Dans un centre hospitalier d'une ville sise au nord-est des Etats-Unis, un vigile sort une arme pour se défendre contre une jeune femme qui court dans sa direction, en brandissant un extincteur. Elle brise la vitre, s'empare d'un éclat de verre qu'elle lui plante dans la main de, et lui prend ses vêtements. Au cœur de l'Adirondack, deux garçons, en camping-car, se disputent pour une station d'essence dépassée et pour l'achat de drogue. Le troisième calme les débats en proposant de s'arrêter à la prochaine aire de repos et de revenir à pied chercher du carburant. À l'hôpital, c'est la panique. Hanne, la jeune femme s'est évaporée. Pourtant, elle était en isolement total. Le vigile déshabillé explique que c'est la panne du courant qui a nécessité l'entrée dans sa chambre. Parallèlement, deux hommes, dans une ferme, nourrissent des phacochères avec des débris humains. Wegner, qui semble commander s'extasie devant une plante en pot. Ils sont rappelés d'urgence au Centre hospitalier où il commence à « faire le ménage » pour que perdure le secret, sur l'existence d'Hanne et l'étrange pouvoir de sa main droite soumise à une thérapie cellulaire. Peu à peu, les fondements et les causes de la situation se dévoilent. Profitant de la panne d'électricité, un vigile a voulu violer Hanne, qui s'est défendue. Des conversations téléphoniques houleuses entre deux médecins dévoilent les dessous médicaux de l'affaire. Hanne est une « mutante » et l'un des médecins compte bien profiter de cette découverte pour s'enrichir. Mais voilà, elle est en fuite, croise la route de trois garçons alors que Wegner est sur ses talons...
Christophe Pernoud se spécialise-t-il dans le scénario à connotation scientifique ? Il a déjà signé, chez Bamboo, les séries de Kim et La Métamorphose du papillon, la première sur les paradoxes temporels, l'autre sur l'effet papillon et les modèles mathématiques d'anticipation. Avec le présent récit basé sur la régénération cellulaire, il illustre la compétition à laquelle se livrent des chercheurs pour être les premiers sur des marchés mondiaux et ce, quelles qu'en soient les conséquences. La folie financière, qui n'est pas nouvelle dans cet univers, atteint ces derniers temps des niveaux effrayants. L'auteur orchestre la progression de son récit à coups de flashs back, entre quatre groupes d'intervenants, dévoilant le passé et les turpitudes de son héroïne. Il appuie son intrigue sur des données scientifiques relatives aux composantes du verre et à leurs interactions. Si, pour un profane, ces explications sont parfaitement admissibles, on peut cependant penser qu'elles relèvent encore du domaine de la fiction. Il cherche à étoffer ses personnages, à leur gommer leur côté un peu sommaire, en montrant d'autres facettes comme ce tueur passionné par les fleurs. On peut s'étonner, toutefois, de certains choix scénaristiques comme celui du tueur qui, bien que n'hésitant pas à supprimer facilement son prochain, garde en vie un des garçons contre toute logique.
Eillam, dont c'est le premier album, réalise un dessin inégal. S'il réussit nombre de ses vignettes, il donne à ses personnages un côté figé, une attitude bloquée, une dimension et une physionomie très variables. Seule Hanne s'en sort bien, gardant tout au long des deux épisodes à peu près le même visage.
American Trip, qui traite d'un sujet d'une actualité brûlante, est une histoire agréable à découvrir pour la qualité d'une intrigue sous forte tension et pour le rythme soutenu des péripéties.
Serge Perraud nooSFere 06/09/2009
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