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Album
Mémoire morte
Série : Mémoire Morte    tome HS 

Scénario : Marc-Antoine MATHIEU
Dessins : Marc-Antoine MATHIEU

Delcourt , mars 2000
 
Cartonné
64  pages  N&b
ISBN 2-84055-410-0
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Couverture
 
Programme éditeur
     Une cité aux limites infinies. Soudain, des murs surgissent, barrant les rues, scindant les quartiers. L'état d'urgence déclaré, la solution tarde à venir car une épidémie de perte des mots paralyse la population. Firmin Houffe, sommé de trouver une solution, consulte la Mémoire de la cité, le Rom.
 
Critiques
     Dans la cité, le maître mot est « communication ». Actuacom, Intercom, Citécom, Actu-inter, Info-cité, impossible d'échapper à l'information permanente qui circule sans cesse et qui atteint chaque individu, relié au réseau par sa boîte noire portable… Informez-vous !

     La cité se comporte ainsi comme un vaste réseau informatique. L'ambiguïté est évidente dès la première planche : que représentent ces fins et complexes réseaux si ce n'est une carte électronique ? Un gros plan progressif montrera qu'il s'agit de la cité elle-même, vue du ciel. Tous ces petits points qui se déplacent sont-ils encore des êtres humains ou des impulsions électriques véhiculant la sacro-sainte information ?

     Peu à peu, le réseau va connaître une série de dysfonctionnements. Des murs apparaissent en une nuit, coupant les communications entre les rues. Par un étrange mimétisme, les mots semblent également ne plus circuler dans les cerveaux : le vocabulaire se restreint, et les mots s'effacent, y compris dans les livres. « Sans langage, y'a-t-il une réalité ? »
     Que se passe-t-il ? Rom détient peut-être la réponse. Rom, la mémoire vive de la Cité, le réseau qui anime ces fameuses boîtes noires, cette sorte de conscience qui s'est éveillée malgré elle...

     L'être humain est ici devenu la victime consentante d'une surinformation galopante. Confronté à un mystère qui va mettre en évidence l'étroite interdépendance entre la cité et ses habitants, l'homme va sombrer dans l'amnésie, avant une possible renaissance.
     On évoque bien sûr Kafka ou le Brazil de Terry Gilliam devant cet univers policé où surgissent des phénomènes fantastiques oniriques évidemment chargés de symboles, et où l'apparente absurdité n'empêche pas le scénario de suivre une logique rigoureuse.
     On pourra comparer aussi Mémoire morte à La fièvre d'Urbicande où un étrange et inexplicable phénomène infecte de même une cité, en devenant un symbole de liberté, mais le traitement et les conclusions en sont très différentes.

     Le dessin noir et blanc de Mathieu est d'une sobriété très impressionnante. Les constructions géométriques sont admirables, avec une logique d'enfermement particulièrement oppressante : le personnage principal se retrouve sans cesse soit au centre de foules compactes, soit entre des murs, couloirs ou rayonnages d'une hauteur démesurée.

     Un très, très grand album !

Pascal Patoz          
nooSFere          


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