Ce diptyque débute avec un homme debout sur l'arête faîtière d'un toit. Il se considère en équilibre parfait avec la vie derrière lui et la mort devant. Il décide d'aller de l'avant et se jette dans le vide. L'inspecteur Flannagan boit un verre, dans un bar, en débitant les vœux de la Saint Patrick. Il parle au barman de son prochain voyage au pays. Il emmènera Maureen au château de Blarney Stone qui, selon la légende, donne le don d'éloquence si l'on embrasse sa pierre. C'est alors qu'il est appelé par le standard de la police pour se rendre 1600 Pennsylvania Avenue à cause d'un code 914S. Il pense tout d'abord à une plaisanterie. Pourquoi un simple inspecteur de police devrait-il mener une enquête sur un suicide à ...la Maison Blanche. Pourtant c'est le cas. Pour se dédouaner vis-à-vis de l'opinion publique, la Sécurité Nationale confie, en apparence, l'affaire à la police. À l'orphelinat de Montpelier, dans le Vermont, un couple vient chercher l'enfant de sept ans qu'il a adopté. À la base de Groom Lake, deux enfants tiennent des propos étranges. La fille, Maria, chante un air d'opéra que Léonard, le garçon, ne connaît pas car il a été composé alors qu'il était déjà mort. Ils évoquent un grand secret : ils pourront repartir lorsqu'ils auront rempli ce pour quoi ils sont revenus. Alors que Flannagan tente de comprendre les motivations du suicidé, un ponte de la Maison Blanche, à Groom Lake, le jeune adopté hurle le prénom de Suzanne dans la salle de remontée. Pleinement éveillé, il laisse échapper : « ...ces salauds m'ont tué. Ils m'ont tué à la Maison Blanche. »
Hervé Richez appuie cette histoire sur une idée intéressante qui mêle une vision novatrice des revenants à un détournement possible de la réincarnation. Il part du principe que, pendant un certain temps, l'âme du mort peut revenir dans le corps d'un enfant. Ces « Remontés » sont en observation à Groom Lake, une base entourée du secret absolu. Il organise son intrigue avec habilité, jouant sur plusieurs plans, alternant des séquences autour de quatre groupe principaux. Le profil psychologique des personnages qu'il met en scène est peu approfondi, voulant, sans doute, privilégier l'action. Et celle-ci est omniprésente avec une débauche de matériels sophistiqués, batailles aériennes, courses poursuite, le tout scandé de révélations et de coups de théâtre. Il y a bien quelques soucis de cohérence dans l'intrigue comme, par exemple, l'orphelin qui passe, en quelques jours, de sept à dix ans.
Mais le scénario d'Hervé Richez, tout intéressant qu'il soit est desservi par le graphisme de Jean-Jacques Dzialowski. Si ce style de dessin peut convenir pour quelques séries de comics, il jure pour la mise en images de la série. Les visages, aux traits pourtant sommaires, sont instables et irréguliers, les décors spartiates et les éclairages se modifient sans raison sans parler d'erreurs. Comment, compte tenu de la position de la bouteille, le whisky peut-il encore couler dans le verre (Tome 3, page 12) ?
Par contre, on peut féliciter l'éditeur qui publie simultanément les deux volets du diptyque, gommant ainsi la longue attente du dénouement.
Ce second diptyque de Groom Lake vaut pour son récit intéressant. Pour un graphisme attrayant, il faut chercher ailleurs.
Serge Perraud nooSFere 11/10/2009
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