Stanislas, fils d'un couple de magiciens assassinés, est enrôlé dans l'armée du seigneur local. Il devient fossoyeur, chargé de mettre en terre les victimes des combats. Sullivan, qui dépouille les cadavres, le prend sous son aile. Quand Stanislas tue un soldat dans une rixe, Sullivan lui révèle qu'il est magicien et ramène le garçon à la taille d'une souris pour le soustraire aux recherches.
Le Félon s'ouvre plusieurs mois avant. Sullivan a rejoint Brunehaut et d'une formule, redonne leur taille normale à deux coffres qu'il a maintenus en réduction pour les transporter en toute discrétion. Dans sa chambre, Enimia, usant de son don d'ubiquité, le rejoint. Elle est enceinte de ses œuvres et le presse de se libérer du sceau de Brunehaut, gravé dans sa chair. Celle-ci est une mercenaire au service du seigneur Galehaut. La position de ce dernier devient critique. Il perd nombre de batailles et ses fidèles commencent à se rebeller. Le magicien cartographe qui le renseigne sur les positions et mouvements ennemis, se meurt. Pour récupérer son pouvoir et surtout les mots, il faut un Magus, un magicien qui a le don de se faire le réceptacle des sortilèges des sorciers mourants. Avec l'accord de Brunehaut, Sullivan se lance sur la piste d'un tel sorcier. Or, Stanislas, dans une crise, s'est découvert ce don... et Sullivan n'était pas là, par hasard !
François Debos et Cyrus partent du principe que la magie est contenue dans des mots et se transmet dans une lignée. L'activité de fossoyeur, un autre point de départ du scénario, a été apportée par Cyrus, dont le grand-père a exercé cette charge pendant le début de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont souhaité, également : « ...prendre le contre-pied de la fantasy classique où les magiciens ont des pouvoirs exceptionnels, sont visibles, flamboyants. Nos magiciens restent plutôt dans l'ombre. Ils utilisent leurs pouvoirs à des fins individuelles, personnelles. » Pour décors à ces différents éléments, ils inventent un cadre médiéval proche de celui qui figure dans les livres d'Histoire.
S'appuyant sur ces idées maîtresses, ils conçoivent un monde cohérent (Il faut cependant accepter le principe d'une certaine magie !) où les différentes phases de l'intrigue s'imbriquent avec bonheur.
Le tome un était déjà surprenant, le tome deux l'est encore plus avec l'usage des capacités des magiciens et leurs aspects innovants. Les auteurs élaborent une galerie de personnages, tous plus attrayants les uns que les autres, que ce soient les « bons » qui n'ont rien d'angélique ou les « méchants » qui ont cependant une fibre humaine. Tous travaillent à survivre et à satisfaire leurs motivations personnelles. On peut se demander, à la fin de l'album, ce que deviennent certains personnages comme Enimia. Une large part du récit, où Stanislas est réduit à la taille d'une souris, ses confrontations avec les animaux en liberté à l'époque, rappelle L'Homme qui rétrécit.
Annabel, dans un style classique, donne à l'histoire une dimension particulière par un dessin réaliste, campé dans le réel. Si elle soigne ses décors, bien que certains soient un peu trop « proprets » par rapport à la situation décrite, ce sont les personnages qu'elle fait vivre de façon magnifique, sachant rendre les émotions de ceux-ci par une expression corporelle et des regards à l'intensité remarquables.
Magus, par son imaginaire, par sa construction narrative se rapproche des meilleures séries télévisées.
Serge Perraud nooSFere 24/01/2010
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