Cinq adolescents d'Anchorage, en Alaska, ont décidé de fêter Halloween dans un manoir abandonné, réputé hanté depuis qu'une séance de spiritisme a mal tourné. Si l'endroit est étrange, il est resté propre et l'éclairage fonctionne. Au centre d'une salle, ils trouvent, mis en valeur, le support d'un jeu de Oui-Ja. Matt en propose une partie. Les cinq apposent les mains et se concentrent. La table est secouée et le mot Yes apparaît dans la case des réponses. Une voix extérieure demande quel est l'objet de la convocation. Effrayés, ils voient une ombre énorme qui les domine. Dans leur fuite ils rencontrent un individu à la tête de citrouille flamboyante qui leur explique qu'ils ont enfreint les règles du jeu. Ils ont ouvert le monde des morts et laissé échappé Inferno, un esprit très puissant. L'homme citrouille est prêt à leur donner des pouvoirs magiques pour les aider à réparer leur bêtise. Conquis, ils acceptent. Mais le démon s'est réfugié dans toutes les lettres qui étaient sur le support du jeu et les a dissimulées parmi des livres. Les cinq détectent sa présence dans Une Étude en rouge, de Conan Doyle, une des aventures de Sherlock Holmes...
Rémi Guerin ouvre la voie pour revisiter nombre d'univers romanesques, grâce à ces lettres cachées dans une gigantesque bibliothèque, si vaste : "...qu'une vie entière ne suffirait pas pour lire seulement les titres de tous ces bouquins." Pour nous faire vivre une suite d'aventures à la fois magiques et uchroniques, il réunit un groupe de cinq personnages, deux filles et trois garçons. Il façonne, ainsi, un nouveau groupe de super héros qu'il rapproche de celui des X-Men. L'idée de posséder des pouvoirs magiques enchante les jeunes gens que l'attrait de l'identification à leurs héros préférés séduit. Les pages consacrées, par exemple, au choix des vêtements les plus appropriés pour ces "nouveaux X-Men" sont très humoristiques.
Les éléments de base de l'intrigue se mettent en place dans ce premier tome où le scénariste laisse une large place aux combats.
Ces combats sont bien relayés par le dynamisme du "coup de crayon" de Guillaume Lapeyre qui signe quelques pages d'une rare efficacité dans les mouvements des personnages, leurs attitudes. Les décors sont travaillés avec une minutie remarquable. Il nous offre, ainsi, une succession de batailles avec des angles surprenants, des plongées et contre-plongées spectaculaires. Son graphisme, pour ces scènes, s'inspire directement de l'esprit du Comics. Pour les personnages, son dessin oscille entre comics et manga, prenant le meilleur du premier et des défauts du second, avec ces bouches grandes ouvertes pour énoncer des paroles courantes d'un ton normal .
Les auteurs nous gratifient de bonnes trouvailles dans la mise en scène jusqu'à cette fabuleuse page 49, dont je vous laisse découvrir l'originalité.
Le dynamisme des scènes, leur intensité, sont mis en valeur par un travail conséquent mené par Diane Brants sur la colorisation.
Oui-Ja, un premier tome à découvrir car il se démarque par rapport à d'autres séries aux thèmes similaires.
Serge Perraud nooSFere 12/11/2009
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