Créé en 1962 par Stan Lee et Steve Ditko, Spider-Man provoqua en son temps une petite révolution dans les comics. On dit souvent qu' Alan Moore fut le premier à ancrer les super-héros dans le réel avec Watchmen dans les années quatre-vingt mais en vérité, plus de vingt ans avant lui, Peter Parker faisait déjà perdre de leur superbe aux héros costumés au statut divin comme Superman, ou aux scientifiques fortunés à l'intelligence exceptionnelle comme Reed Richards. Pour la première fois, un super-héros se retrouvait confronté à des problèmes terriblement terre-à-terre et humains (l'école, les filles, les petits jobs...) tout en adoptant une attitude étonnamment extravertie dès l'instant où il endossait son costume. Il n'était donc pas difficile pour le lecteur, généralement adolescent, de s'identifier à lui.
Les Intégrales de Panini nous proposent de compiler, par année, tous les épisodes d'une série donnée. L'initiative présente un grand intérêt pour les collectionneurs qui, jusque là, conservaient ces épisodes dans leurs vieux Strange, Spécial Strange et autres Titans avec leurs séries parfois censurées, interrompues en cours, ou basculant brutalement d'une revue à un album grand format. Les Intégrales leur permettent de disposer d'une compilation annuelle des épisodes de leur héros fétiche, dans l'ordre et sur un papier lisse difficile à déchirer et qui subit sans problème les affres du temps, contrairement au papier des vieux Strange (à conserver tout de même, ne serait-ce que pour leurs superbes couvertures ou par nostalgie). La collection a donc valeur d'archive.
Cet ouvrage est la dix-septième ( !) intégrale de Spider-Man, et couvre l'année 1978 (mort de Claude François et nomination de Jean-Paul II, pour vous situer). Le principal problème des Intégrales se pose ici : plutôt que de sélectionner le meilleur d'une série, l'éditeur est contraint de publier tous ses épisodes, en entraînant ainsi une certaine inégalité. En outre, chez Spider-Man, les événements de la vie personnelle de Parker l'emportent souvent sur sa vie de super-héros, qui se limite la plupart du temps à combattre des ennemis sans envergure (ils se contentent généralement de braquer des banques, on est loin de Galactus...). Par conséquent, hormis les grands événements restés dans les mémoires (la mort de Gwen Stacy, par exemple), Spider-Man reste souvent au niveau d'une BD plan-plan, sans enjeux exceptionnels, et l'année 1978 ne déroge pas à la règle.
Nous sommes deux ans avant l'arrivée de Roger Stern sur la série. Len Wein, Marv Wolfman, Bill Mantlo et Jim Starlin scénarisent la série. Pour résumer, Spidey affronte ici une deuxième variation de Green Goblin, et un méchant improbable surnommé Roller Skater. Pendant ce temps, comme traditionnellement dans la série, Parker doit mener de front sa vie privée (et surtout ses relations avec tante May et Mary-Jane). Rien d'exceptionnel, donc, cette période étant située dans une sorte de creux au sein des quarante-sept ans d'existence du Tisseur. Vous l'aurez compris, je ne suis pas un grand fan de l'époque « naïve » de Spider-Man, lui préférant les épisodes des années quatre-vingt avec l'arrivée du « Hobgobelin » initiée par Roger Stern. Il me reste donc plus qu'à patienter jusqu'à l'Intégrale 1983...
Florent M. 18/03/2009
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