Dans les environs du Mont Saint-Michel, un homme est entraîné dans la vase par des tentacules. À Paris, dans les locaux du journal satirique Le Charivari, Albin d'Aigrefin-Tonnerre est envoyé au Mont Saint-Michel sous prétexte d'un reportage. En fait, son rédacteur en chef le met au vert quelque temps car ses convictions républicaines agacent en haut lieu. Paul Laforêt l'accompagne pour assurer un reportage photographique, le premier de l'Histoire du journalisme. Pendant le voyage en train, Paul développe ses projets modernistes devant un Albin plus que sceptique et réticent. Pendant ce temps, dans des geôles inconnues, un être fantastique menace des hommes enchaînés en piteux état physique. La diligence où les deux journalistes poursuivent leur périple, stoppe brusquement devant le cadavre d'un vieux ramasseur de coques, bien connu des gens du cru. Sur place, le directeur pénitentiaire qui devait les chapeauter pour leur reportage est dans une situation critique. Dans la prison qu'il dirige, sise dans l'abbaye depuis 1811, la révolte est attisée par Auguste Blanqui. Après son installation dans l'auberge tenue par une accorte veuve, Paul décide de faire quelques photos de ces lieux pittoresques. Il est amené à prendre la défense d'une jeune bohémienne maltraité par un ivrogne. Mais qu'elle n'est pas sa surprise quand, sur les clichés qu'il a développés, il découvre des êtres appartenant au Petit peuple ! Son statut d'étranger, la défense de la petite bohémienne attisent la haine de quelques garçons... Pourquoi est-il le seul à voir ces êtres ?
La collection Soleil Celtic a pour objectif de « revisiter des légendes, des mythes célèbres. » Thierry Gloris, nouveau venu dans le monde du scénario, a déjà à son actif : Codex Angélique et Waterloo 1811 chez Delcourt et St-Germain chez Glénat. Avec Souvenirs d'un elficologue, il met en scène des êtres du Petit Peuple, des elfes, des druides, l'Ankou et toutes ses déclinaisons. Il combine ces éléments à une réalité historique et brosse un récit tout en nuances, où l'incertitude est de mise. Il dresse quelques portraits bien sentis, même s'ils demandent à s'affiner au cours des épisodes. La structure de départ est bien étayée avec des héros confrontés au progrès technique, faisant de l'un un conservateur refusant l'évolution et de l'autre un avant-gardiste. Mais l'intérêt du récit réside aussi dans la confrontation d'un positivisme au monde des croyances et des légendes. Il en résulte un moment agréable de lecture.
Quand à Jean-Paul Bordier qui fait ici ses premières armes, il compose un dessin empreint de classicisme mais d'une fort belle facture. Son sens du détail, son goût pour la réalité lui permettent de réaliser des pages superbes, surtout dans l'imagerie des êtres du Petit Peuple.
L'Herbe aux Feys un album de très bon niveau. Ce premier volet est attractif et donne envie de connaître rapidement la suite de ces aventures séduisantes.
Serge Perraud nooSFere 07/04/2009
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