Voici précisément une autre histoire qui se termine, et en écho à la remarque faite plus haut, nous pouvons vous dire d'ores et déjà que Tiburce Oger prépare une nouvelle série dans un univers de Western.

     Ce huitième album clot une véritable épopée, commencée il y a huit ans par un auteur qui entamait là son premier album de bande dessinée. Une série de pure fantasy, qui a rencontré un certain succès public et qui réunit bon nombre des ingrédients classiques du genre : elfes, nains, forteresses inexpugnables, dieux assoiffés de pouvoir et héros romantiques... L'histoire d'un chevalier revenu d'entre les morts retrouver la femme qu'il aime et précipiter la disparition des dieux. On y rencontre une ribambelle de personnages attachants, essentiellement des femmes d'ailleurs : l'elfe Eloïse, Maëlle la fille de Gorn, Eliette la femme aimée, Dame Gorge redoutable et attendrissante guerrière naine. Les lecteurs difficiles pourront faire la moue devant une telle accumulation de clichés, un traitement un peu naïf et un peu daté, tant il est vrai que les auteurs cherchent désormais à faire dans l'original : de l'heroic fantasy oui, mais toujours dans des univers décalés, moins référencés. Ça serait oublier les qualités inhérentes à cette série : une sincérité touchante, de beaux sentiments, un symbolisme de bon aloi et un classicisme servi par un dessin plein de charme (avec une mention spéciale pour les architectures toujours très réussies). Gorn est manifestement une série proche du dessin animé, apte à séduire un jeune public sans être idiote ni distiller ces ambiances délétères et glauques auxquelles nous habituent bon nombre de bédés de la même eau (comme Terres d'Ombre, précisément). Tiburce Oger ne s'y est d'ailleurs pas trompé en reprenant le personnage de Dame Gorge pour une nouvelle série plus clairement destinée au jeune public (série dessinée par Christian Paty).