Ne vous fiez pas à la couverture particulièrement laide de John Cassaday : le dessin de ce Solomon Kane s'avère superbe, dans un style crayonné proche de l'école européenne (son dessinateur, Mario Guevara Sr, est pourtant d'origine mexicaine). Mais avant toute chose, précisons que Le Château du Diable est l'adaptation d'un synopsis de Robert Howard. Cette nouvelle est déjà parue aux éditions Néo et chez Fleuve Noir dans une version complétée par Ramsey Campbell, et chez Bragelonne dans sa version originale inachevée, mais le développement imaginé par Scott Allie se révèle totalement différent dans ce comic-book.
Pour mémoire, Solomon Kane est un personnage créé par Robert Howard ( Conan). Puritain vêtu de noir des pieds à la tête, fanatique religieux, Kane consacre sa vie à traquer le mal sous toutes ses formes (cf. ma critique de la réédition Bragelonne). Le synopsis initial de Robert Howard est le suivant : de passage en Allemagne, Kane découvre un pauvre bougre pendu à une potence. Un certain John Silent, croisé en chemin, lui apprend la mauvaise réputation du baron local, sûrement responsable de l'exécution. Kane décide alors de se rendre à son château pour demander des comptes au baron.
Je vous laisse découvrir la suite, mais sachez que l'univers mis en place par Howard, de son atmosphère de conte effrayant à la personnalité radicale de son personnage principal, est parfaitement respecté par les auteurs. Indifférent à la tentation (notons une excellente scène où une superbe Perse lui propose ses charmes), Kane exprime sa folie et sa frustration en menant des combats suicidaires parfaitement rendus. Un petit bémol, qui n'engage que moi : à titre personnel, je préfère le développement littéraire de cette histoire - complètement barré - à celui du comic-book, un peu plus convenu avec son histoire de pacte méphistophélien. En outre, les combats sont un peu brouillons (mais assez gores, soyez prévenus).
Ceci étant dit, honnêtement, je n'attendais pas grand chose de cette adaptation, mais au final j'ai été agréablement surpris par le soin apporté à l'ensemble. On sent le respect et la connaissance des auteurs envers l'œuvre originale, mais on regrettera peut-être le choix d'une nouvelle dont seule l'introduction est signée Robert Howard, parmi le grand nombre de textes intégraux de l'auteur texan. Enfin, réjouissons-nous d'une adaptation si fidèle, en attendant un film dont la bande-annonce laisse présager le pire.
Florent M. 18/10/2009
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