Le Banni est une légende vivante. Ou ce qu'il en reste.

     Trahi par le roi qu'il a couronné, chassé de la nation qu'il a fondé, il se terre aux confins du royaume d'Archaon. Alors que la guerre menace à nouveau et que le roi agonise, il est le dernier recours d'un monde au bord du chaos. Du moins, s'il accepte de livrer cette dernière bataille, lui qui a tout perdu dans sa quête de gloire éternelle...

     Car le Banni le sait mieux que personne : toute légende est un mensonge.
 

     Ils sont cinq qui forment la Compagnie des Loups, une troupe de mercenaires. À leur tête, Alester, dit Le Vaillant. Il va transformer cette misérable troupe en une armée de conquête, La Meute. Sous sa férule, ils fondent le royaume d'Archaon et mettrent fin au système des baronnies.

     Parce qu'ils ont reçu le pouvoir ancestral, en pénétrant dans le sanctuaire de l'Éphyse, à Kordock, ils prennent Myrmirrine, la capitale des Terres du centre.

     Mais l'histoire aurait-elle pu s'écrire ainsi sans Hector, dit La Muraille, un guerrier ne vivant que par et pour l'épée. Le champion a été engagé par les barons. Face à Alester, il se rallie à lui. Mais les loups vont s'entredévorer lorsque Hector croise le regard de Lady Jester, la future reine.

     Trente ans plus tard, la vaillance d'Alester ne réside plus que dans les chants célébrant leurs hauts-faits. Au seuil de la mort, Alester demande à Hector de revenir ...avec l'enfant, surtout avec l'enfant. Exilé par le roi qu'il a mis sur le trône, le guerrier noie son ennui dans l'alcool, mais n'a rien perdu de ce qui fit sa légende.

     Cependant, la succession se prépare et les prétendants sont nombreux. Parmi eux, la famille Herrentar avec Rack le capitaine de la garde et Elysia, qui porte le titre de pape du culte des Transcendants. Jester le jeune, le fils de Lady Jester arrive avec une petite armée !
 

     Henscher choisit d'animer une histoire d'Héroïc-fantasy, classiquement, dans l'esprit de notre société féodale et moyenâgeuse, sans magie, sorcellerie, ni créatures légendaires. Les seuls êtres fantastiques sont les hommes avec leur soif de pouvoir, de gloire, d'honneurs. Pour son scénario, il joue avec les idées selon lesquelles il y a des rois, il y a ceux qui les font, que les faits deviennent légendes, que le temps érode tout. Il ajoute des notions d'héroïsme, de sacrifice absolu au nom d'une cause, de réputation et des fables qui peuvent y naître. L'auteur s'attarde sur les dégâts de la vieillesse et sur l'écart que l'on peut avoir entre le personnage entré dans sa légende et la réalité, l'être devenu un vieillard souffrant.

     Son histoire laisse une large place à la violence sous toutes ses formes et Henscher mène une réflexion sur la légitimité de celle-ci et de ceux qui s'en réclament.
 

     Tarumbana, qui réalise ici son premier album, aime travailler les lumières et les ambiances. Il a choisi, par goût, de retranscrire celles-ci par de la matière plutôt que par le trait. Il use du pinceau numérique, un outil qui lui convient et qui, au fil des planches, nous convient également, au vu du résultat. Ses personnages prennent chair comme ses décors prennent profondeur.
 

     Le Poids de nos Victoires, le premier tome du Banni est séduisant. L'approche scénaristique est fort intéressante et le relais graphique d'un très bon niveau. Une nouvelle série qui illustre, de façon originale, les rapports entre les mythes et les hommes qui les font naître.