Laurent-Frédéric Bollée aime par-dessus tout des histoires grandioses mettant en scène des personnages aux profils peu communs, dans des décors à l'échelle de la planète, et même au-delà lorsque c'est possible.

     Avec le premier tome de L'Idole et le Fléau, il promène son lecteur de l'Allemagne de 1935 à l'Australie de 2025, de l'Angleterre de 1942 à la France de 2012...

     En juin 1935, un astronome assiste, émerveillé, à une conjonction d'astres qui ne s'était pas produite depuis 2309 ans. Mais cette conjonction est l'élément principal d'une cérémonie d'incantation au cours de laquelle des dignitaires nazis invoquent la venue d'un envoyé des Sombres Terres pour assurer l'invincibilité du Reich.

     En 2025, à Adélaïde, en Australie, un attentat amène un jeune inspecteur de police à se révéler auprès de sa hiérarchie grâce à une idée innovante. Treize ans plus tôt, dans un square de Paris, une mère assiste à la mort de ses triplés. Ce sont les premières victimes du syndrome qui sera appelé 6/3/27 parce que plus aucun enfant ne vit au-delà de 6 ans, 3 mois et 27 jours. À compter de ce 18 juin 2012, plus aucun humain, sur la terre n'a dépassé les 2309 jours de vie, sauf quatre qui fêtent leur 7eme anniversaire.

     Malgré des moyens colossaux mis en œuvre, en 2025, le fléau existe toujours, la preuve en étant faite par la naissance, puis la mort, de quelques rares enfants.

     Quels sont les rapports avec les événements d'Allemagne, avec les expériences de Ian Fleming pendant le Blitz ? Pourquoi quatre jeunes, nés à Belmont, en Écosse, ont-ils pu également survivre au syndrome ?

     Le scénariste a choisi de traiter un sujet peu usité en SF car les axes de développements sont relativement limités. Cependant, il introduit, autour du thème central, suffisamment de péripéties qui apparaissent, pour l'instant, comme de nombreuses pistes à relier. Dans cette première partie d'une série prévue en quatre tomes, la mise en place est efficace. L'action prime mais l'auteur laisse la place à des moments d'émotion ou à des moments cruels, en particulier face au cynisme des gens des médias que rien ne rebute pour faire de l'audience. La mise en page et la mise en scène sont particulièrement soignées.

     Dans ce premier volume, aucun personnage ne prend de place prépondérante. On pressent cependant que certains des acteurs du drame devraient avoir un bel avenir dans la suite. Il reste nombre d'interrogations quant à l'idole et sa projection sur le monde.

     C'est aussi, pour Laurent-Frédéric Bollée, l'occasion de s'interroger et de nous interroger sur l'avenir de l'humanité. Cette hypothèse peut-elle se produire ? Comment un tel syndrome peut-il voir le jour ?

     Igor Kordey nous propose toujours son trait si caractéristique, son graphisme qui oscille entre simplisme et sophistication dans sa recherche sur l'expression des sentiments en allant à l'essentiel.

     Le choix des couleurs neutres, assagies de Len O'Grady donne à l'ensemble une tonalité ancienne rappelant ces « vieux récits » particulièrement savoureux.

     Syndrome 6/3/27 évoque un sujet passionnant et donne envie de découvrir une suite à la hauteur de ce premier tome.