Doubt est inspiré d'un jeu populaire pratiqué par les adolescents nippons sur leur portable, qui consiste à s'affronter via des mini-jeux sous l'apparence d'un petit lapin. Là où le jeu se corse, c'est qu'un intrus — un loup déguisé en lapin — se cache parmi les joueurs : sa mission consiste à semer la zizanie pour mieux les dévorer un à un.
Le premier tome de Doubt s'ouvre sur la rencontre d'un groupe de joueurs, lors d'un rendez-vous (certains d'entre eux ne se connaissent pas physiquement). Passés l'exposition des personnages et les traditionnels échanges de politesses, les adolescents poursuivent l'après-midi dans un bar-Karaoké. Nous entrons alors dans le vif du sujet, car les partenaires de jeu vont ensuite se réveiller dans un hangar particulièrement glauque, sans souvenir des derniers événements. Plus question de jouer par téléphones interposés, le jeu est cette fois-ci tout ce qu'il y a de plus réel, et un « loup » psychopathe rôde dans les parages...
Ce premier épisode se consacre logiquement à l'exposition des personnages et du cadre de l'histoire, largement inspirés de la franchise cinématographique Saw (surtout du deuxième opus, avec son décor labyrinthique où se trouvent piégés plusieurs acteurs) et aussi de Cube. Nous retrouvons ici tous les codes du genre avec des personnages aux caractères opposés, une paranoïa rampante et des retournements de situation réguliers (parfois gores, mais assez rarement pour ne pas sombrer dans le Grand Guignol). Autant vous dire que l'ambiance est extrêmement lourde, éprouvante et angoissante, dans une intrigue où personne n'est à l'abri et où n'importe lequel des protagonistes apparaît potentiellement comme un psychopathe en puissance. Doubt multiplie ainsi les faux-semblants en accumulant les nouvelles victimes (mais comment être sûr que les morts sont bien morts ?). Dans ce genre d’exercice, le coupable s’avère souvent le suspect le moins probable mais ici, l’auteur s’évertue tant à brouiller les pistes que l’on ne sait plus très bien à quel saint se vouer.
Cerise sur le gâteau : l'auteur pousse le vice en accentuant le caractère ludique de son histoire et nous présente, à la fin du manga, un plan du décor assorti d'un récapitulatif des incidents survenus dans chaque pièce... Redoutablement efficace !
Florent M. 08/02/2010
|