Tessa est une collégienne tout à fait ordinaire. Mais, pendant son sommeil, elle bascule dans un univers parallèle et devient un agent intergalactique, le 42e, chargé de sauver l'univers. Elle est assistée, dans ses missions, par un mentor qui porte le titre de Laaron, qu'elle appelle Swidz, le diminutif de Swidzernaïvkrouthoélvètlaminox, le dernier des Laminoxiens.
C'est à l'issue des Cosmolympiades (Tome 4) que Tessa, en voulant neutraliser l'ignoble Mordarkeur, se retrouve aspirée dans la gemme en entraînant Swidz, le peuple des Pi-Youx et Manwa Kolan, un diplomate des êtres Métamorphes. Ces gemmes constituent des univers de chaos, car c'est là que sont enfermés les pires criminels. Dans celle-ci, une guerre perpétuelle oppose les robots monstrueux de Khan-Di aux troupes de Sandizuit. Elle découvre un univers incroyablement peuplé, en particulier par le peuple Laminoxien dont Swidz pensait être le dernier représentant. Poursuivie par un des monstrueux robots de Khan-Di, Tessa doit son salut à l'intervention de Manwa Kolan, enfin débarrassé, grâce à son intervention involontaire, de la créature qui le parasitait et en faisait l'être insociable qu'elle connaissait. Nitaar, un ex-agent intersidéral, prisonnière de la gemme depuis des millénaires intervient auprès de Khan-Di pour sauver les Laminoxiens car elle a besoin de leur science médicale pour soigner Djebrill, son frère. Mais entre temps, Morkadeur s'est emparé de lui pour devenir le maître absolu de la gemme. Tessa et Nitaar auront bien besoin d'unir toutes leurs forces contre le monstre...
Avec Tessa, Nicolas Mitric, anime une superbe anti-héroïne qui se situe entre Lanfeust de Troy dont on pourrait dire qu'il est son double masculin et Nävis, la guerrière des premiers albums de Sillage. L'auteur déchaîne autour d'elle un maelström d'actions déjantées, d'aventures qui privilégient le dynamisme et la multiplication des péripéties. Il fait preuve d'un humour tout aussi débridé, ne reculant devant aucun jeu de mots, aucun gag, aucune blague. Et l'humour triomphe par les exagérations, les associations de sons et de consonnes, la construction d'un vocabulaire délirant. Il faut oser dénommer des petits animaux qui « font ventre » de tout : les Bouftouvoregrignotophages. Il concocte des dialogues consistants, copieux, abondants qui lui permettent d'aborder des sujets tout autres, de se lancer dans des digressions qui, loin de freiner le rythme de l'histoire renforce l'aspect divertissant. (San-Antonio a usé et presque abusé de cette technique narrative.) Mais, Nicolas Mitric ne limite pas cette inventivité à l'humour et aux dialogues, il l'applique à son univers tout entier que ce soit la faune, la flore, les décors...
Louis, son complice depuis le début de la série, relaie de façon exemplaire l'inventivité du scénariste. Il croque des personnages étonnants, construit un environnement et des décors extravagants, des bestiaires fabuleux. Son dessin maîtrisé se joue de toutes les difficultés de mise en page, de perspectives. De plus, il truffe ses vignettes de détails succulents, d'accessoires inattendus qui obligent à des lectures successives pour en cerner l'essentiel.
Là où il y a de la gemme... conforte l'idée que Tessa est une série particulière qui, sous un dehors de pur divertissement, se révèle en fait plus riche et plus dense qu'elle ne veut paraître. À découvrir absolument !
Serge Perraud nooSFere 20/04/2009
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