Au large de la Côte d'Émeraude, une galère force l'allure. Après quelque temps, le capitaine fait stopper, estimant avoir semé ce qui le poursuivait. Satisfait, il fait distribuer nourriture et boisson. L'un des rameurs lui déclare que la vue de la belle qu'il cache soigneusement contribuerait aussi à leur redonner des forces. Le capitaine se rend dans sa cabine en grommelant que la beauté de Lifelde n'est pas pour eux. Soudain, un homme prend un visage de squelette et s'attaque au responsable de la chiourme. Il minéralise tous ceux qu'il touche et, par vengeance, envoie la galère par le fond avec Lifelde prisonnière de sa cabine. Terreg Halon, à la tête d'une bande de contrebandiers doit faire face à des abandons. Des membres de son équipe lui reprochent de prendre trop de risques. Une nuit de tempête, alors qu'il attend une livraison venant d'Angleterre, il découvre une épave que les flots déchaînés ont fait ressurgir. La curiosité, puis la cupidité le poussent à explorer l'épave. Il cherche la cabine du capitaine. Mais quand il en ouvre la porte, le spectre de Lifelde, qui s'y morfond depuis presque un siècle, s'empare de son esprit.
Sylvain Cordurié entreprend de développer une nouvelle version de la possession et de la vengeance à travers le temps. Si Garlath, un mage aux pouvoirs immenses, peut user des corps selon son bon vouloir, Lifelde, son élève, use des esprits. Son réceptacle, cependant, profite dans sa vie aventureuse, de capacités exceptionnelles du spectre. La Malédiction de Garlath est le tome de mise en place d'une intrigue qui demande à être dopée (et ce dopage ne sera pas répréhensible !) L'auteur prend comme cadre une Bretagne encore sauvage où la vie était rude. Il mêle, à des classiques du récit d'aventures comme la contrebande et la lutte pour échapper à la force publique, des éléments de magie, de fantastique. Il introduit une étrange rencontre entre Garlath et Miss Howard, la maîtresse de Louis Napoléon, mais garde encore pour lui les raisons de la haine du sorcier pour son élève.
Le dessin de Drazen Kovacevic est d'un classicisme de bon aloi. Ce dessinateur, originaire de Zagreb, réalise un graphisme solide, des personnages facilement identifiables et des décors de qualité. Il a fait ses premières armes avec quatre tomes de la série La Roue (Éditions Glénat) et développe, peu à peu, un univers personnel pertinent.
La Malédiction de Garlath est à considérer comme une introduction vers une série que l'on souhaite à la hauteur de ce que sait faire Sylvain Cordurié.
Serge Perraud nooSFere 23/07/2009
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