Caleb Swany et Mézoké Izzua ont rejoint le colonel Ulrich à Kuala Lumpur pour organiser la sécurité des manifestations fêtant la réconciliation Humano-Sandjarr. Cette entente met fin à quinze ans de conflits. La Malaisie a été retenue pour les cérémonies, car cette région a bénéficié d'un programme de repeuplement biologique avec la réintroduction d'espèces marines. Seulement, les pêcheurs ont bien des soucis. Une jonque fait une levée de filets remplis de poissons morts. Un animal étrange attaque un bateau, poursuivi par des êtres non moins étranges qui le tuent. Il s'agit des Rapakhuns, un peuple de nomades intergalactique. Mézoké et Caleb, accompagnés de représentants des pêcheurs, rencontrent le seul nomade habilité à porter un implant traducteur. Le conflit s'apaise, mais resurgit quand une jonque s'introduit dans la zone où sont installés les Rapakhuns. L'attaque violente est suivie par des éléments de l'armée. Ceux-ci, nationalistes, aident les pêcheurs à mettre en place une riposte. Les deux agents de ODI doivent faire face à une crise sans précédent alors que les festivités vont bon train...
Sylvain Runberg a conçu un couple de héros humano-alien, réunissant des espèces présentées comme bien différentes. Si l'héroïne présente une tête uniformément noire aux yeux sans paupières, une bouche bien ourlée, les courbes que laisse apparaître la combinaison combleraient nombre d'humaines.
L'auteur base les histoires de la série sur les rapports humains-étrangers. Ici, il joue sur une graduation entre les Aliens, qui se fixent, qui deviennent alors « acceptables » aux yeux des humains, et ceux qui veulent demeurer nomades et qui restent « infréquentables ». Ils sont l'objet de toutes les suspicions, suspectés de toutes les mauvaises actions. Il veut démontrer que chaque espèce ou groupe social possède des rameaux pourris qui entachent la réputation de l'ensemble de l'espèce. Il puise largement dans notre présent pour construire son scénario, place des touches d'humour avec des décalages savoureux comme ces jonques du XXè siècle dotées de systèmes anti-G. Il soulève légèrement le voile sur le passé des deux héros, un passé qui semble peu glorieux pour Caleb, une attitude de grandeur pour Mézoké.
Et le scénariste plante son lecteur en plein milieu de l'intrigue, alors qu'il a fait monter la tension au maximum. S'il faut attendre quatorze mois, le délai entre les deux volets du premier diptyque, cela va sembler long. Surtout qu'en quatrième de couverture, le volume suivant est annoncé avec pour titre : Ravages.
Serge Pellé fait preuve d'une imagination débridée pour nous présenter un bestiaire peu commun, des aliens vraiment étrangers, des matériels d'une grande inventivité. Son trait est en harmonie avec la qualité du scénario. Il est relayé par une colorisation élégante mêlant aquarelles et travail traditionnel. Il en résulte un graphisme de haute facture faisant paraître bien ternes nombre de compositions réalisées à la chaîne sur ordinateur.
Avec Nomades, les auteurs proposent un récit d'une grande profondeur humaniste, une intrigue forte et des personnages à l'avenant. Une réussite !
Serge Perraud
nooSFere
20/09/2009
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