moyen d'expression tout en consacrant de manière éclatante la tentation de l'érotisme, du nonsense et d'une certaine forme de surréalisme dans la « bande dessinée pour grandes personnes » dont Eric Losfeld s'est fait, en France, le promoteur.


Mercury n° 11,septembre 1966

Notes :

GESEBEL est publiée par Andrea Corno. Cette bande est assez belle et est imprimée en noir et blanc et en couleurs. Le premier numéro date de février 66, publ. mensuelle.

GOODMAN, B.D. quelconque réalisée par Attilio Buffa. Le numéro 1 est paru en déc. 65. Cette publication récente est également mensuelle.

E. Sullerot, La Presse Féminine (Armand Colin, coll. Kiosque)

Anne-Marie Rocheblave-Spenlé, La Notion de Rôle en Psychologie Sociale (P.U.F.)

H. Deutsch, La Psychologie des Femmes — t. l (P.U.F.)

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Bandes Dessinées, catégorie Thèmes
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