Voilà déjà le cinquième album nous contant la lutte entre le vampire Kergan et Vincent Rougemont, l'héritier d'une ancienne famille qui a traqué ce même vampire au fil des siècles. La majeure partie de l'action se déroule dans le Paris des années 30, dans une ambiance nostalgique de polar fantastique, où l'on suit les enquêtes parallèles de Vincent et du commissaire Durieux — à qui Jean Gabin a prêté sa fameuse gueule. De nombreux flashes back éclairent le passé parfois lointain des protagonistes, tandis que des intrigues amoureuses ou psychanalytiques (par exemple, Vincent a été inconsciemment accusé par sa mère d'avoir causé la mort de son jumeau in utero...) agrémentent l'ensemble.
Pour cette superbe variation sur le mythe du vampire, Swolfs a fait le choix d'un impeccable classicisme, avec une adaptation dont l'atmosphère est très proche du mythique Dracula, même s'il a volontairement pris pour héros un autre vampire, probablement pour plus de liberté. Cette série est sans doute la plus belle des évocations classiques du vampirisme — pour une version plus moderne, on pourra lire, par exemple, Rapaces, de Dufaux et Marini, chez Dargaud — , et l'on comprend sans peine pourquoi elle a obtenu le prix de la meilleure série au festival d'Illzach en 1999.
Ce nouvel album se contente d'illustrer un épisode de la lutte éternelle, sans beaucoup de révélations supplémentaires. L'atmosphère est toujours tendue et oppressante, mais le malaise est accentué par l'évocation — qui demeure pudique et sans voyeurisme aucun — de la violence envers des enfants, à des degrés divers dont la pédophilie.
Le dessin de Swolfs est tout simplement magnifique, d'un réalisme saisissant et d'une élégance rare.
En somme, Le prince de la nuit est une série indispensable à tous les amateurs de vampires ! Et qui ne l'est pas ?
Pascal Patoz nooSFere
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