De toutes les dimensions, aucun être vivant n'est plus haï par les innombrables démons des enfers que John Constantine. Détective de l'étrange, magicien (et non sorcier : son créateur Alan Moore — lui-même magicien — y tient), passé maître dans la magie noire et les coups tordus, il n'est pas un démon qui n'ait un jour souffert de sa roublardise. Aussi, lorsque Constantine se retrouve amnésique, désarmé face à ses ennemis infernaux, vous imaginez sans peine les dangers auxquels il va se retrouver confronté. L'intrigue de Chemin de Croix place donc Constantine en situation de vulnérabilité. Cela n'est pas la première fois (cf. Hard Time), si ce n'est qu'ici sa faiblesse n'est pas feinte : on tremble d'autant plus pour lui quand les démons, avides de revanche et d'atroces supplices sur sa personne, s'approchent toujours plus près du magicien qui, cette fois-ci, ne pourra sortir de sa manche un dernier tour pour leur échapper.
Désespéré, sombre, violent, parfois gore, cet album ne déroge pas à l'ambiance traditionnelle de la série. On regrettera toutefois de ne pas y trouver ce qui fait généralement tout son intérêt, dans la mesure où Constantine s'y trouve dépourvu de sa personnalité et de sa magie (amnésie oblige) ; ce serait un peu comme de désarmer le Punisher... 1 Cependant, l'auteur nous gratifie tout de même d'une ultime pirouette dont Constantine a le secret, et que je ne vous dévoilerai bien évidemment pas.
Adulte, cynique et nihiliste (son héros est un prolo voué à l'Enfer), empreint de religion, irrévérencieux, baigné dans une atmosphère et un ton assurément britanniques, Hellblazer demeure toujours aussi atypique dans le paysage des super-héros. Ce comic-book sans personnages costumés a pourtant su s'installer sur le marché français depuis la sortie du film Constantine, qui aura permis à Panini de mieux faire connaître le personnage à son public (suite aux albums courageusement édités par Toth, précisons-le). Ce cinquième album — sans compter l'album HS de la collection Vertigo Cult et celui à venir ( Le Diable par la Queue) — est la preuve, s'il en fallait une, que la vision des comics en France ne se limite pas aux héros costumés américains.
Notes : 1. Notez toutefois que cette idée va bientôt faire l'objet d'un récit complet du Punisher : cf. news de nos confrères sur Superpouvoir.com.
Florent M. 18/04/2009
|