Avant toute chose, précisons que les « méchas », figures incontournables de la pop-culture nippone, sont des armures de combat de différentes tailles, souvent à l'échelle d'un immeuble, pilotées par des humains. Ces engins, héritiers « technologiques » de Godzilla, ont généralement pour but de préserver Tokyo d'un envahisseur étranger, et d'empêcher la destruction de la ville (il y aurait beaucoup à dire sur le thème d'un point de vue sociologique, mais cela n'est pas le propos). En France, le plus célèbre représentant des méchas est Grendizer, alias Goldorak. Les années quatre-vingt dix virent l'apparition d'une œuvre qui révolutionna le genre par une approche plus réaliste, mais aussi plus mystique avec la série animée Neon Genesis Evangelion 1 où les méchas étaient organiques, pilotés par des enfants, et affrontaient d'étranges créatures aux motivations mystérieuses. L'anime laissait libre court à toutes les interprétations sans jamais donner de réelle réponse, tout en recyclant un background chrétien évocateur. 2
Tout cela pour dire que Kurogane No Linebarrels s'inscrit dans cette tradition. Autant vous le dire : le manga s'inspire largement de Neon Genesis Evangelion. Même s'il n'est pas le premier à le faire, il souffre beaucoup de la comparaison avec son illustre aîné, bien plus mature dans ses thématiques et sa narration. En effet : Kurogane No Linebarrels n'est pas déplaisant à lire, mais reste d'une facture très classique pour le genre ; et malheureusement, ses éléments les plus originaux (méchas pilotés par des enfants, allusions religieuses, le terme « macchina » faisant bien sûr référence à « deux ex machina », des machines adoptant une attitude protectrice envers leur pilote...) sont tous « empruntés » à Neon Genesis Evangelion. Sur la forme, l'auteur essaye également de créer l'événement en installant une ambiance dramatique, mais ses climax tombent bien souvent à plat, et on est loin d'atteindre le niveau d'intensité du modèle.
Vous l'aurez compris, Kurogane No Linebarrels est une œuvre sous influence, à l'image du Bokurano publié chez Asuka. Son principal défaut est de s'adresser à un lectorat fan de méchas qui, inévitablement, aura déjà vu NGE. Et précisément, il lui sera difficlie de ne pas éprouver un sentiment de déjà-vu.
Notes :
1. J'en profite pour préciser que la série animée n'est pas listée dans les adaptations car, en réalité, Neon Genesis Evangelion n'est pas l'adaptation d'un manga. Fait assez rare : le manga est tiré de la série animée.
2. Petit aparté : j'ai toujours considéré que ces créatures, des « anges », tel qu'elles sont nommées, sont envoyées sur Terre par Dieu pour provoquer l'Apocalypse, et que des anges déchus, les « Évas », se sont rangés du côté des humains pour empêcher la fin du monde. Cette interprétation est sûrement fausse, mais elle me plait. Notez que le coffret de l'intégrale a récemment été mis en vente en kiosque par Déclic Images pour un prix modique.
Florent M. 20/01/2010
|