L'armée de l'Anspech se heurte, depuis un millénaire, à la résistance des Tarns. Mais les temps changent et, sous l'impulsion du valeureux seigneur Aracelis, la forteresse a succombé. Alors qu'il visite les lieux tant convoités, en compagnie de Rusin, ce dernier dévoile sa vraie nature. Nécromancien en cour, il est au service de La Vile, une entité maléfique qui veut conquérir le royaume proche. Grimillion vit à l'écart de tous car ses recherches ne sont pas compatibles avec un voisinage tranquille. Il reprend l'âme d'Aracelis, le sauvant du triste sort de mort-vivant. À Taramore, c'est la consternation. Autour de la reine, tous proposent d'abandonner l'Anspech, laissant le royaume à La Vile et ses hordes de morts-vivants. Seuls Grimillion et elle veulent résister, car le nécromant a une solution. Deux semaines plus tard, sur un navire qui fait route vers l'archipel de Birphon, Emrod entouré de Velia, Forn et Perelund, sont engagés dans un plan que les trois derniers estiment foireux. Seul son concepteur y croit. Ils se font passer pour Les Fléaux d'Enharma, un groupe de mercenaires qui n'a failli à aucune mission. Ils sont en route pour aider la Magnatide Calebria, de la guilde des marchands, à se défaire d'un concurrent. Il s'agit de lui faire passer « un message » en tuant publiquement son animal favori. Mais cette commerçante est rouée et... les Fléaux ne doivent leur salut qu'au don approximatif de l'un d'eux. Grimillion est sur leur piste. Ils sont les seuls, pense-t-il, à pouvoir se rendre maîtres de La Vile, la monstruosité que les Tarns adoraient. Mais, il faut faire vite, la détruire avant qu'elle ne se réveille... dans seize jours.
Le couple Sylvain Cordurié, Stéphane Créty s'est révélé comme un duo de talent avec les séries Acriboréa et Sälem la Noire (Delcourt). Avec Les Fléaux d'Enharma, ils abordent la fantasy humoristique. On y retrouve les principaux éléments qui fondent le genre, comme les nécromants, les sorts, l'entité maléfique. Mais le côté fantastique et monstrueux est gommé par le quatuor de « héros », des losers de belle lignée qui, cependant, bénéficient de la providence et se sortent indemnes des pires situations. Si l'idée de base reste classique : contrecarrer les plans d’une monstruosité qui veut conquérir le monde, son traitement est remarquable. Le choix des héros, de leur entourage, concourt à transformer le thème sur lequel s'appuie l'intrigue, en une quête passionnante à suivre. L'univers imaginé par le scénariste est riche en variétés et possibilités, attrayant par ses cascades de péripéties, distrayant par son humour décalé.
Stéphane Créty donne le meilleur de lui-même pour rendre cette histoire graphiquement attrayante. Il a élaboré une galerie de personnages à l’aspect physique très fouillé. Il conçoit un bestiaire assez fabuleux et soigne les décors jusque dans les moindres détails. Son dessin réaliste fait merveille. La mise en scène, le découpage des actions, leur enchaînement sont particulièrement réussis.
Les auteurs prouvent, qu'avec du talent et beaucoup de travail, on peut devenir alchimiste et transformer des sujets usés jusqu'à la corde en récits novateurs, passionnants et (revers de la médaille) dont on attend la suite avec impatience.
Serge Perraud nooSFere 22/11/2009
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