Les Rapaces sont les descendants d'une race mystérieuse et ancienne, un peuple d'immortels qui s'est destiné à dominer le monde. Ces créatures de la nuit possèdent un goût prononcé pour le sang et ne sont évidemment qu'une vision modernisée des vampires...

     Mais leur race dégénère, comme en témoigne la présence d'un kyste révélateur derrière l'oreille, une marque qui suffit à dénoncer leur nature et leur nouvelle vulnérabilité. Dufaux réutilise ici le thème de la malédiction héréditaire, qu'il a déjà exploité ailleurs, par exemple dans Sang de Lune.

     L'intrigue, qui n'est pas vraiment originale et qui utilise même des recettes éprouvées, met en scène l'affrontement vengeur des derniers descendants de cette race qui se meure, sous la forme d'une enquête policière.

     L'atmosphère qui règne est particulièrement trouble, faite de crimes sanglants, de relations sado-masochistes et d'homosexualité... Cette complaisance envers les situations glauques agacera sans doute certains lecteurs, d'autant qu'on peut y voir une confusion entre homosexualité et perversion.

     Mais Dufaux sait y faire, et comme dans d'autres séries – Ombres par exemple – il montre une parfaite maîtrise des thèmes fantastiques classiques. Dans ce deuxième tome, il dévoile en particulier une partie de l'histoire des Rapaces, en remontant jusqu'à l'Espagne inquisitoriale.

     Finalement, force est de reconnaître que l'album dégage une impression de puissance, en grande partie grâce à l'élégance du dessin de Marini, qui transforme un album qui pourrait être malsain en une sorte d'opéra baroque et sombrement romantique, baigné de teintes crépusculaires. Les silhouettes de ses Rapaces gainés de cuir moulant semblent danser et planer au-dessus de leur proie, comme en témoigne la couverture très suggestive.

     Ce deuxième tome a donc tout pour séduire les amateurs d'histoires de vampires, mêlant sexe et sang, amour et violence, fantasmes et gore...