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Bersekr !

Préface de « La Guerre des Berserkers »

Michel DEMUTH

Temps Futurs, juin 1982

     De l'ancien nordique ber (ours) et sekr (manteau). Dans les anciennes légendes Scandinaves, le berserker était le guerrier revêtu de la fourrure qui, à la veille de la bataille, entrait dans une transe furieuse pour n'être plus qu'un destructeur absolu, une machine à tuer.

     Fred Thomas Saberhagen a de lointains ancêtres Scandinaves et sans doute s'est-il souvenu des récits du monde d'Odin en donnant le nom de berserker aux vaisseaux-forteresses de l'anti-Vie.
     Né en 1930 à Chicago, il découvre comme tant d'autres la science-fiction en pleine adolescence. Mais il n'en écrit pas immédiatement. En 1950, c'est la Guerre de Corée, qu'il passera... aux U.S.A., puis en Angleterre, dans l'U.S. Air Force. Il est alors technicien en électronique (« Mais sans aucun diplôme », ajoute-t-il fièrement), métier qu'il poursuivra dans le civil.

     S'il s'est mis à écrire et à soumettre des nouvelles à divers magazines, ce n'est qu'en 1961 que son premier récit est accepté. Volume PAA-PYX paraît dans le numéro de février 61 de Galaxy. Trois autres suivent en avril, mai et juin. C'est l'entrée en force que l'on retrouve chez tant d'auteurs de S.F. Saberhagen semble alors ménager une pause d'un an avant de donner sa cinquième nouvelle, première de la saga des berserkers : Without a thought.
     Fred Pohl, devenu entretemps rédacteur en chef de Galaxy et de Worlds of If, l'accepte et, séduit par le thème, demande à Saberhagen de poursuivre sur sa lancée et de réaliser un cycle. Without a thought, rebaptisée Fortress ship par Fred Pohl, paraît dans le numéro de janvier 63 de If.

     Le thème des berserkers est aussi ancien que la première dague de silex taillé. C'est celui de l'ennemi absolu, acharné à la destruction de la Vie. Le minéral contre le vivant, le métal contre le sang, la pensée artificielle et malveillante contre le cerveau imaginatif de l'homme.
     Quant aux vaisseaux berserkers, ce sont des léviathans interstellaires aussi vastes et formidables que ceux de Van Vogt ou Murray Leinster, des forteresses de plusieurs centaines de kilomètres aux flancs marqués par les cicatrices de batailles anciennes.
     Les berserkers, bien sûr, ont eu des constructeurs. Des milliers voire des millions d'années auparavant, pensent les humains. Ces machines folles et obstinées, capables de haute stratégie, de ruse et de duplicité, ont été conçues pour un conflit antique qui a dû ravager la Galaxie. Leurs maîtres les ont voulues éternelles, vouées à une quête unique : celle de la Vie organisée, dans le but de l'effacer.
     Chaque berserker est équipé d'armes capables de réduire en cendres des systèmes solaires entiers, ou de stériliser tel ou tel monde sur lequel la Vie est détectée.

     Fred Saberhagen n'évoque pas la première rencontre avec l'anti-Vie. Dans Forteresse, qui débute le cycle, nous sommes déjà en plein conflit.
     Quelque part dans le premier tiers du troisième millénaire, l'humanité a investi une part dans la Galaxie. Et quelque part dans l'espace, un vaisseau a rencontré une forme sombre, étrangère, pour la première fois.
     Et plus jamais ce ne sera la paix.
     Toutes les colonies de l'humanité sont menacées mais aussi la Terre, Mars et Vénus, triumvirat de l'empire galactique naissant. Et même Esteel, le monde rival.
     Pour les berserkers, les hommes ont remplacé l'ennemi depuis longtemps disparu pour lequel ils avaient été construits.
     Leur flair est intact et leur arsenal inépuisable.

     Mais s'ils veulent détruire la Vie, il leur faut aussi la connaître, l'étudier afin de mieux la combattre. L'imiter pour mieux la tromper.
     Dans cette guerre qui semble partie pour être éternelle, ils font des prisonniers, ils réduisent hommes et femmes en esclavage après avoir manipulé leur cerveau et transformé leur organisme.
     Très vite, avec Les prisonniers de la machine, Saberhagen nous fait découvrir les entrailles du monstre. A l'intérieur d'un berserker, il y a toute une vie mécanique. Des robots de toutes tailles assurent les fonctions vitales du vaisseau-tueur tandis que, dans son bloc central, des isotopes contrôlent son horloge stratégique et choisissent les cibles à venir.
     Les humains capturés, manipulés par le berserker, deviennent des « bonnevie », des collaborateurs soumis, l'humanité adverse représentant la « malevie ».

     Tandis que s'étend le conflit de grandes figures apparaissent. Celles de Johann Karlsen, par exemple, le commandant de la flotte humaine qui repousse les berserkers à la bataille de l'Essaim de Pierres et dont le nom rappelle celui d'un capitaine courageux qui décida de sombrer en 1950 avec son navire, l'Enterprise. Celle de Felipe Nogara, le dictateur de la planète Esteel, demi-frère de Karlsen, qui se sert de la menace des vaisseaux-machines pour servir son ambition mégalomaniaque.
     Celle de Hemphill, dont l'existence n'est qu'une longue vengeance depuis qu'il a été capturé par un berserker.
     Mais les hommes ne sont pas seuls à lutter contre les vaisseaux fous. Les aiyans, par exemple, sont à leur côté. Par leur fidélité, leur intelligence, ils tiennent à la fois du chien et du singe. Quant aux Carmpaniens, à l'apparence totalement étrangère, ironiquement « mécanique », instinctifs, visionnaires, ce sont de véritables oracles vivants qui ont choisi d'aider l'homme contre « les noires pensées métalliques des choses mortes ».

     Au terme de ce premier volume, la balance cosmique paraît pencher de nouveau en faveur de l'humanité. Des mondes ont été reconquis et la menace s'est éloignée de la Terre. Mais les berserkers, de plus en plus, jouent avec la Vie, avec l'Espace et, dans L'assassin berserker, vous verrez qu'ils en viennent à investir le Temps pour tenter de frapper l'humanité à travers les siècles.
     Santayana a écrit que : « Seuls les morts voient la fin des guerres ». Dans le conflit entre la Vie et la Machine, qui envahit l'éternité, nul ne quitte plus le front.

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