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Album
Detroit Metal City - Tome 1
Série : Detroit Metal City    tome 1  Album suivant

Scénario : Kiminori WAKASUGI
Dessins : Kiminori WAKASUGI
Traduction : Sylvain CHOLLET

12 Bis , septembre 2008
 
Broché avec jaquette
Format 180 x 130
N&B
ISBN 978-2-35648-024-8
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Quatrième de couverture
     Comment j'ai fait pour me retrouver là ?
     A quel moment ai-je commis une erreur ?
     C'est pas dans ce genre de groupe que je voulais jouer !
 
Critiques
     Pour ne rien vous cacher, j'ai longuement hésité avant d'entamer l'écriture de cette critique car, à première vue, Detroit Metal City n'a rien à voir avec la science-fiction, le fantastique et la fantasy qui nous sont si chers, à nooSFere. Oui, mais voilà : son personnage principal s'avère être un schizophrène psychotique bourré de névroses, le réceptacle d'un monstre habitué des pétages de plomb. Dans la mesure où Le Cas Étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde figure dans notre base de données, il serait dommage d'ignorer ce manga aux délires les plus improbables.
 
     Imaginez une sorte d'Ozzy Osbourne, période déjantée, maquillé à la manière de Kiss, doté de la voix gutturale de James Hetfield, et capable d'enchaîner des riffs de guitare dignes d'Iron Maiden. Vous obtiendrez Johannes Krauser II, icône du death metal japonais, frontman du groupe de rock Detroit Metal City (inspiré du titre de Kiss : Detroit Rock City). Provocateur sans limites, Krauser multiplie les prestations scéniques hardcore et les chansons aux titres équivoques comme Homicide ou Grotesque (référence à un album de Marilyn Manson), dont les paroles s'en prennent (très) violemment à tout ce qui représente une forme d'autorité ou une source de frustration dans la société japonaise (les parents, les femmes, les patrons, etc.).
 
     Pourtant, dans la vie, Krauser est aussi Negishi, jeune homme timide et introverti, vierge, fan de pop suédoise, provincial monté à Tokyo dans l'espoir de faire connaître sa musique sirupeuse (inconsciemment très orientée « gay friendly » : l'auteur s'amuse beaucoup avec les double sens tendancieux de ses paroles). Mais Negishi s'est retrouvé impliqué malgré lui dans la création de ce groupe de rock a priori sans aucun rapport avec ses goûts personnels ; piégé par son succès et les méthodes d'une manager cinglée à la poigne de fer, il doit désormais assumer les concerts de ce groupe qui ne lui inspire que du dégoût, vénéré par une horde de fans prêts à tout pour lui.
 
     Cela n'est peut-être pas évident, à la lecture de résumé, mais DMC se trouve être un manga humoristique. Et surtout, un manga très drôle. Sous la forme d'un sketch, chaque épisode place Negishi dans une situation où ses deux personnalités — la « gentille » et la « démoniaque » — s'affrontent (généralement à cause d'une femme et de la frustration ressentie par Negishi), la seconde l'emportant toujours sur la première. Ce duel constant entre le jeune homme et sa part d'ombre occasionne nombre de quiproquos et d'instants surréalistes, dès qu'il se laisse aller aux excès de son double rockeur (qui, finalement, n'est peut-être que l'incarnation de sa véritable personnalité). Bref : le contraste entre la niaiserie de Negishi et l'attitude désinhibée de Krauser (et l'auteur n'hésite pas à en faire des tonnes en la matière, en visant souvent en dessous de la ceinture) fait toujours mouche, et je vous mets au défi de ne pas, au minimum, sourire devant certaines pages où les situations ambiguës finissent toujours par virer au délire le plus total (cette montée crescendo dans le grand n'importe quoi trouvant son apogée dans le tome trois).

     Disons-le franchement : DMC est un manga aux dialogues extrêmement crus, et même souvent vulgaires. Pourtant, et c'est ici que l'auteur fait montre de tout son talent, cette vulgarité n'est pas totalement gratuite car elle sert l'humour décalé du manga et passe finalement comme une lettre à la poste sans « heurter » le lecteur mais en l'amusant, car cette exagération des excès de Krauser est systématiquement contrebalancée par des scènes d'une profonde niaiserie. Il faut dire que la version française est très bien servie par la traduction de Sylvain Chollet 1, qui n'a pas son pareil pour trouver des expressions sans doute aussi drôles et efficaces (voire plus) que les textes originaux, qu'on devine très difficiles à adapter (ne serait-ce que pour les paroles des chansons).
 
     Pour conclure, DMC est un manga qui, au premier abord, n'est pas forcément très attractif, avec ses dessins au trait simpliste et son aspect outrancier. Pourtant, passées les premières pages, son ton bon enfant et son humour décalé entraînent rapidement l'addiction du lecteur le plus hostile.
 

Notes :

1. Également traducteur de L'Académie des Ninjas, un manga tout aussi bien servi à ce niveau-là.

Florent M.          
28/07/2009          


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