Krän a dix ans et neuf albums à son actif – sans compter ceux de la série dérivée Krän Univers. Il suffit de relire mes chroniques des trois premiers albums pour comprendre que je n'aurais pas parié un sou sur la longévité de cette série à l'humour si bas du front qu'il navigue essentiellement sous la ceinture. Et pourtant... Je me suis manifestement trompé : Krän le barbare a conquis son public, dont je ne fais simplement pas partie. Les amateurs de jeux de rôles y retrouvent sans doute l'ambiance délirante de leurs séances les plus endiablées. Et les plus jeunes des blagues couillues qui feront recette dans les cours de récré. Si certaines idées pourraient se montrer intéressantes – comme celle du Nadaland où se retrouvent tous les objets perdus – , leur exploitation basique – la chaussette qui pue, grand classique – peine à me dérider, d'autant plus que des gags répétitifs viennent diminuer l'impact des scènes plus créatives. Et quand l'auteur souligne un jeu de mots poussif — « Le mage Key contrôle Haltsup » (p.7) – en affirmant que « celle-là elle vient de loin », on a envie de répondre qu'elle vient de si loin qu'on a eu tout le temps de la voir venir... J'apprécie pourtant beaucoup le dessin détaillé et dynamique d'Eric Herenguel, qui me paraît sous-exploité ici. Je le préfère dans des séries « sérieuses » comme Edward John Trelawnay ou Lune d'Argent sur Providence. Mais comme il en faut pour tous les goûts, souhaitons tout de même longue vie à Krän, à Kunu et au Garou. Et bon anniversaire !
Pascal Patoz nooSFere 23/11/2009
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